mercredi 24 avril 2013

Le guldenmark vous connaissez ?

L’austérité va passer un mauvais quart d’heure, avec les beaux jours les cigales commencent à préparer leur sortie. Notre Ministre des Finances veut faire plier une Allemagne qui manie l’austérité comme une rigueur hivernale frigorifiant les cigales que nous sommes. Avec l’embonpoint que nous avons pris depuis un an le corset des 3% de déficit budgétaire 2013 devient trop étroit. Il est temps d’en desserrer les lacets.


Notre Ministre vient de trouver une Espagne toute prête à le desserrer aussi, sentant monter une montée de sève de colère dans une population amaigrie. Aubaine supplémentaire, une pression se fait sentir aux Pays-Bas où le gouvernement veut détendre le climat social. Voilà trois compères auxquels  les Etats-Unis font les yeux doux. Relance est le maître-mot. Faites comme chez nous disent les américains, sauf que nous on ne peut balancer sur l’Europe 85 milliards de dollars tous les mois. Notre planche à billet a été mise sous cocon.


Austérité voilà bien un vilain mot, même si nous l’habillons en « rigueur budgétaire ». Cela nous fait penser un instant que l’austérité ne nous atteindra pas mais restera dans les bureaux de Bercy… un instant seulement ! D’ailleurs vous voyez bien que l’austérité ne marche pas puisque la Grèce ne cesse d’augmenter celle-ci, que l’Espagne et le Portugal ne vont pas bien, et que même nous nous entrons en récession !


Il faut donc jeter l’austérité et ne plus parler que de relance de qui au fait ? Du déficit ? De la croissance ? Des deux mon général car la recette du bonheur c’est de pouvoir dépenser gratis. Holà l’Allemagne, écoutez le doux son des billets tous neufs que l’on froisse. Ils nous éviteront un serrage de ceinture. Quand je dis nous, je ne veux pas parler de l’Etat, mais bien de nos petits budgets personnels. Car l’Etat doit garder son rang… et son embonpoint. La rigueur budgétaire c’était celle de notre budget essentiellement. Ouf, notre Ministre des Finances se fait le chantre de la relance… et du déficit budgétaire adapté à notre convenance.


« La fourmi n’est pas prêteuse » et l’Allemagne campe sur une position rigide « Celui qui casse, paye les pots cassés ». La Grèce, Chypre, l’Irlande cela commence à faire beaucoup dit-elle alors que le Portugal, l’Espagne, l’Italie et même la France ne tiennent pas leurs promesses. Alors il germe des idées nouvelles de l’autre côté du Rhin… et si on se faisait une petite monnaie à nous, bien solide, entre fourmis ?


Cette monnaie commune serait le guldenmark et l’on garderait l’euro pour commercer avec les autres. Tiens, tiens, eux aussi ils pensent à une monnaie commune plus forte qu’une monnaie unique ? Oui et ceci sous-entend que la monnaie unique entre les mains des cigales perdrait immédiatement 20% de sa valeur.


Ne riez pas, l’idée a été reprise et défendue par un puissant parti allemand. Le nouveau parti AFD (Alternative für Deutschland), qui milite dans le sens du guldenmark, est crédité de 25% des intentions de votes. Les Pays-Bas sont intéressés et le mouvement prend de l’ampleur même s’il n’est pas relayé par les médias anglo-saxons.


De toute évidence l’Allemagne doute de la solidité d’un certain nombre de pays européens et redoute de voir sa contribution devenir handicapante si elle doit réorienter son économie un peu plus hors de la zone euro. Dans ce cas la solidarité devient une charge à contrepartie de moins en moins payante. Le concept de monnaie commune est donc de plus en plus une évidence et reste la seule chance de sauver la monnaie européenne.


Les économies des différents pays s’éloignent de plus en plus entre elles et la monnaie unique, non seulement ne les rapproche plus mais les éloigne. Ce concept a raté son objectif qui ne peut être compatible qu’avec une Europe fédérale, elle-même incompatible pour longtemps avec un patchwork de cultures, d’histoires et de langues différentes où les identités nationales restent fortes.


Sous sa forme actuelle l’euro est à l’agonie


Les esprits se sont mis en marche


Pour une nouvelle Europe !



Claude Trouvé

Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon