mardi 3 avril 2012

Faut-il réélire Sarkozy sur son bilan et ses promesses ? (3ème partie)


Nous avons vu dans l’article précédent que les deux principaux critères, croissance et dette publique, qui sont surveillés par l’UE et les agences de notation, ne sont pas très favorables  sans être catastrophiques. Ceci nous vaut d’être mis sous surveillance négative voire dégradé, ce qui correspond bien à notre situation relative dans l’UE.

Le critère chômage intéresse évidemment plus l’électeur et il est une conséquence partielle des deux premiers critères. Son évolution qui suit la crise montre que nous atteignons un palier situé entre 9,5 et 10% à évolution positive car cela apparaît au premier trimestre 2012. Il atteint les taux connus entre 1995 sous la présidence de Mitterrand ! Ce sont surtout les jeunes qui en sont victimes avec  plus de 23% de chômeurs, pourcentage déjà connu en 1997, et 30% des 15-24 ans sont en chômage longue durée.

De plus le taux d’emploi qui tient compte des emplois en temps partiel n’est que de 30% chez les 15-24 ans et de 22% s’ils sont étrangers, ce qui nous ramène au problème de l’immigration. Il faut tout-de-même noter que le taux d’emploi a augmenté de 3,9% entre 2006 et 2010 en Allemagne et de 0,2% en France pendant la même période. Pour les Pays-Bas c’est  +0,4%, +1,5% pour l’Autriche, +0,7% pour la Suisse. De plus ces quatre pays affichent respectivement un taux d’emploi de 71,1%, 74,7%, 71,7% et 78,6% alors que le nôtre est de 63,8%. Il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser

C’est une situation génératrice de problèmes sociaux graves que Sarkozy n’a pas géré contrairement à la période chiraquienne. La sortie de la crise financière nous laisse avec un marché du travail incapable d’offrir suffisamment d’emplois à une population en croissance grâce au flux migratoire et à leur fécondité.

En 2009, 8,2 millions de personnes soit 13,5% de la population vivaient en-dessous du seuil de pauvreté établi à 954 euros par mois et leur nombre avait augmenté de 0,5% entre 2008 et 2009 soit 337.000 personnes supplémentaires. Là encore ce sont les jeunes, jusqu’à 29 ans, les plus touchés. Le taux de pauvreté était de 13,1% en 2006 soit 250.000 pauvres de plus selon les chiffres de l’Insee. Les promesses de Sarkozy n’ont donc pas été tenues puisqu’il se faisait fort d’en réduire le nombre.

Entre 2006 et 2009 les inégalités se sont accrues de 1% et atteignent un rapport de 3,44 entre la tranche des plus aisés et celle des plus pauvres. Donc on assiste à un double phénomène d’augmentation du nombre de pauvres et d’augmentation des inégalités. Le bilan sur ce point n’est pas positif même si l’on sait que la crise est passée par là.

Avant d’examiner les différents secteurs dans lesquels Sarkozy est intervenu, il faut constater que l’Etat a essayé de passer la crise de 2008 en injectant des liquidités et des subventions en particulier aux secteurs bancaires et automobiles. L’effet à court terme qui nous a permis de sortir plus vite que l’Allemagne se traduit maintenant par un effet retard qui pèse négativement sur le moyen terme. Les banques bien gérées n’avaient visiblement pas besoin d’aide puisqu’elles ont remboursé les prêts en un an sauf Dexia, banque publique, qui nous a finalement coûté 3 milliards à sa liquidation. L’aide à l’industrie automobile se traduit par une baisse catastrophique des ventes dès qu’elle cesse. A contrario l’industrie automobile allemande se porte bien. Nous en ressortons affaiblis avec une dette qui a explosé et continue à croître jusqu’en 2016 pour le moins. Par ailleurs les budgets nationaux ont privilégié l’augmentation des recettes par rapport à la réduction des dépenses de l’Etat.

L’austérité des dépenses n’apparaît pas ou peu dans le budget 2012. Le président s’est rendu coupable d’avoir tardé à l'envisager et les propos du candidat Sarkozy pour le prochain quinquennat en sont rendus moins crédibles. Le candidat de gauche n’y fait même pas allusion, la chasse aux niches fiscales n’est pas simple et d’application difficile pour certaines. La véritable austérité doit passer par la réduction des dépenses de l’Etat et non par la hausse des taxes et impôts qui cassent la croissance. Nous y reviendrons en examinant les différentes actions entreprises ou prévues.

Le président Sarkozy a eu une politique à court terme,

Mais qui veut voyager loin ménage sa monture,

Or le candidat lui demande de courir plus vite avec moins d’avoine !

Claude Trouvé