En rêvant de bâtir un continent avec
des peuples réunis sous une même administration et une même monnaie, l’Europe a
renié volontairement en même temps toute volonté de puissance. Son peu de goût
pour assurer sa défense, son ouverture aux migrations et aux échanges
internationaux sans contrainte sont les marques du choix d’une mondialisation
heureuse. La vente de produits élaborés sur son territoire était censée lui
apporter la prospérité.
L’Europe a pourtant une
difficulté majeure à surmonter, c’est la faiblesse de ses matières premières
peu présentes dans son sous-sol. Il semble que les crises financières de
liquidité et de solvabilité des banques et des états aient complètement rejeté
dans l’oubli ce qui préoccupe toutes les puissances de la planète. Pourtant les
ressources minières et agricoles ne sont pas inépuisables même si sur certaines
une course se déroule entre la production épuisant les réserves et la
découverte de nouveaux gisements ou l’augmentation de la fertilité des sols.
Cette bataille de l’homme ne sera
pas gagnée sur tous les tableaux et des pénuries vont se faire jour dans certains
secteurs vitaux. Les pays qui ne l’auront pas anticipé deviendront les esclaves
des autres. Cette idée n’est pas une simple anticipation destinée à faire peur,
elle est chiffrée avec plus ou moins de précision mais montre l’urgence du
risque. On ne saurait, dans ce domaine, mieux illustrer le « diriger c’est
prévoir ».
Les matières à risque sont nombreuses. L'or,
par exemple... l'argent, le sel, l'huile de baleine, l'ivoire, les épices, les
diamants, le pétrole brut, le bois et même le bat guano (engrais naturel fait
de fientes d'oiseaux marins et de chauve-souris !). Pour le moment, ça ne semble pas
trop dramatique... surtout quand toute notre attention est portée à la crise
financière... aux élections présidentielles... aux faits divers qui ne manquent
pas...
Pourtant « Barry
Callebaut, numéro un mondial du chocolat, a annoncé dans Les Echos de janvier
2012 le risque de pénurie sur le cacao à un horizon de 10 ans. Toujours
selon Les Echos, l'Organisation internationale du cacao
(ICCO) affirme que si rien n'est fait, le prix du cacao sera multiplié par cinq ou six
à horizon 2030. Il parait qu'on trouvait jadis des pépites de cuivre de
60 livres (27 kg) gisant sur le sol à proximité du site de Bingham Canyon, une
mine de renom dans l'Utah. Mais pour extraire ce cuivre de la mine aujourd'hui, il
faudrait retourner quatre tonnes et demi de roche -- à 4 000 mètres de
profondeur ! Dans ces conditions, les coûts explosent.
Selon certaines estimations, on peut s'attendre à une pénurie de métaux
comme le palladium (en 2023), l'or (en 2025), le zinc
(2025), l'indium (2025), l'étain (2028) -- et la liste
continue : (les dates précises
importent peu) l'argent-métal et les terres rares nécessaires pour fabriquer
des téléviseurs à écran plat, téléphones cellulaires, ordinateurs et autres
écrans tactiles électroniques personnels... Le molybdène, le chrome, le
manganèse, le zinc et le nickel sans oublier l'acier pour produire nos ponts,
immeubles et matériels de forage... Les métaux industriels de base comme le
cuivre et l'aluminium pour réaliser le câblage et les composants dont on a
besoin pour fabriquer les avions et les blocs moteurs. La potasse et les
phosphates dont dépendent les agriculteurs pour nourrir plus de sept milliards
de personnes... à un rythme industriel postmoderne ! » (Chronique
Agora)
Les
gouvernements des pays développés à travers le monde comprennent que le risque
de pénurie serait dramatique. C'est pourquoi ils déploient toutes sortes de
stratégie pour tenter de verrouiller les ressources, l’Europe non car elle a
décidé de renoncer à la puissance… dans un monde de fraternité idéalisé de
mondialisation où seul le commerce tranquille peut exister.
"La
Russie est décidée à se lancer à toute vapeur et sans complexe dans la bataille
géopolitique pour le contrôle des formidables ressources énergétiques de la
région du Grand Nord." -- Le Figaro du
14/10/2007. Mis à part le pétrole, la région regorgerait d'or, de platine, de
manganèse, de plomb, d'étain et bien plus encore.
La Chine
entre en jeu également -- avec une démonstration de force sur le terrain des
terres rares par exemple et de plus en plus contestée : "Les États-Unis, l'Union européenne et le Japon ont porté plainte, mardi 13 mars
[2012], contre la Chine auprès de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC)
pour ses pratiques "déloyales"
sur les exportations de métaux appelés "terres rares"."
-- Le Monde du 14/03/12.
La Chine produit plus de 95% des terres rares de la planète -- et elle n'est
pas le seul pays à faire preuve d'un certain nationalisme en ce qui concerne
ses richesses naturelles.
La pénurie c’est l’augmentation exponentielle
des coûts et ensuite la dépendance d’un pays ou d’un continent. C’est pourquoi
on constate un combat titanesque entre les puissants, au premier rang desquels
il faut placer la Chine et les États-Unis pour geler à leur profit les
ressources de la planète. Bien des conflits trouvent là leur explication et c’est
désormais un combat de survie qui n’exclue pas les guerres. Si le réchauffement
de la planète est réel, on lorgne sur les richesses du pôle nord, mais aussi des
astéroïdes et même de celles des astres proches de nous. On est bien loin des « croisades »
que mène la France où tout au moins ce qu’elle fait croire à son peuple.
L’Europe
empêtrée dans ses dettes,
Géant aux
pieds d’argile, reste la tête dans les étoiles
Avant que le
ciel ne lui tombe sur la tête.
Claude
Trouvé