La phrase du jour c’est incontestablement celle de François
Hollande : "S'il y a un
reproche qui m'est apparu totalement inapproprié, c'est celui de ma prétendue
indécision". Il lui serait salutaire de faire un voyage à Delphes,
d’autant plus que les Grecs lui doivent un plaidoyer pour leur plan de
sauvetage. Il pourrait lire sur le fronton du temple d’Apollon une définition
de la sagesse selon Socrate : « Connais-toi toi-même ». Cela lui
éviterait des satisfécits aveuglants.
Par ailleurs le communiqué du parti
socialiste fustigeant la Chancelière allemande, est d’une bêtise difficilement
égalable. Il ne fait malheureusement que mettre en lumière ce qui se dit tout
bas dans les rangs de ceux qui gouvernent. Il est à la hauteur du mépris
affiché par le Président pour l’engagement pris par la France de ramener le
déficit budgétaire à 3% du PIB en 2013. Celui-ci sera reçu comme un camouflet à
la politique allemande et viendra s’ajouter à celui prodigué à la Chancelière
par des propos insultants.
Quand un pays ne respecte pas les traités
qu’il a signé, il perd de la crédibilité. Quelque soient les bonnes raisons de
viser un PIB à 3,7%, on ne peut procéder ainsi vis-à-vis de notre partenaire.
Arguer d’une réorientation politique vers la relance économique au prix d’un
déficit supplémentaire, cache bien mal le fait que l’on n’a pas eu le courage
de diminuer suffisamment les dépenses de l’Etat et des collectivités
territoriales. C’est pourtant ainsi que la politique française sera jugée par
la Chancelière. Le fait que l’Espagne veut s’engouffrer dans la brèche ainsi
ouverte dans l’austérité ne peut que mécontenter un peu plus celle-ci.
L’austérité avec une pression fiscale accrue,
donc des recettes (escomptées !) plus importantes ne peut mener qu’à une
diminution de la croissance. Or les prévisions pour 2013 vont s’avérer encore
trop optimistes selon nombre d’observateurs, dont le FMI qui prévoit une récession
à 0,1%, prévision qu’il revoit régulièrement à la baisse. La prévision du recul
du chômage à fin 2013 est tout aussi illusoire. La France, au contraire de
l’Allemagne, a 60% de son commerce extérieur dirigé vers l’Europe. Or cette
dernière est en stagnation de croissance contrairement aux autres continents.
De plus notre consommation des ménages est en
baisse et les français commencent à tirer sur leur épargne. Il n’y a donc rien
à attendre de ce côté-là, côté qui était pourtant la bouée de sauvetage de
notre économie. Pour 2014 l’arrivée de l’augmentation de la TVA aura un effet
négatif sur cette consommation. Du côté des entreprises, leurs marges sont au
plus bas, les perspectives de marchés sont faibles sauf pour les grands groupes
qui exportent hors Europe, la compétitivité perd du terrain avec notre record
sur la fiscalité des entreprises, les investissements sont retardés et les
banques restreignent leurs crédits par peur du risque. On voit mal comment la
banque d’investissement peut servir à quelque chose de tangible sur des
entreprises exsangues et sans perspective de marchés.
Depuis 2003 l’Allemagne mène une politique de
baisse des coûts de production et d’orientation de son commerce à l’exportation
hors Europe. Elle s’appuie sur ses pays satellites où les coûts salariaux sont
plus faibles. Elle a donc conquis des parts de marché que nous avons perdues.
Elle peut se permettre désormais d’assurer son avenir en envisageant de
diminuer sa dette pour alléger l’impact sur les générations futures en prévision
d’une démographie moins favorable et un vieillissement de la population.
L’austérité convient à l’Allemagne et c’est
le pays fort qui maintient l’euro qui n’est en fait qu’un euromark. Elle a
supporté un euro à 1,45$ alors que nous aimerions un euro à moins de 1,15$, sa
parité initiale. Elle a de bonnes raisons de s’entêter sur la politique
d’austérité et sur le maintien de la zone euro qui lui rapporte 3% de PIB par
an. Elle ne peut d’ailleurs faire autrement et elle n’acceptera pas le
fédéralisme budgétaire que la France pousse en avant compte-tenu des
difficultés des pays de l’Europe du sud.
Rien que pour l’Espagne, la Grèce, l’Italie
et le Portugal, les transferts nécessaires à la remise à niveau de ces
économies par rapport à l’Allemagne et la France représenteraient entre 245 et
260 milliards d’euros, soit entre 8 et 10 points de PIB par an et ce pour au
moins dix ans. L’Allemagne ne peut l’envisager. C’est pourquoi elle ne peut
qu’accepter une zone euro restreinte où imposer une participation de plus en
plus importante des pays en difficulté à la résolution de leurs propres problèmes.
Il est inutile et discourtois d’accuser
l’Allemagne d’égoïsme. Reconnaissons qu’elle a été plus prévoyante que nous et
battons notre coulpe. Ceci étant, les recettes d’austérité, de relance ou d’
« austérelance » ne peuvent nous sortir de l’impasse dans laquelle
nous sommes. Il nous faut un levier fort supplémentaire, la monnaie, comme il
le faudrait pour tous les pays en difficulté. Comme cela a été fait en Suède, cela
doit évidemment s’accompagner d’une réduction drastique des dépenses de
fonctionnement de l’Etat et des collectivités locales au profit de dépenses
d’investissement sur les infrastructures, la recherche et l’innovation ainsi que
d’un allégement de la pression fiscale surtout sur les entreprises petites et
moyennes.
La France est comme un navire sans gouvernail et sans boussole
Naviguant au gré des vents germains et outre-Atlantique.
Son capitaine à l’inexpérience de la jeunesse
Et l’entêtement d’un vieillard sourd,
Aveugle et menteur de surcroît !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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