La crise chypriote, celle
d’un petit pays dont le PIB ne représente que 0,2% de celui de l’Europe, marque
néanmoins un véritable tournant dans la politique européenne de gestion de
crise. Un véritable tournant vient de s’opérer et le tabou de la protection
bancaire offerte aux épargnants vient de tomber. Leur argent n’est plus à
l’abri de prédations de l’Etat. La reculade du gouvernement chypriote destinée
à protéger les petits dépôts ne change rien au ressenti que le citoyen des pays
en difficulté ont pu ressentir.
Mais une autre conséquence
est la décision de contrôle des capitaux, en parfaite contradiction avec le
traité de Lisbonne, prise par Chypre pour éviter une ruée sur les dépôts
bancaires, le bank-run, et la fuite
des capitaux à l’étranger. L’opération a très bien fonctionné et la ruée a été
évitée même si un certain nombre de capitaux de gens, bien informés ou initiés,
ont quitté le pays.
Il a ainsi été démontré
qu’une sortie de l’euro, dont nombreux sont encore ceux qui prédisent une
panique générale, pouvait se faire dans un calme relatif et que même la BCE
avait préconisé à Chypre le contrôle des capitaux. Le sacro-saint principe de
la libre circulation des capitaux a reçu un sacré coup de canif ! Même au
sein du FMI, les esprits évoluent sur ce dernier point.
Ceci vient donner des
arguments à la possibilité de sortie de l’euro, qui se pose désormais pour la
Grèce et pour Chypre, et d’une façon plus générale à l’éclatement de l’euro. Il
est de plus en plus patent que le fossé se creuse de plus en plus entre les
économies au sein de la zone euro qui est le cœur de l’Union Européenne. Il est
aussi de plus en plus évident que l’Allemagne, principal bénéficiaire mais
aussi principal pourvoyeur, est au centre de la cohésion ou de la dislocation
de la zone euro.
Le partage de l’eurozone en
deux zones nord et sud, éventualité débattue en 2010-2011, s’avère difficilement
jouable car la partition est entre zone-mark (Allemagne, Pays-Bas, Autriche,
Finlande), pays à économies compatibles, et les pays du sud dont l’hétérogénéité
est très grande. L’économie espagnole, d’essence financière et immobilière, se
différencie du couple France et Italie à dominante industrielle. De plus l’Italie
voit la force des ses PME-PMI très affaiblie par la politique d’austérité de
Mario Monti.
C’est l’Allemagne qui tient
encore la zone-euro mais elle est prise dans une tenaille de réflexion dont l’issue
peut changer très rapidement vers une sortie ordonnée de ce pays. Ce qui est
sûr c’est que la France perd chaque jour du terrain sur sa partenaire. La croissance
de l’Allemagne se fait sur le dos des pays européens pour 60% de son commerce
alors que pour la France l’essentiel se fait hors zone euro et hors Europe.
Elle est de plus le principal client de l’Allemagne. Les deux économies ne
marchent pas du même pas. Le commerce extérieur allemand est très bénéficiaire
et le français très déficitaire.
La divergence des économies
atteint de plus en plus les pays faibles et l’Allemagne se trouve de plus en
plus sollicitée pour un effort de solidarité. Angela Merkel vient d’y mettre un
coup d’arrêt en prônant désormais la participation des dépôts privés du pays
concerné en cas de manquement de leur Etat dans le cas de la crise chypriote.
De toute évidence le débat ne fera que rebondir en Allemagne et celle-ci, face
à son problème démographique, doit engranger au plus vite pour gérer l’avenir. Les
discussions sur le sauvetage des pays en difficulté feront de plus en plus
peser la balance pour une fin de l’eurozone actuelle.
Le trio Allemagne, France,
euro est incompatible. Cette évidence est refusée par la majorité des
politiques français, même si les idées évoluent un peu. Ils maintiennent l’opinion
publique dans l’affolement d’une sortie de l’euro au lieu d’y préparer lentement
celle-ci. Les extrêmes qui défendent cette position font peur et ne font qu’accentuer
le dogme protecteur de l’euro. Pourtant nous venons d’assister à un évènement
majeur qui montre que les inconvénients d’une sortie sont jouables.
Ce qui n’est plus jouable, c’est
qu’un pays en difficulté se prive de l’outil monétaire. L’Europe a fait l’erreur
de confondre union des monnaies dans une monnaie unique avec une coordination
dans une monnaie commune sur laquelle peuvent s’ajuster des monnaies nationales
pour maintenir des échanges commerciaux équilibrés. L’Allemagne, qui affaiblit
les économies dont elle tire actuellement ses bénéfices commerciaux, va voir
ceux-ci ne plus pouvoir nourrir ses exportations. Elle est devenue le problème
de l’Europe avec son euro-mark. Il va falloir en sortir et la Suède nous montre
que la santé économique est possible en dehors de l’euro… le tout est d’en
sortir le plus vite possible.
Le maintien ou non dans l’euro est une orientation
vitale
Le peuple ne peut plus être aveuglé par des dogmes
Il est temps que le peuple français en débatte !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF Languedoc-Roussillon
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