jeudi 11 avril 2013

Choc ou explosion ?

Un choc est une interaction violente entre deux entités, c’est le cas des civilisations, des générations comme des collisions de particules. Nous sommes menacés d’un nouveau choc, un « choc de moralisation » qui vient succéder à un « choc de compétitivité » et à un « choc de simplification administrative » entre autres… La multiplication des chocs sur les noyaux de particules se termine par leur explosion et tout indique qu’elle va se produire !

En attendant le « choc de la décentralisation », proposé à l’Assemblée Nationale et qui réunit contre lui la majorité des communes et autres instances territoriales, la sphère politique est un champ de ruines dans lequel tout un chacun s’exhibe tout nu pour être plus blanc que blanc. Les ministres sont pris d’angoisse, soit que la vindicte médiatique les pointe du doigt, soit qu’ils ont l’impression d’être sur un siège éjectable.

Taubira et Valls en disent le moins possible, Moscovici sur la défensive traîne un média en justice, Fabius est dans ses petits souliers, Mélenchon fustige tous azimuts, Marine Le Pen fait profil bas et laisse son père aller au créneau, Bayrou encense le Président et se voit Premier Ministre, Borloo protège le patrimoine de sa femme et de ses enfants, Copé rejette tout pour sauver son job pendant que Wauquiez, Fillon et Joly font un exercice de strip-tease patrimonial pour mettre leur derrière devant. Tout ce petit monde se couvre finalement de ridicule, tant les intentions cachées des uns et des autres ne trompent personne.


Désormais personne n’est plus crédible et pour cause. L’amoralité n’est pas plus au sommet de l’Etat que dans toutes les instances territoriales de la commune à la Région. Il n’est que de parler avec n’importe quel architecte travaillant avec le domaine public pour en prendre conscience. La plupart des marchés y sont truqués, pipés. Les architectes qui déposent un projet savent à l’avance s’il sera retenu ou pas. Les entreprises choisies sont souvent le fait de compromissions. Les décideurs politiques n’omettent pas de percevoir leur dîme au passage pour le parti ou pour eux-mêmes sous forme sonnante et trébuchante ou travaux gratuits voire dons divers. Citons aussi les Plans Locaux d'Urbanisme souvent manipulés par les maires pour favoriser les copains et donnant de plus corps au délit d'initiés.


Les affaires Guérini sont nombreuses et touchent tous les partis. Mais les promesses de moralité ne trouvent plus d’échos, car le système est pourri. Il faut d’abord incriminer notre système démocratique qui rend la chasse aux voix le sport préféré de tout élu ou éligible. Tous les relais d’opinion, toutes les sources de financement doivent être explorées, choyées pour l’argent et les voix. Plus on raccourcit le temps d’une législature plus l’élu est détourné de ce pourquoi il est élu. Plus on grossit le millefeuille du fonctionnement de la vie politique, plus la corruption et l’immoralité trouvent un champ d’action.


Les communautés de communes, les contrats de pays et autres inventions nouvelles ne sont que des occasions pour diluer le travail public en alourdissant la note, en permettant de distribuer indemnités et salaires, et en augmentant les passe-droits et les occasions de corruption. Quel espoir peut-on avoir de réussir une réforme structurelle de cet ensemble quand tout un monde politique et salarial y trouve profit. Plus la concertation sera amplement pratiquée à tous les niveaux plus la probabilité que ceci aboutisse à des économies et à un fonctionnement efficace diminue.


De plus la démocratie est bafouée en permanence et le référendum considéré comme une antiquité à ranger au grenier. Que peut-on attendre d’un Parquet financier qui est dans les mains de l’Etat pour investiguer sur lui-même ? Rien, sinon des compromissions de plus. Quand une pomme est pourrie, on ne peut même plus en faire de la compote. Il faut sans aucun doute demander très vite une autre forme de fonctionnement entre le législatif, l’exécutif et l’indépendance de la justice, alliant respect démocratique, compétence et probité.


Il y a pourtant urgence sur le devenir des français quand tout croule autour de nous : commerce extérieur en aggravation de déficit, déficit 2013 à 3% du PIB non tenu, chômage record sans perspective crédible d’amélioration, consommation en baisse, désindustrialisation toujours en cours. Gardons-nous de fustiger Berlusconi car quel poids peut avoir un Président Français après des affaires comme DSK et Cahuzac devant nos partenaires européens et allemand en particulier ? On peut mettre nos voisins devant le fait accompli du 3% du PIB non respecté et repousser l’échéance à 2014, mais une promesse non tenue présage toujours une autre promesse non tenue. Les investisseurs qui achètent nos obligations souveraines nous garderont-ils encore leur confiance ? Le pays est gangréné et les français ulcérés... quelle image  !


Non seulement la France est bien mal gouvernée


Mais elle sent le pourri et nous rend malades.


Trente ans au moins de mal gouvernance


Demandent qu’un jour nouveau se lève !


Claude Trouvé

Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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