Le paradoxe de la bonne gouvernance ou faut-il mourir
idiots, tel est celui de la situation actuelle. Alors que nous vivons une
période de « rigueur », qui n’est qu’un ersatz de l’austérité, nous
constatons que la rigueur est le pressoir que manipule le gouvernement et l’austérité
est le ressenti des pressurisés que nous sommes. Le gouvernement s’est engagé
dans une politique économique à l’allemande en ce qui concerne la dépense
publique avec des promesses de réduction du déficit jamais tenues. On peut même
prédire que l‘objectif d’un déficit public de 3% du PIB n’est ni pour demain ni
même pour après-demain.
Pendant ce temps les États-Unis, le
Japon, la Chine et même la Grande-Bretagne mènent une politique de la dette et
de mise de liquidités sur les marchés pour soutenir leur croissance. Ces trois
économies se portent mieux que la moyenne des pays de l’UE, hors Allemagne, et
les pays émergents continuent dans l’ensemble à émerger et à creuser leur dette.
Le Japon est bien plus endetté que nous et nos économistes traitent son
gouvernement de fou. Alors que doit-on en penser au vu des résultats ? N’y-a-t-il
pas là un paradoxe ? Qui a raison entre ceux qui crient à la catastrophe
de la pyramide de Ponzi, pyramide reposant sur la pointe, pyramide de liquidités
ou monnaie de singe qui n’a plus de valeur totalement convertible, et ceux qui
les déversent en continu ? Qui a raison entre ceux qui laissent exploser
leur endettement, jouent la croissance et ceux qui prônent la rigueur
budgétaire, courent après la croissance et pressurent le peuple ?
En toutes choses pour comprendre il
faut faire un retour sur l’histoire. Voilà ce que l’on lisait dans le « Journal
des Finances » le 7 juillet 1933 après la Conférence de Londres : « Les positions à Londres sont nettement
marquées. Trois Puissances jouent, à des titres différents, un rôle de premier
plan : les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne. La France défend
la saine monnaie, la monnaie stable ; elle combat les aventures de la
monnaie dirigée, les fantaisies des amateurs improvisés financiers, plus
exactement le brigandage monétaire. Les États-Unis sont, plus que jamais,
attachés à la monnaie dirigée, à l’avilissement du dollar pour des raisons de
politique intérieure et de flagornerie électorale. Le Président écoute non
point des experts réputés mais des politiciens qui ont fait son élection. »
Le débat ne date donc pas d’hier et
la Chine qui manipule le yuan ne parait pas vouloir changer de politique, ni le
Japon qui s’endette sans vergogne. Le 4 juin 1963 J.F Kennedy a émis l’ordre
exécutif 11110 qui rendait impuissant le système de Réserve Fédérale. Le 12 novembre
1963, il a énoncé un péril national : « Le bureau présidentiel a été utilisé pour mettre sur pied un complot
d'anéantissement de la liberté du peuple américain, ... Je me réfère ici à
l'importance d'informer largement le public et à la nécessité de refuser la politique
officielle du secret. Le simple mot de secret est inacceptable dans une société
libre et ouverte... ». 10 jours plus tard, il était assassiné. Son
ordre monétaire fut enterré par L.B. Johnson. Le 15 août 1971, Richard Nixon
autorisa le dollar américain à flotter. Ceci venait donner une nouvelle
puissance aux États-Unis. Après les accords de Bretton Woods en 1944, organisant
le système monétaire mondial autour du dollar américain, la convertibilité du
dollar en or était abolie. Le libre cours à l’endettement était lancé.
Force est de constater que la France s’écarte
de plus en plus de la réussite économique et que l’étau de l’austérité ne lui
donne pas un nouvel élan. Faut-il pour autant mettre la politique de rigueur
budgétaire au panier ? La réponse est cruelle. Si l’on veut aller vers le
bien du peuple, il faut l’abandonner. Le système dans lequel la mondialisation
nous propulse est fou, certes. Mais il devient de plus en plus évident que la
dette mondiale s’enfle de plus en plus démesurément et que ce sont les pays qui
s’endettent qui en profitent le plus. A partir du moment où l’on est dans une
course folle et que chacun sait que la dette ne sera jamais remboursée, on peut
se poser la question de savoir s’il ne faut pas courir avec les loups et même
essayer d’aller plus vite qu’eux.
La catastrophe est-elle si effroyable
puisqu’elle touchera la planète entière et qu’il faudra bien trouver des
solutions ? En admettant l’austérité à l’allemande, pour laquelle notre
économie est en plus mal adaptée, ne sommes-nous pas les idiots utiles pendant
que les pays leaders de l’économie mondiale s’engraissent sur notre dos ? 50%
des entreprises du CAC40 ont des capitaux étrangers et parmi ceux-ci la plus
grande part est américaine. L’arrivée possible de GE dans le capital d’Alstom
ne fait qu’illustrer la tendance… Ils ont l’argent de singe, eux.
C’est tout le paradoxe de la
politique folle des États-Unis et du Japon entre autres, la date de la catastrophe
n’est pas connue et, si catastrophe il y a, elle sera mondiale, mais ceux qui
auront engrangé d’ici là des ressources réinvesties dans des biens tangibles,
immobiliers, industriels ou autres, s’en tireront mieux que les autres. Ceux-là
ce sont la horde de loups qui appauvrissent les tenants de l’austérité et jouent
l’endettement. N’oublions que la folie n’est pas loin du génie. Il faut parfois
savoir juger de l’opportunité par rapport au dogme. Les dogmes méritent
toujours d’être remis en cause et il est temps au moins de se reposer des
questions quand l’échec même relatif s’amplifie.
Le chemin de la vérité est celui du paradoxe :
Pour l'éprouver, il faut la contempler sur la corde raide.
Quand la vérité devient acrobate, nous pouvons la juger.
Oscar Wilde
Claude
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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