Pendant
que nous nous réveillons chaque jour au son des chocs, choc de la moralisation,
choc de la transparence, la zone euro doit encore se pencher sur le cas de
Chypre. Chypre était soi-disant sauvée, la Grèce aussi, on pouvait repartir
confiants sur la solidité de l’euro. Mario Draghi, patron de la BCE, n’avait-il
pas dit qu’il ferait tout pour sauver Chypre et l’euro par la même occasion ?
Le plan de sauvetage était de 17,5 milliards, répartis en 9 milliards de l’UE,
1 milliard du FMI et le reste, soit 7,5 milliards, apporté par Chypre.
Non, tout n’est pas réglé et les chypriotes vont devoir
rallonger la sauce, comme disent les cuistots. Le porte-parole de ce
gouvernement, Christos Stylianides, vient de déclarer ceci : « C'est un fait, le mémorandum de novembre parlait
d'environ 17,5 milliards de financements nécessaires. Ce chiffre est désormais
de 23 milliards d'euros ». Ceci porte la contribution chypriote à 13 milliards
soit 73% d’augmentation !
La majeure partie de la part à charge
de Chypre viendra de la restructuration des banques comprenant une ponction
imposée à certains déposants, et le reste, de privatisations, de la vente de
réserves d'or excédentaires et de réformes douloureuses dont une hausse des
impôts et une baisse du nombre de fonctionnaires. Il est également prévu des
augmentations d'impôts pour 600 millions d'euros et la vente de réserves d'or
excédentaires pour 400 millions.
Ce vendredi les ministres des
finances de la zone euro en discutent à Dublin. Nul doute que Chypre demandera
une rallonge. L’Allemagne avait déjà fait savoir qu’elle n’irait pas plus loin
dans l’aide à Chypre, comme elle l’a fait pour la Grèce. La solidarité
européenne a désormais trouvé ses limites et les discussions seront de plus en
plus âpres d’autant que le Portugal se trouve aussi en difficulté avec son plan
d’austérité. La Cour constitutionnelle a invalidé plusieurs mesures d'austérité
inscrites au budget 2013. Cette décision prive le gouvernement d'économies
évaluées à 1,3 milliard d'euros, et compromet son engagement de ramener le
déficit à 5,5% d'ici fin 2013.
Petit à petit l’euroscepticisme
progresse même en Allemagne. Les milieux politiques en partie, économiques et
médiatiques restent attachés à l’euro. Cette attitude n’est pas étrangère au
bénéfice qu’en tire ce pays, bénéfice que l’on peut évaluer à environ 3% de son
PIB. Par contre la population n’en voit guère les retombées. Depuis 2000, le revenu réel des
Allemands avait stagné (après impôts) alors que le revenu des grands patrons du
DAX (équivalent de notre CAC 40 ou du RTS russe) avaient doublé en termes
réels.
La vision
romantique, que beaucoup d’entre nous ont sur l’Europe et l’euro, est essentiellement française et n’est pas partagée par
nos voisins allemands. Le choix de l’euro pour les pays du nord est un choix
totalement pragmatique et se plie à l’évolution de la réalité. N’oublions pas
que sur les 27 pays de l’UE, 10 n’ont pas choisi l’euro et pas des moindres, Royaume-Uni,
Suède, Danemark… Personne ne peut donc ignorer que l’on peut très bien vivre
sans l’euro, la Suède est même citée comme exemple de réussite. Pour ce qui est
du Royaume-Uni, je me souviens de cette phrase du président de la Lloyds, emblématique
assureur : « Le jour où l’euro montrera qu’il est intéressant pour
nous, nous n’hésiterons pas ». Apparemment ce n’est pas pour demain.
Nous sommes en plein vertige,
nous croyons toujours au miroir aux alouettes. Nous ne nous sentons visiblement
pas européens mais nous croyons à l’Europe tout en tenant fermement à notre
envie de patrie. Pendant ce temps l’UE rogne les pouvoirs souverains de notre
nation au gré des conseils européens. L’Allemagne campe sur sa constitution,
défendue par la Cour de Karlsruhe, qui interdit toute union autre que celle d’une
confédération d’Etats-nations et elle n’est pas près de changer de position.
Après quoi courons-nous ? Vers un mirage, une
illusion ?
Milton Friedman traitait l’euro d’illusion
technocratique.
Il serait temps de sortir du vertige entretenu de l’euro
Avant que de crise en crise nous devenions chypriotes !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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