Les évènements se précipitent en Irak, l’ONU
et l’OCI (Organisme de Coopération Islamique) s’inquiètent, les États-Unis font
profil bas, la France est quasi-muette. Tel est le résumé des attitudes des uns
et des autres. Alors il faut d’abord faire trois constats. Le premier c’est sur
l’EIIL des djihadistes, forte de 5.000 à 10.000 hommes, qui ont mis en déroute
l’armée irakienne cent fois plus nombreuse. Une telle situation ne peut s’expliquer
que par le soutien sans réserve de la population sunnite, ce que confirment des
témoignages. Le deuxième c’est que les kurdes, pourtant à majorité sunnites
mais rompus à la guerre et voulant leur indépendance, ont bloqué l’EIIL. La
troisième c’est que les États-Unis, si prompts à réagir et à encourager les
rebelles syriens, ne font que mine de montrer les dents avec un symbolique
porte-avion envoyé sur place sans consigne d’intervenir.
Le
silence de la France, comparativement à nos vociférations sur la Syrie, s’explique
par la nécessité d’apprendre des USA la conduite à tenir, or sur ce point il
semble bien que l’on se trouve à un tournant géostratégique qui va désarçonner
notre diplomatie et mettre la France en difficulté… On n’en est pas à une près
me direz-vous. Cela ne fera que quelques mensonges et contorsions de plus… et
puis la cote du Président est si basse qu’il ne risque plus rien.
Expliquons-nous.
Barack Obama a envoyé le porte-avion George H.W. Bush (un
nom tout désigné) dans le golfe Persique. Mais il a aussi et surtout ouvert la
porte à une coopération avec l’Iran pour le règlement de cette extension du
conflit syrien. C’est une information importante, elle va bien au-delà des
incitations médiatiques à l’intervention militaire directe. Elle révèle la
volonté de l’administration américaine d’employer une stratégie de type « lead from behind » (que l’on peut
traduire par : « Engageons les
autres à agir à notre profit ») au Moyen Orient en s’appuyant sur
un allié pour le moins surprenant. Faut-il rappeler que les négociations
sur le nucléaire iranien sont toujours en cours ?
Les USA ont mené eux-mêmes ou presque des
opérations militaires dans de nombreux pays au prix de dépenses somptuaires et
de dizaines de milliers de cercueils de soldats américains. Les objectifs
étaient ceux de puissance et de guerre économique soit pour capter des
richesses minières et énergétiques soit pour empêcher les autres d’en acquérir.
Mais désormais le peuple américain commence à honnir la guerre permanente et
des voix s’élèvent même chez l’allié le plus sûr, le Royaume-Uni.
C’est
ainsi que Nigel Farage, le leader de l’UKIP, déclare : « la leçon n’est pas, comme M. Blair
l’entend, que l’Ouest devrait intervenir en Syrie, encore moins en Irak une
fois de plus. La leçon est que l’Ouest devrait déclarer la fin de l’ère des
interventions militaires à l’étranger ». La percée de l’EIIL pourrait donc
illustrer la décadence d’une politique de puissance s’exprimant par les armes.
Ce terrorisme a pu monter en puissance grâce à la fourniture massive d’armes
aux rebelles syriens par l’Arabie Saoudite, le Qatar et même par les États-Unis, ces derniers l’ayant admis récemment. La France a aussi coopéré et
même reconnu les rebelles comme les représentants de la nouvelle Syrie. Si les
armes n’ont pas été fournies directement, elles ont contribué à
l’affaiblissement de l’Etat syrien, et donc au développement de l’EIIL.
Mais
l’argent reste le nerf de la guerre. La dette étasunienne, continuant son
inexorable ascension, et la reprise économique faiblarde, se situant loin des
espérances, n’arrangent pas les éventuelles velléités guerrières. En fait les
USA n’ont plus les moyens d’être le gendarme du monde et ils l’ont affirmé à de
multiples reprises en implorant leurs partenaires de l’OTAN de respecter un
budget de la Défense supérieur ou égal à 2% du PIB. En fait, tout laisse à
penser que les États-Unis aient modifié leur stratégie en cours de route. Ajoutons
à cela le changement d’attitude de l’Iran sur le plan politique ainsi que le
pivot vers l’Asie. Il est plus simple et moins coûteux de maintenir des foyers
de tension comme en Ukraine.
Il
reste le problème du pétrole qui a motivé d’ailleurs la guerre de Bush en Irak.
L’avancée de l’EIIL pourrait menacer les richesses pétrolières du Kurdistan.
Toutefois il apparaît que les kurdes ne s’en laissent pas compter et doivent
appuyer leur autonomie sur ces richesses. Le reste des richesses pétrolières
irakiennes sont aux mains des chiites au sud. De plus, l’Iran est prêt à
défendre l’Irak où les chiites se mobilisent désormais. Enfin d’ici deux ans
les USA pensent avoir leur autonomie énergétique grâce au gaz de schiste
développé chez eux, en Argentine, en Pologne, etc. Une augmentation du pétrole
n’affecterait que peu les pays fournissant le plus de services et le plus de
biens à forte valeur ajoutée, c’est-à-dire dont le prix dépend le moins du
pétrole.
Les États-Unis peuvent se concentrer sur le sauvetage de l’économie nationale sans
craindre désormais une rupture d’approvisionnement pétrolier, ni une
augmentation du prix du pétrole sur leur économie. Les négociations avec l’Iran
deviennent d’ailleurs plus productives que celles avec les pays du Golfe et les
USA pourraient reconsidérer les alliances de circonstance avec eux et même son
engagement dans le conflit syrien. Il s’agirait d’un virage à 180° qui semble
de plus en plus probable. On voit combien la diplomatie française serait prise
à revers, après avoir été en première ligne pour l’intervention en Syrie, avoir
ouvert ses portes aux capitaux des monarchies du golfe avec le cadeau d’impôts
allégés !
II en est des vassaux comme des
courtisans
On leur dit de péter plus haut que leur
derrière.
Quand ont fait tourner le vent leurs nez
sont empestés !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire