samedi 14 avril 2012

Faut-il réélire Sarkozy sur son bilan et ses promesses % (5ème partie)

S’il est un sujet qui préoccupe les particuliers, c’est bien le système social qui inclut la santé, les accidents du travail, la vieillesse et la famille. La France est l’un des pays qui dépense le plus pour son système social. C’est d’ailleurs la meilleure motivation de l’immigration qui n’est plus limitée à ceux qui sont en mesure de trouver un emploi. Nicolas Sarkozy n’a pas dans ce domaine réagi assez tôt. La dette de la sécurité sociale devient énorme et les perspectives de résolution ne paraissent pas très solides. Le graphique ci-contre montre que celle-ci a plongé en 2011sous l’effet d’une augmentation du déficit en 2009 et 2010 et de remboursements de la dette arrivés à terme.

C’est 140 milliards qu’il faut rembourser à terme pour se débarrasser de la cinquantaine de milliards que coûtent les intérêts annuels !  Les dépenses de santé ne sont pas maîtrisées et le déficit de l’assurance vieillesse n’a légèrement décru qu’en 2011. Tout est lié aux perspectives de croissance qui ne sont franchement pas à l’optimisme après la baisse de croissance en Chine et les difficultés croissantes de l’Irlande, de l’Italie et de l’Espagne pour tenir leurs engagements.
Sarkozy aura toujours eu le mérite de tenter un virage sur la dette qui est représenté sur le graphique ci-contre où l'évolution de la dette est représentée en noir. On voit la volonté affirmée de réduire la dette à partir de 2009 dans une perspective d’annulation vers 2020. Toutefois ces promesses sont basées sur des perspectives de croissance de 2% à partir de 2013, ce qui n’apparait pas très crédible aux yeux de la plupart des économistes.

Par ailleurs il faut se rendre compte que pour les personnes ayant dépassé la cinquantaine, le marché du travail, la retraite anticipée ou non et le chômage sont en concurrence. Chaque travailleur jugera en fonction de son cas personnel et plus le chômage sera attrayant par rapport à la retraite plus la tentation sera grande de rester au chômage. La dette sécurité sociale est alors reversée en partie sur le chômage. L’évolution de ce dernier n’a d’ailleurs pas été véritablement prise en compte dans les évaluations futures.

Quelles sont les mesures prises par Sarkozy ayant une action sur les prestations sociales ?
« Passage de l’âge légal de la retraite de 60 à 62 ans
Avec celle des facs, c’est certainement la réforme que l’on retiendra de son mandat. […]Le recul de l’âge légal de la cessation d’activité de 60 à 62 ans et l’allongement progressif de la durée de cotisation à 42 ans vont permettre à notre système – actuellement déficitaire de 32 milliards – de revenir à l’équilibre en 2018. Mais pour deux ans seulement… » (Capital)
L’allongement du temps de travail est à juger avec le volume d’emploi proposé et l’apport d’une population immigrée. S’il n’y a pas un volume de travail suffisant, c’est mettre la charrue avant les bœufs. De nombreux séniors, après 60 ans, seraient peut-être plus « rentables » comme retraités fournissant un travail productif dans les associations bénévoles… Par ailleurs le temps restant à vivre est très différent selon le niveau de revenus des individus et aussi de la pénibilité de travail. Il n’y a aucune avancée sur ce sujet et le plein emploi reste le véritable objectif qui s'éloigne pour l'instant.
Entre le régime général, les régimes spéciaux, les différentes sources de financement (CSG, forfait sur l’épargne salariale, la contribution sociale de solidarité des sociétés, la taxe sur les entreprises non assujetties à la TVA, le Fonds de Réserve des Retraites, le fonds de solidarité vieillesse, etc.), on a affaire à une véritable usine à gaz.
« Remise à plat des régimes spéciaux de retraite
Sur ce dossier brûlant, le chef de l’Etat n’a pas tenu longtemps. Après quelques semaines de manifs des cheminots, en 2008, il a fini par faire tant de concessions aux syndicats que son projet initial – assurer l’équité des -retraites entre les salariés des services publics (SNCF, RATP, EDF, GDF) et ceux du privé – a été vidé de sa substance. En tenant compte des aides au rachat de trimestres, des annuités offertes et des grilles d’avancement boostées, la réforme a finalement coûté une fortune à l’Etat: 410millions par an entre2009 et 2012. Pire, selon le député UMP Dominique Leclerc, «les gains générés à la SNCF, de 300 millions d’euros par an, devraient chuter à partir de 2020 à 150 millions, un niveau inférieur au coût des mesures d’accompagnement aux agents (200 millions)». Tout ça pour ça! » (Capital)

Pour résorber la dette il ya deux solutions non exclusives, diminuer les dépenses ou augmenter les recettes.
« Réforme de la santé
Elle s’est limitée à deux trains de mesure. D’abord, la hausse de la contribution des Français, avec de nouveaux déremboursements de médicaments et l’instauration d’une franchise médicale de 50 centimes d’euro par boîte de pilules. Ensuite, la loi sur l’hôpital de Roselyne Bachelot, qui a créé des agences régionales de santé, chargées de mieux piloter le regroupement ou la fermeture des unités de soins pas assez fréquentées. Une restructuration indispensable, même si, du côté des blouses blanches, elle fait toujours grincer des dents » (Capital)

Le déremboursement des médicaments, des frais d’analyses médicales et de radiologie entre autres revient soit à contraindre le patient à renoncer à se soigner soit à reporter sur les assurances complémentaires le poids de ces allègements de dépenses. En définitive cela joue sur le pouvoir d’achat ou sur le coût supplémentaire engendré par un surcroît de maladies mal soignées préventivement. Le gain global sur les finances publiques est loin d’être évident. Les réformes de structures sont seules capables de résultats probants mais n’ont guère progressé.


Les demi-mesures satisfont les espoirs d’un matin

Mais comme durent les roses,

Elles ne durent qu’un matin.

Claude Trouvé