Tout pays en difficulté doit devenir la
proie d’un système hégémonique qui assujettit les peuples à la loi de l’argent
et à la liberté surveillée. Nul ne peut ignorer que l’OTAN et le FMI sont aux
ordres des USA. Ces derniers intensifient d’autre part les embargos et les
sanctions financières, comme celles sur les banques, PNB et probablement Crédit
Agricole à suivre. La dette des USA de 1580 milliards de dollars les pousse à
défendre la monnaie et à rechercher les moyens de réduire le déficit public. Il
est question par exemple d’imposer des droits de succession à tous les titres
en dollars pris par des américains dans des banques étrangères. Du coup les
banques suisses déconseillent ces titres à leurs clients.
Défense
du dollar et appauvrissement des Etats faibles deviennent des armes communément
utilisées ainsi que les embargos sur l’Iran et tous les pays récalcitrants. La
présence américaine au plus près du bloc Russie, Chine, Iran, auquel il va
falloir associer l’Inde, se resserre encore avec l’Ukraine. Mais celle-ci n’échappe
pas aux fourches caudines du FMI, bras financier maniant les prêts sous
condition d’obéissance. Le plan d’endettement approuvé au forceps par le
gouvernement non élu à l’issue du mouvement révolutionnaire est une aubaine
pour l’institution FMI et lui permet de renforcer ses recettes capitalistes
dans l’ancienne Union soviétique.
Afin
d’éviter à l’Ukraine de faire défaut sur sa dette, scénario dramatique pour le FMI, celui-ci décide d’envoyer des capitaux afin d’assurer
le remboursement aux créanciers et d’appliquer des politiques d’austérité
illégitimes. Le 27 mars 2014, le FMI annonce l’envoi d’un prêt compris entre 14
et 18 milliards de dollars (10,2 à 13 milliards d’euros), initiative qui
permettra de débloquer d’autres crédits internationaux d’un montant total
d’environ 27 milliards de dollars sur deux ans. Tous ces envois d’argent sont
conditionnés à l’approbation de mesures strictes et pour être sûr que l’Ukraine
se plie à ces conditions, le reste des financements internationaux sont
subordonnés à l’accord avec le FMI, clef de voûte de ce programme ultra
libéral.
Ces
mesures ont finalement été adoptées à une faible majorité de 20 voix en
deuxième vote après d’âpres négociations. Il est notable que, non seulement, le
FMI a mis des conditions très sévères d’austérité mais a subordonné à son accord les aides
des autres instances ou pays, BCE, Etats-Unis, Japon, Banque Européenne de
Développement, Banque mondiale. Pour justifier l’application de mesures à
l’opposé des revendications du mouvement EuroMaïden, Arseni Iatseniouk, premier
ministre du gouvernement intérimaire issu de la rébellion qui a renversé le
président Viktor Ianoukovitch en février, annonce qu’aucune autre solution
n’est envisageable : « Nous n’avons pas le choix : soit ces
mesures sont prises, soit l’Ukraine sera en faillite ».
Conditionné
à un paquet de mesures ultra libérales, le prêt du FMI est intervenu quelques
semaines avant les premières élections présidentielles au sortir du mouvement
insurrectionnel ukrainien. Quel qu’ait été l’issue du scrutin du 25 mai, le nouveau
gouvernement sorti des urnes devra s’accommoder de ce cadeau empoisonné. Il
sera chargé d’appliquer les mesures d’austérité drastiques conclues entre le
gouvernement précédent, transitoire et non élu, et le FMI. Le piège du FMI
s’est refermé sur l’Ukraine.
L’Ukraine
augmente fortement le prix du gaz pour la population qui doit désormais
débourser 40 % de plus. D’ici le 1er mai 2016 et le 1er mai 2017 de
nouvelles hausses de chaque fois 20 % sont prévues. Mais ce n’est pas
tout, mesure phare du FMI, les retraites et les salaires des fonctionnaires
sont gelés, 24 000 postes de fonctionnaires doivent être supprimés, soit 10%
des effectifs des ministères. De plus, le taux de change devra être libéralisé,
afin de laisser flotter la devise ukrainienne, le hryvnia.
Les
montants astronomiques envoyés à Kiev ne resteront pas longtemps dans les
caisses de l’État. Et, contrairement aux médias dominants, on ne peut parler
« d’aide apportée par le FMI à l’Ukraine » puisqu’il s’agit en fait
d’une aide du FMI aux créanciers. Ainsi, rien qu’en 2014, ce ne sont pas moins
de 10 milliards de dollars (7,3 milliards d’euros arrivant à échéance) qui
quitteront l’Ukraine pour retourner dans les poches des créanciers et 3,7
milliards qui retourneront au FMI pour remboursement des prêts antérieurs.
Pour
être bien certain que le gouvernement transitoire applique les diktats du FMI,
celui-ci attendra l’application effective des différentes étapes de cette
feuille de route pour verser ses successives tranches du prêt. En somme, le
nouveau gouvernement de Petro Porochenko, sorti des urnes le 25 mai, devra
appliquer les politiques décidées auparavant par le FMI et le gouvernement
transitoire sous peine de rupture de versements, comme par le passé. On ne
cesse de nous dire que l’Europe et les États-Unis veulent aider l’Ukraine à
« rétablir la démocratie ». Mais nous dit-on à quel prix ?
La
Bosnie, la Serbie, la Croatie, victimes d’énormes inondations printanières et
économiquement faibles, vont être traitées de la même façon. Comment peut-on
alors espérer que ces pays disposent de leur avenir ? L’Ukraine devra
entrer dans l’UE car telle est la volonté de l’oligarchie hégémonique et notre
pays, derrière l’Allemagne, y est associé mais il doit savoir ce qui l’attend
en cas de faiblesse ou de rébellion. Les armes sont connues et seul un autre
bloc peut espérer y échapper. C’est tout l’enjeu à odeur de soufre qui se joue
désormais. Le cas des récalcitrants ukrainiens russophones ne sera réglé que
lorsque ceux-ci auront abdiqué leur volonté de choisir leur destin ou que la
Russie elle-même sera vassalisée… ou que le feu se sera étendu au monde entier.
« Les
guerres ne pourront disparaître qu’avec la suppression des causes qui les font
naître :
Haine
entre les races, besoin d’hégémonie des peuples forts, rivalités économiques,
etc.
La
science devra donc d’abord découvrir un moyen de transformer complètement
La
nature de l’homme. »
Les incertitudes de l’heure présente
Gustave Le Bon
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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