samedi 21 juin 2014

Alstom phagocyté par GE, SNCF restructurée, intermittents en grève



Des évènements importants se succèdent et font la une des médias même si l’attention des électeurs est détournée par les exploits du football français au mondial. La gêne dans les transports, l’inquiétude des salariés d’Alstom et des organisateurs de spectacle sortent beaucoup d’entre eux d’une euphorie passagère. Il faut ajouter à cela la prochaine réunion à Bruxelles où la France doit faire accepter un dépassement du déficit public supérieur à ses engagements précédents tout en s’affirmant solidaire du maintien de l’objectif de celui-ci à 3% du PIB. La tactique est celle de la corde raide. Faire chorus avec Angela Merkel sur l’intangibilité des objectifs d’austérité… en forçant celle-ci à admettre que le délai d’obtention du 3% est repoussé d’un an chaque année ! La chancelière, qui doit ménager son opinion publique mais qui a besoin de la France, devra se contenter d’une diminution du déficit inférieure aux engagements.

Alstom traverse une phase difficile, son savoir-faire et ses installations industrielles attisent l’appétit de firmes partiellement concurrentes. Elles voient l’occasion de conforter leur emprise sur les marchés et d’éliminer la concurrence. Arnaud Montebourg s’ingénie à transformer une défaite d’une entreprise française du CAC40 en victoire de l’État. Selon lui « C'est une victoire collective pour la France ». La prise de participation de l’État à hauteur de 20%, suppose néanmoins de forcer Bouygues à céder 66% de sa participation au prix du marché boursier, prix aujourd’hui inférieur à la valorisation de ses actions dans sa comptabilité. 

Par ailleurs l’offre de GE remaniée, est moins-disante financièrement, rapportera moins en dividende exceptionnel aux actionnaires d'Alstom et elle ne tient que jusqu’à lundi matin. Martin Bouygues a rencontré Arnaud Montebourg vendredi matin, mais les deux hommes n'ont pas réussi à se mettre d'accord. L’affaire n’est pas bouclée. L'offre commune des concurrents Siemens et Mitsubishi Heavy Industries "s'est heurtée aux règles de la concurrence" édictées par Bruxelles, a expliqué Montebourg, qui a qualifié Bruxelles de "principal obstacle à la création de champions européens". Ce Ministre parle de « vigilance patriotique » dans le projet GE, de grands mots pour cacher la mise sous tutelle américaine malgré la propriété conservée sur les brevets en matière nucléaire et énergies nouvelles et l’actionnaire le plus important mais non majoritaire. 

Tout cela cache mal le premier effet du traité transatlantique, pourtant encore dans les tiroirs de la négociation. Les alliances de ce type sur entreprises en péril ne font que commencer. Mais l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire pousse l’État à la restructuration de la SNCF avec un chapeau sur l’entretien du réseau d’une part et le matériel roulant d’autre part. Il n’est pas sûr que ce montage tienne longtemps vu par Bruxelles. Les concurrents ne disposant que du secteur transport auront tôt fait de dire qu’ils sont en état d’infériorité face à un concurrent disposant des deux leviers rail et matériel roulant. 

Il s’agit pour l’instant de se préparer à lutter contre la concurrence en augmentant la compétitivité. Chacun peut comprendre que le poste salarial, avec les régimes spéciaux de la SNCF, est le secteur privilégié pour améliorer la compétitivité. Les syndicats l’ont compris, l’État avance masqué et exclut toute autre négociation touchant aux salaires et avantages des cheminots. La non-transparence n’est pas digne de la démocratie même si les motivations sont louables. 

Un autre secteur privilégié est celui des intermittents et s’avère très coûteux pour l’État du fait en particulier des abus auquel il donne lieu. Il ne semble pas que de véritables négociations aient été préalablement engagées. Le conflit est inévitable. Il y a d’ailleurs deux poids, deux mesures dans le statut d’intermittent. Il y a d’une part les artistes grassement payés quand ils jouent et qui peuvent se permettre de longues périodes d’interruption d’activité et d’autre part les artistes et les techniciens rémunérations plus faibles qui se retrouvent vite dans des situations précaires. Il serait bon que l’État, avant de légiférer, prenne le temps d’en tenir compte. 

La politique de gribouille au jour le jour, 

La précipitation et le manque de vision 

Sont les maux d’un État faible 

A la confiance évanouie ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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