Quant au déficit public, il a été réduit à 3% du PIB
dans l’Euroland, contre 4% aux États-Unis. Que l’on s’en souvienne :
l’euro devait assurer la prospérité du continent, la croissance et le
plein-emploi pour tous. Cela était écrit dans son acte de baptême. On voit ce
qu’il en est advenu en Grèce, au Portugal, en Italie, en Espagne et même en France
où Manuel Valls, Michel Sapin et Arnaud Montebourg crient ensemble à la baisse
de l’euro. C’est bien l’aveu que l’acte de baptême n’a pas réalisé ses
prédictions…
En avril Le Monde
commentait les propos de Mario Draghi en
marge d’une réunion du Fonds Monétaire International à Washington : «Un renchérissement du
taux de change [de l’euro] nécessiterait davantage de stimulation monétaire, a
dit M. Draghi. Le propos tranche avec la prudence habituelle de la BCE en
matière de taux de change. Il laisse clairement entendre que la vigueur de
l’euro fragilise la croissance. Il faut donc que l’euro soit moins fort. Pour
cela, M. Draghi dit qu’il se tient prêt à mener une politique monétaire plus
accommodante […] Il s’agit d’injecter plus de liquidités dans l’économie,
notamment pour compenser l’impact négatif de l’austérité budgétaire sur
l’activité ».
Il n’en fallait pas plus pour que le quatorze avril, le tout nouveau
ministre des finances, Michel Sapin, s’exprime devant les médias pour dénoncer
un « Euro fort, trop fort, anormalement fort qui est une gêne pour
l’ensemble des pays européens et particulièrement pour la France ». Le seize avril, ce fut au
tour de l’inénarrable ministre de l’économie, Arnaud Montebourg, d’éclairer les
médias de ses lanternes monétaires :
« L'Union européenne doit changer de
politique monétaire pour soutenir les pays qui, comme la France, ont entrepris
un effort de rétablissement de leurs comptes publics (…) La Banque centrale
européenne [doit] agir pour faire baisser l'euro (…) La France souhaite une
réunion "rapide" avec ses partenaires européens pour discuter de la
question de l'euro trop cher ». Pour
Arnaud Montebourg : « l'euro fort sape les efforts de
redressement de la compétitivité des entreprises françaises ». Dans sa
lettre du vingt-huit avril, aux députés socialistes appelés à soutenir le pacte
de responsabilité, Manuel Valls a écrit :
« Les économies
réalisées peuvent peser à court terme sur l’activité. J’en suis conscient.
Elles doivent donc être accompagnées par une politique monétaire plus active et
une politique de change plus réaliste au niveau européen. Le niveau de l’euro
est trop élevé. Ce sera la démarche du chef de l’Etat dans les
négociations qui suivront le renouvellement du parlement européen ».
Ces arguments répétés en boucle et de façon concomitantes ne
peuvent que déclencher une certaine méfiance, tant nos politiques nous ont
raconté de sornettes, particulièrement en économie. On peut relire le Petit
livre du mensonge en politique du psychologue social Thomas Guénolé : « En
agissant comme une escadrille de bombardiers armés des mêmes éléments de
langage, une petite équipe de personnalités politiques peut à la longue faire
passer un mensonge pur et simple pour une vérité dans le débat public, en
l’assénant en boucle, encore et encore ».
Ceci est vrai pour le réchauffement climatique et les énergies vertes
comme pour la monnaie. C’est donc au nom de cette méfiance que l’on peut faire
certaines constatations. D’abord la valeur du mark est passée de 1,23 FRF, en 1963,
à 3,38 FRF en 2002 et, sur cette vitesse historique il serait d’environ 4,7FRF
aujourd’hui si le Franc avait été conservé. On commence à percevoir que l’euro-franc
et l’euro-mark n’évoluent pas à la même vitesse et donc que l’euro peut être
trop fort pour la France et pas assez pour l’Allemagne.
D’autre part qu’est-ce
qui définit la valeur d’une monnaie ? D’un point de vue macroéconomique,
ce sont principalement : le taux directeur de la banque centrale, le
niveau de la dette publique, le budget de l’Etat et la balance du commerce
extérieur. En 2013, le déficit commercial des Etats-Unis,
s’est élevé à 680 milliards de dollars, soit 4,1% du PIB. En 2014, il devrait
se situer aux alentours de 3,7% du PIB. La même année 2013, la zone
euro enregistrait un excédent commercial record de 153,8 milliards d'euros
(dû essentiellement à L’Allemagne), deux fois plus qu'en 2012. Quant au déficit
public, il a été réduit à 3% du PIB dans l’Euroland, contre 4% aux États-Unis.
Cela suffit à expliquer la hausse de l’euro par rapport au dollar. Le problème français n’est-il
pas ailleurs ou alors pourquoi en est-il ainsi ? Nous en parlerons
dans le prochain article.
L’euro est-il trop fort ou les politiciens trop
faibles ?
That is the question !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF
du Languedoc-Roussillon
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