Il avait dit :
- qu’il réduirait le chômage
- qu’il lutterait contre la pauvreté
- que l’on travaillerait plus pour gagner plus
- qu’il maîtriserait les finances publiques
- qu’il éradiquerait les paradis fiscaux
- qu’il réformerait l’Etat en profondeur
- qu’il serait le président du pouvoir d’achat
- qu’il lancerait une véritable politique énergétique
- qu’il stopperait les délocalisations
- etc.
Après cinq ans, qu’en est-il exactement du chômage ? Réponse :
Le taux de chômage était à 9,7% fin 2011 et a progressé de 0,5% en cinq ans pour finir à 10% en février 2012 alors que l’Allemagne a réduit le chômage de 4,4% pour finir à 5,9% fin 2011. Le chômage en Suède était de 7,5% fin 2011 et n’avait progressé que de 0,1%. C’est beaucoup mieux que la Grèce qui finit à 17,7% et que l’Espagne à 21,7% mais moins bien que la Belgique, notre voisine, qui a baissé de 1,1% pour finir à 7,2%.
De plus l’indicateur du chômage chez les jeunes est très important car le chômage se traduit par une perte de qualification donc crée des difficultés supplémentaires dans la recherche d’un emploi. Ces difficultés sont particulièrement graves pour ces âges pour lesquels la démotivation conduit à toutes les dérives sociales. La France termine à 22,9% de chômeurs chez les moins de 25 ans et celui-ci a cru de 0,5% depuis 2006 ! L’Allemagne termine à 8,6% et l’a réduit de 5,2% ! Bien sûr l’Espagne termine à 46,4% avec une augmentation de 28,6%, ce qui est bien le signe d’une course à la faillite annoncée. Le Portugal est à 30,1%.
Ceci montre bien que ces taux globaux et jeunes sont caractéristiques de l’état de santé du pays concerné. Ceci nous amène à la réflexion suivante : nos dirigeants répètent que notre démographie, contrairement à l’Allemagne, est une grande chance pour la France. Dans certaines conditions cela peut l’être, si en particulier il y a du travail pour les générations qui arrivent. Si l’on regarde la France et l’Allemagne on s’aperçoit, pour le moins, que nous n’avons pas su prendre cette chance pour l’instant et qu’à court terme les carottes sont cuites.
Il faut noter que la Suède ne fait pas mieux que nous chez les jeunes avec 22,9% fin 2011. Il est assez intéressant de rapprocher la réflexion précédente sur la comparaison France-Allemagne de celle France-Suède. Ces deux derniers pays ont tous deux une forte immigration et particulièrement musulmane. Si la Suède est économiquement en bonne santé, elle n’arrive cependant pas à donner du travail à une jeunesse de plus en plus nombreuse et sous-qualifiée. L’insécurité règne désormais dans Malmoë qui n’a plus rien à envier à certaines de nos banlieues.
Qu’aurait pu faire Sarkozy et qu’a-t-il fait pour diminuer le nombre de chômeurs ? Il aurait pu doper la croissance par des investissements publics dans des domaines d’excellence ou d’infrastructures. Il ne l’a pas fait bien qu’il ait fortement augmenté les dépenses de l’Etat. Il reste la possibilité de réorienter la formation sur les métiers qui ne trouvent personne sur le marché de l’emploi. Des centaines de milliers d’emploi sont dans ce cas. Il n’y a pas eu un plan efficace dans ce domaine puisque les emplois non pourvus sont toujours là. Il reste la troisième voie qui est celle de l’efficacité des organismes de lutte contre le chômage comme l’ANPE ou d’aides à l’emploi personnalisé. Il a réalisé la fusion ANPE/Unédic. Voilà ce qu’en dit Capital.
« Elle était indispensable pour faciliter les démarches des chômeurs et améliorer le service. Manque de chance, le rapprochement des deux organismes s’est opéré au moment où le nombre de demandeurs d’emploi explosait. Résultat : chaque conseiller de Pôle emploi s’occupe aujourd’hui de 200 chômeurs en moyenne. On est loin du ratio de 1 pour 30 promis par Christine Lagarde. Plus grave, comme les agents des ex-Assédic n’ont pas vraiment été formés à l’accueil du public, c’est souvent la pagaille au guichet. Et pour l’instant, aucune des améliorations promises (parcours d’insertion renforcé) n’a été mise en œuvre à grande échelle. »
Enfin une autre recette a néanmoins été essayée pour remotiver le retour à l’emploi, c’est le Revenu de Solidarité Active (RSA). Voici le diagnostic de Capital.
« Pour mettre fin à «l’assistanat», Sarkozy pensait tenir la solution : faire en sorte que les revenus engrangés lors de la reprise d’un emploi soient toujours supérieurs aux allocations sociales perçues précédemment. C’est, en théorie, ce que permet le RSA, instauré en 2009. Les bénéficiaires sans travail touchent désormais 467 euros par mois. Mais, contrairement à l’ancien système du RMI, ceux qui reprennent un job rapportant moins que le Smic ne perdent pas toutes leurs allocs : ils continuent de percevoir une enveloppe complémentaire, de 230 euros en moyenne. En dépit de ce coup de pouce, le taux de retour à l’emploi des bénéficiaires du RSA ne s’est cependant pas redressé. Pas plus que l’ancien RMI, la nouvelle formule ne règle pas en effet le principal problème des chômeurs de longue durée, à savoir leur manque de qualification. »
En conclusion sur ce point, on ne peut que constater un bilan très moyen de Sarkozy qui évoque la crise pour se dédouaner de ses promesses sur le chômage mais nous sommes loin de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Suède, du Danemark et même moins bien que l’Italie et juste dans la moyenne des pays de l’Union Européenne. Le développement du travail à temps partiel n’a fait progresser le taux d’emploi que de 1% au lieu de 5,3% en Allemagne et plus de 1/3 de notre potentiel de main-d’œuvre est inemployé (36,2%).
Le satisfecit que se décerne le candidat-président ne peut nous convaincre sur ce point qui est un des indicateurs fondamentaux de bonne santé des Etats et de leurs peuples, lesquels ont tous été touchés par la crise. Il nous reste à examiner tous les autres secteurs d’action dans une prochaine chronique.
Pour nous consoler Henry Salvador avait cette chanson qui commençait ainsi :
« Le travail c’est la santé
Ne rien faire c’est la garder ! »
Vive les cigales et l’Etat-Providence !
Claude Trouvé