Après le chômage, le pouvoir d’achat est l’une de nos préoccupations. Il ne suffit pas de se fier au ressenti pour l’apprécier pas plus qu’aux statistiques, les deux ne sont pas toujours représentatifs de la réalité. Ce qui est sensible à chacun d’entre nous c’est ce qu’il reste quand nous avons payé tout ce qui est imposé et qui ne peut être que très difficilement réduit (énergie, loyer, assurances, impôts, transports, etc.) ou ce qui est une diminution de notre confort de vie (alimentation, santé).
Le bilan sur le pouvoir d’achat est assez contrasté. Si l’on prend l’ensemble des salaires publics on dégage de 2006 à 2011 une augmentation de 3,57% selon l’INSEE et de 12,15% pour le secteur privé hors agriculture. L’inflation durant cette période a été de 10%. Il en résulte que les fonctionnaires ont eu une perte de pouvoir d’achat notable de 6,4% tandis que le secteur privé a vu celui-ci croître de plus de 2%. Il faut noter que les salaires publics avaient précédemment augmenté beaucoup plus vite que le privé et qu’il s’agit d’une sorte de rattrapage.
Il n’en résulte pas moins que si l’on regarde la consommation finale des ménages, donc toutes catégories sociales confondues, on note une augmentation de 13,5% de celle-ci pendant cette période soit 3,5% au-dessus de l’inflation. Toutefois ceci est à corriger de l’augmentation de la population durant cette période qui est de l’ordre de 3,3%. Si l’on suppose que les retraites ont suivi l’inflation, on voit que globalement le pouvoir d’achat n’a pas augmenté pour l’ensemble de la population. Par contre le SMIC lui a progressé de 15,1% soit une augmentation du pouvoir d’achat de 5%.
En conclusion l’ensemble de la population n’a pas vu globalement son pouvoir d’achat réellement augmenter, ce qui est un nouveau manquement de Sarkozy à ses promesses. Toutefois, si le secteur privé a vu ses salaires rattraper ceux du secteur public, ces derniers sont les perdants dans cette période. Les gagnants sont les bas salaires. Si l’on ajoute à cela que l’indice de dispersion des revenus entre riches et pauvres a augmenté, on peut en déduire que ce sont les classes moyennes qui ont été les moins bien loties. Sarkozy n’a pas fait seulement une politique des riches, il a délaissé aussi les classes moyennes au profit des bas salaires.
Il avait juré d’être le président du pouvoir d’achat, c’est raté mais il est vrai que la crise est passée par là. En effet l’Allemagne n’a eu qu’une consommation des ménages augmentée de 6,6% pour une inflation de 10%, comme la France, mais avec un facteur correctif de diminution de la population de 0,8% soit finalement une diminution du pouvoir d'achat de 2,6%. La France a maintenu le pouvoir d’achat, mais c’est essentiellement grâce à notre système social, qui a amorti les plus durs effets de la crise. Elle s’est donc endettée. L’Allemagne a appauvri son peuple mais s’est moins endettée face à la crise.
Quelles mesures a pris Sarkozy ? Voilà ce qu’en dit Capital
« Défiscalisation des heures supplémentaires
Impatient de permettre aux Français de «travailler plus pour gagner plus», le président a adopté cette mesure dans la loi Tepa, votée dès août 2007. Grâce à elle, les salariés bénéficient d’une exonération complète d’impôts et de charges sur les heures sup, et les employeurs de réductions partielles. Bilan de cette mesure que François Hollande a promis de supprimer ? Les heures sup ont bondi de 30% dès la première année, mais il s’agit surtout d’un effet d’aubaine : avant la loi, certains employeurs sous-déclaraient les heures de boulot en rab.
Si bien que leur volume n’a en réalité pas bougé. En revanche, les employés qui font des extras profitent désormais d’un bonus de pouvoir d’achat. Selon le rapport des députés Jean-Pierre Gorges (UMP) et Jean Mallot (PS) sur le sujet, 9,2 millions de salariés ont touché en moyenne 500 euros de plus par an, soit 42 euros par mois. Toujours ça de pris. Quant à la note des dégrèvements, elle s’élève à 4,5 milliards d’euros par an pour les finances publiques. Aïe ! »
Voilà bien un endettement supplémentaire pour le « gagner plus » qui est tombé à plat en période de crise. Une autre mesure aurait pu avoir un impact sur le pouvoir d’achat, Capital en fait le bilan.
« Baisse de la TVA dans la restauration
En réduisant le taux de TVA dans les restaurants de 19,6 à 5,5% (fin 2011, il a remonté à 7%), Sarkozy espérait faire d’une pierre deux coups : réduire l’addition pour les Français et doper la création d’emplois dans le secteur. En fait, non seulement le volume d’embauches n’a pas augmenté, mais les prix n’ont baissé que de 1,3%. Autrement dit, les restaurateurs en ont profité pour gonfler leurs marges. Cher payé : la mesure coûte 3,2 milliards par an à l’Etat. »
En conclusion Sarkozy a maintenu globalement le pouvoir d’achat et a laissé filer la dette. Il a joué la paix sociale à court terme en aggravant les difficultés pour l’avenir. Cette politique n’a d’intérêt que si la situation future s’avère porteuse d’espoir, ce n’est pas le cas pour la France qui a perdu une grande part de ses moyens de production.
La crise est là, qu’on le veuille ou non !
Plus on cache au peuple le prix à payer,
Plus dure sera la chute !
Claude Trouvé