Le scénario du deuxième tour se dessine plus clairement entre les deux principaux prétendants.
A gauche la montée de Mélenchon va obliger Hollande à faire un pas sur son extrême-gauche. Son discours avant le premier tour doit lui permettre de récolter l’ensemble des sympathisants de ce mouvement. Il lui faut aussi garder un lien fort avec les écologistes qui peuvent faire un meilleur score aux législatives qu’à la présidentielle. Malgré son poids au premier tour Mélenchon ne peut raisonnablement devenir premier ministre sans effrayer une majorité de français et guerroyer avec les écologistes en premier lieu. L’intéressé l’exclut de lui-même. L’alliance entre Mélenchon et Eva Joly au sein d’une gauche unie n’y résisterait pas longtemps. C’est donc Martine Aubry qui semble la plus à même de créer le lien entre ces deux extrêmes(à moins qu'une certaine addiction l'en empêche !). En effet c’est elle qui a d’une part négocié avec les écologistes et d’autre part milite pour le vote des étrangers et le multiculturalisme. Ces deux points sont au programme de Mélenchon pour récupérer des voix dans une population de huit millions d’étrangers dont cinq millions de musulmans.
A droite l’importance du vote vers Marine Le Pen oblige le président à revenir sur le thème de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme dans une tactique de premier tour. La venue de Borloo, socialo-écologiste assure un petit contrepoids sur sa gauche suffisant pour capter des électeurs de l’ancien UDF et s’assurer d’être au deuxième tour. Cette tactique, tout en assurant le premier tour, prépare le second durant lequel l’apport total des voix centristes est indispensable pour gagner l’élection. Il faut un soutien massif et enthousiaste que seule la place de Premier Ministre offerte à Bayrou peut enclencher sur le Centre. Il n’est pas impossible qu’entre les deux tours Sarkozy, en président rassembleur, fasse un clin d’œil à Marine Le Pen avec un apport du FN dans le prochain gouvernement.
Rien n’est joué et jusqu’à la dernière minute les cartes peuvent être rebattues mais « la lutte finale » opposera gauche et droite, chacune rassemblée, dans un 50/50 dont les français pensent toujours que c’est le « nec plus ultra…Hélas » . En effet les débats que nous avons eus jusqu’à présent sont d’une grande pauvreté, au plein sens du terme. Aucun des deux principaux candidats ne fait sentir aux français l’état dans lequel est réellement le pays, comme s’il suffisait de parler d’austérité ou de croissance nécessaire pour que l’opinion soit informée. Les chiffres sur les mesures d’austérité et leurs conséquences sur la vie des français sont jusqu’à présent absents. Hollande repousse même à Juillet, vive les vacances, la date fatidique des aveux. Il y aurait une session parlementaires extraordinaire pour faire voter le rapport de la Cour des Comptes sur la dimension de la pilule à faire avaler sur notre pouvoir d’achat.
Il ne peut y avoir aucun consensus avec le prochain président qui tienne longtemps. La réalité va s’abattre sur le peuple incrédule et mal informé. Le repli sur soi des corporations bloquera les marges de manœuvre du gouvernement. L’Europe fera entendre sa voix castratrice et la présidence louvoiera dans un attentisme qui nous lie à l’euro et à l’OTAN, c’est-à-dire à l’Allemagne et aux Etats-Unis dans un fédéralisme rampant de l’UE. Aucune des grandes questions sur le devenir du pays ne sera posée aux français et la France s’épuisera dans un serrage de ceinture imposé à son peuple.
Il faut radicalement changer de politique et l’Europe, avec son euro et son multiculturalisme, est au cœur des grandes options de politique extérieure et intérieure. Si nous ne décidons pas nous-mêmes ce que nous voulons sur ces deux sujets, d’autres pays le feront pour nous et nous serons tondus comme des moutons que nous sommes encore mais peut-être pas pour longtemps.
Entre la peste et le choléra le peuple devra choisir
Mais le temps où les malades
Cassent le thermomètre et la figure du médecin incompétent
S’approche !
Claude Trouvé