Le problème numéro 1 de la France
n’est pas celui de la moralité publique mais bien celui de la compétence de nos
gouvernants. Mazarin fut un excellent ministre des Finances sous le règne de Louis
XIV, c’est ce qu’il a apporté à la France et… à sa cassette personnelle ! Aujourd’hui
on pourrait presque dire qu’entre deux maux il va falloir choisir. D’ailleurs
Jérôme Cahuzac avait une autorité et une compétence parait-il. Si son
successeur est d’une probité exemplaire mais incompétent et faible, la France sera
perdante.
Les deux seraient
souhaitables évidemment mais les tricheurs et les fraudeurs existeront toujours.
L’étalage des patrimoines sur la place publique n’y changera rien. Les valises
diplomatiques et les paradis fiscaux ne sont pas prêts de disparaître. C’est depuis
l’école jusqu’à l’ENA que la probité doit entrer dans la conscience de ceux qui
se destinent à servir leur pays.
Passons donc plutôt aux
choses sérieuses, celles qui vont influencer notre avenir et celui de notre
descendance. Que doit devenir la France dans l’Union Européenne et dans la
mondialisation ? Quelle démocratie veut le peuple de France ? Quelle
Europe veut-il construire ? L’Europe actuelle peut-elle continuer ainsi ?
Autant de questions qui se posent aujourd’hui et bien plus encore demain. Notre
pays voit chaque jour son économie reculer et le beau temps est toujours pour
demain. Le peuple sombre dans la désillusion et le reniement de la classe
politique.
Il est de plus en plus
évident que la France ne peut pas retrouver de la croissance et assainir ses
finances publiques dans le carcan actuel de l’euro. Non seulement l’UE a été
construite sans véritable démocratie définissant ce qu’elle doit être et ses
limites territoriales mais elle n’est le fruit que de la pression allemande
lors de sa réunification. Depuis les politiques économiques et budgétaires des
deux pays ne cessent de s’éloigner.
Rien ne peut être construit
de durable sans la volonté exprimée des peuples. Aucune forme d’Union ne peut
résister à un non-assentiment collectif, et cela d’autant plus que les liens
entre les peuples veulent être forts. L’UE se délite petit à petit dans son
noyau dur, l’eurozone. L’écart entre les santés économiques des pays ne cesse
de s’agrandir en même temps que la solidarité s’affaiblit. L’exemple récent en
est la Grèce où l’on demande à l’épargne privée d’ajouter 37 milliards pour
pouvoir toucher l’aide promise.
Il n’existe que deux
solutions, soit une Europe fédérale, soit une Europe des nations et tous les
efforts dans le temps doivent converger vers l’un de ces buts. La situation
bâtarde actuelle ne peut être que vouée à l’échec. La première solution c’est l’Europe
de Jean Monnet… un seul peuple à terme avec un Parlement, un exécutif européen
et une Banque Centrale alimentant directement l’Etat européen. La seconde c’est
l’Europe de De Gaulle, la mise en commun des intérêts de Nations gardant leur
autonomie. Ce choix ne peut appartenir
qu’aux peuples concernés.
Dans le cas du choix fédéral, c’est un
choix pratiquement sans retour qui demande un consensus très majoritaire et la
disparition des Etats. Son fonctionnement demande une monnaie unique, probablement
à terme une langue unique et un fort sentiment nationaliste européen. Cet
objectif doit être clairement affiché et fédérer les peuples au-delà de tous
les clivages culturels, religieux et historiques. Les limites territoriales et
les conditions d’intégration à remplir doivent être parfaitement définies pour
que la démocratie s’exprime sans tromperie. Rien ne dit que les peuples le veuillent aujourd’hui.
La seconde alternative c’est
l’Europe des Nations. Elle n’exclue pas à terme une évolution vers le
confédéralisme ou le fédéralisme. Elle s’appuie sur le bon sens qui veut que
chacun comprenne que l’union sur les buts à atteindre, librement consentie,
fait la force et que les sujets qui préoccupent les nations sont très proches
les uns des autres. La Défense, l’immigration, le contrat social, la recherche,
l’éducation, autant de sujets sur lesquels on peut converger. Mais rien n’exclut
la politique économique, budgétaire et bancaire. C’est une politique des petits
pas guidée par la volonté des peuples. Le temps fait son œuvre et les réussites
successives sont alors le ferment d’un nationalisme européen indispensable mais
qui depuis Maastricht n’a toujours pas éclot.
La France a un avenir dans le monde grâce à l’Europe
Mais celui qu’elle se forge n’appartient plus à son peuple.
Son fonctionnement bâtard s’englue dans les nationalismes,
Son hypertrophie technocratique et territoriale,
Tuent l’esprit européen et notre pays avec !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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