Alors Sarkozy a voulu une France du
changement lui aussi mais il est parti avec les pieds en France et la tête aux
Etats-Unis. Il l’a dit aux français d’Amérique après son élection : « le
but de ma politique est que vous ne soyez pas dépaysés quand vous reviendrez en
France. » Cette position naïve de mimétisme est née d’un livre qui est le
livre de chevet de l’Etat, paru aux Etats-Unis, et dont le sous-titre est : «
Comment l’esprit entrepreneurial transforme le secteur public. » Ceci s’est
traduit dans les réformes constitutionnelles de 2008, comme la possibilité pour
le président de s’adresser aux chambres, ou comme la volonté d’abaisser le
Premier Ministre dont le rôle devait se réduire à celui d’un simple Chef de Cabinet,
ou encore comme la saisine directe du Conseil Constitutionnel.
Il s’est instauré l’idée que le
régime présidentiel français n’était pas adapté à la mentalité française et qu’il
fallait tendre vers une présidentialisation totale à l’américaine. Ce faisant
on a détricoté une constitution qui avait fait ses preuves et qui devait sa
force à sa longévité. Ce tripatouillage à l’américaine s’est propagé dans les
réformes administratives comme le rapprochement de la gendarmerie de la police
comme aux Etats-Unis. Pourtant il y a divers services de police concurrents et
nous n’étions pas le seul pays à avoir une force de l’ordre de statut
militaire.
Il n’est pas jusqu’aux communes
qui sont jugées trop nombreuses alors qu’elles ne sont que le résultat de l’histoire
d’un pays très agricole ayant constitué un maillage fin de son territoire à la
différence des Etats-Unis où les communes sont séparées par des distances
considérables. Les régions elle-même sont considérées comme trop petites alors
qu’elles sont, en moyenne, de la taille des régions européennes. Les
départements sont remis en cause alors que l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne ont
des niveaux administratifs aussi nombreux même si les pouvoirs peuvent y être
différents. On a l’impression d’une grande démolition de la structure
constitutionnelle et administrative pour des résultats qui n’ont rien de probants.
« Réforme des collectivités territoriales
Communes, communautés d’agglomération, départements,
régions… Nicolas Sarkozy avait promis de mettre de l’ordre dans ce bazar en
supprimant les échelons locaux les plus coûteux et les moins utiles. Raté ! Effrayé par la levée
de boucliers des édiles, il s’est contenté de créer des conseillers
territoriaux, sortes de super-élus qui siégeront à la fois dans les
départements et les régions. Pour le reste, rien. Cette réformette a cependant
suffi à faire perdre le Sénat à la droite en 2010. »
Par contre un véritable
audit redéfinissant le rôle, les missions de chacun, le « qui fait quoi »
est d’une urgence réelle ce qui permet de redéfinir l’utilité de chacun. On ne
peut avancer dans ce domaine sans confier à un organisme, indépendant de l’administration,
la mission de dresser un bilan du fonctionnement actuel. Cela n’a pas été fait.
« Fusion des administrations fiscales
DSK en rêvait, Sarkozy l’a faite ! Effective depuis
avril 2008, la fusion des deux principales
administrations de Bercy, la Direction de la comptabilité publique (elle
comptait) et la Direction générale des impôts (elle prélevait), a amélioré le
service aux contribuables, qui bénéficient désormais d’un guichet fiscal
unique. Grâce aux économies d’échelle et de personnel, elle devrait aussi
permettre de gagner quelques millions par an. Du moins en théorie. Car, là
encore, et même si 7 000
des 127 200
postes ont été supprimés, l’Etat a redistribué plus de la moitié des économies
réalisées aux agents restés en place. Selon la Cour des comptes, le seul
alignement des salaires sur les niveaux les plus hauts a coûté 111,4 millions d’euros entre 2009
et 2012. Si l’on ajoute les frais de
rénovation des locaux, la note s’élève à près de 500 millions d’euros en cinq ans. »(Capital)
La redistribution des
gains en salaires, qui vont rentrer désormais chaque année dans les dépenses de
fonctionnement, donne un bilan économique très mitigé et ne laisse qu’une
raison valable que seul l’Etat peut juger… en est-on plus efficace ?
Les économies sont souhaitables mais une
idéologie réformatrice,
Qui substitue des dogmes à la simple recherche
de l’efficacité,
Démolit inutilement la technostructure
et le sens de la qualité du service public
Claude Trouvé