La monnaie fut
longtemps convertible en or. Dans le bas de laine des français, le Napoléon
fleurissait. En 1944, les accords de Bretton Woods avaient mis en place un
système de changes fixes entre les monnaies et l’or ou le dollar, la clé de voûte
du système étant la possibilité de convertir, selon une parité fixe, le
dollar en or (35$ l’once d’or soit 28,439g). Cependant, à partir des
années 1960, ce système butte sur les déficits extérieurs des États-Unis qui
importent plus qu’ils n’exportent et financent la différence par la création
monétaire. Les réserves d’or de la Fed (la banque centrale des États-Unis)
deviennent manifestement insuffisantes pour convertir les dollars en respectant
la parité officielle.
Ces
contradictions conduisent le président Richard Nixon à décider, le 15
août 1971, de suspendre la convertibilité en or du dollar, puis
à décider de le dévaluer à plusieurs reprises. En mars 1973, une nouvelle
crise des changes conduit au flottement généralisé des monnaies : la
plupart des monnaies ont des taux de change « flottants », qui
varient au jour le jour. En 1976, les accords de la Jamaïque entérinent cet
état de fait et l’abandon de toute référence à l’or dans le système monétaire
international.
La dette
des États-Unis, qui est aujourd’hui de 17.500 Mds$, pourrait atteindre
20.000Mds$ à fin 2015 et croit beaucoup plus rapidement que le produit intérieur
brut. Le coût de l‘Obamacare vient encore aggraver le déficit. A long terme, on peut prévoir que l’or
reprendra sa hausse pour des raisons structurelles liées à la dette massive des
pays développés qui ne peut être financée ni par des hausses d’impôt ni par une
croissance encore étique. La seule solution sera alors la dévalorisation des
devises et donc une revalorisation de l’or.
L’observation des mouvements de l’or est d’ailleurs
assez intéressante. L’Allemagne a essayé de rapatrier son or stocké aux États-Unis,
or qu’elle avait mis à l’abri pendant la guerre froide. Pourtant devant le
refus de ceux-ci, l’Allemagne, détentrice de la deuxième plus grande
réserve d’or au monde (3386 tonnes), derrière les États-Unis, a annoncé lundi
qu’elle renonçait au rapatriement de ses réserves placées dans ce pays. L’Allemagne
n’aurait rapatrié que 5 tonnes d’or en 2013, moins de 10% des 84 tonnes prévues.
On en tire deux conclusions, d’une part cet or n’existe plus dans les
coffres et a été revendu, d’autre par la Chancelière ne veut pas ouvrir un
conflit avec ce pays. L’hégémonie allemande sur l’UE se nourrit de l’hégémonie
américaine.
Plus intéressant encore est l’observation des
politiques économiques des différents pays du monde sur ce métal. Si l’on
compare les stocks actuels d’or au PIB, la République libanaise et la Suisse
sont en tête. Viennent ensuite dans l’ordre décroissant l’Eurozone, la Russie,
les USA, l’Afrique du Sud, l’Inde, le Japon, le Royaume-Uni et la Chine (1er tableau). C’est la
situation issue du passé. Mais si l’on s’intéresse aux consommations d’or
depuis les douze mois précédant avril 2014, on trouve les pays asiatiques aux
quatre premières places avec Hong-Kong, UAE, Singapour, Thaïlande (2ème tableau). La dynamique
d’achat d’or, comme la croissance, est désormais en Asie.
On
note que la Chine, malgré un doublement de sa production depuis l’an 2000 qui
passe à plus de 400 tonnes annuelles en 2013, a consommé 1.600 tonnes soit les
trois quarts par importation. Ces 1.600 tonnes annuelles et les 8.500 cumulées
acquises sont à rapprocher des 3.386 tonnes détenues par l’Allemagne. Le marché
se déplacera de l’ouest vers l’est, selon Pékin. On constate déjà l’évolution
de projets à Shanghai et Singapour. La Chine représentait 28% de la demande
d’or en 2013.
L’Asie représente déjà 63% de la consommation d’or
pour la bijouterie, les barres et les pièces, contre 57% en 2010. Après le
record de demande de l’année dernière, à 1177,4 tonnes, Zhang Bingnan,
secrétaire général de l’association, s’attend à un montant similaire en 2014. « La
demande d’or se déplacera de plus en plus vers l’est ces 20 prochaines années,
à moins que des événements extraordinaires ne se produisent », a
déclaré jeudi à la presse la China Gold Association, selon les agences. Autre
fait significatif : le Shanghai Gold Exchange entend coter un contrat en
yuan dès le troisième trimestre 2014 et créer un centre de négoce au cœur du
premier marché d’or au monde. Ce nouveau marché permettra aussi d’accroître
les instruments de placement pour les dépôts en yuans.
On touche là l’épine dorsale des opérations sur
l’or. On entre dans la guerre des monnaies et plus précisément du yuan contre
le dollar. Sans arriver à la convertibilité du yuan en or, ce qui lui permet de
maintenir à son gré un yuan faible pour la compétitivité des entreprises
chinoises, la Chine se débarrasse le plu
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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