Le débat sur l’identité nationale a généré de beaux discours souvent un peu abscons et n’a débouché sur rien. Il s’est heurté au problème du « racisme » ou plus exactement à celui de la discrimination. Étant donné que nous comptons dans notre pays nombre de gens qui ne reconnaissent pas notre drapeau, ne parle pas notre langue ou bien peu et ne connaissent rien à notre histoire, parler d’identité nationale devenait un sujet discriminatoire donc punissable.
C’est pourtant ce qui caractérise en peu de mots que chacun peut comprendre ce qui forge l’identité de notre nation et de celle de tous les pays du monde. C’est même la raison qui fait que l’Europe a tant de mal à se construire une identité malgré le carcan d’uniformité que l’on veut lui faire endosser de force.
La France a une histoire que nous devons assumer avec ses côtés ombres et lumières mais la repentance ne peut être assumée que par la génération qui en a généré les causes. Par contre les côtés lumières doivent être ceux qui motivent la jeunesse montante. Encore faut-il qu’ils puissent en avoir la connaissance. Tous les professeurs expérimentés l’ont constaté: même si la France ne disparaît pas des programmes et des manuels, en histoire comme en géographie, on favorise désormais une idéologie pédagogique qui tend à restreindre et à ternir l’histoire du pays, le genre barbouillage, ainsi qu’à critiquer et dénigrer à tout va l’idée de nation, pourtant consubstantielle à celle d’État.
Je vous livre un extrait des recommandations charabia données par le Ministère de l’Education Nationale à ses professeurs (site eduscol).
« La Première guerre mondiale représente une étape essentielle dans la mutation de la guerre au XXe siècle. Le regard est porté sur l’expérience combattante, significative d’un changement de degré et de nature dans la violence, qui doit permettre de mener une approche du concept de guerre totale. Durant cet affrontement marqué par la durée du conflit, par sa dimension industrielle et par une mortalité de masse, ce sont les combattants qui paient le tribut le plus élevé tant sur le plan physique que sur le plan moral, même si de récents travaux ont attiré l’attention sur les souffrances des populations civiles. A travers eux, c’est toute la société qui est bouleversée, phénomène dont certains historiens ont depuis une vingtaine d’années tenté de rendre compte à travers les concepts, certes discutés, de « brutalisation » (ou « ensauvagement ») des sociétés européennes et de « banalisation » de la violence. Sans s’attarder sur le détail des événements, le programme invite à s’appuyer sur quelques cas significatifs (une bataille, un personnage, une année particulière…) pour faire percevoir le basculement dans la guerre totale et les effets de la violence de guerre sur les sociétés, même s’il ne faut pas oublier que de l’expérience combattante du premier conflit mondial naissent également les grands mouvements pacifistes de l’entre-deux-guerres et les tentatives internationales pour dépasser les rivalités entre Etats. »
Si cette approche peut encore faire l’objet d’un cours philosophique, le fait d’aborder les guerres récentes sur la forme de « guerre totale » associée à une montée de la violence entraîne de fait l’inculcation d’un phénomène de repentance implicite pour les jeunes générations. La chronologie des évènements qui doit trouver son explication dans les situations historiques, géographiques, économiques, sociales, culturelles et religieuses est abandonnée. On privilégie une vision réaliste et sanglante de la guerre. Il ne suffit donc pas que les médias s’en fassent en permanence l’écho.
La notion de construction et de survie de notre pays dans l’histoire du monde, au prix de sacrifices de tant de vies n’a aucune chance de donner aux élèves la notion de patrie léguée par l’histoire à ses descendants. Notre pays ne survivra pas s’il n’assume pas avec fierté son histoire et ce n'est pas cet enseignement qui convaincra les nouveaux arrivants !
« Ce que nous prenons pour la paix n'est qu'un armistice entre les conflits :
la planète grouille, saigne, et ne saurait vivre sans cette violence. »
(Jean Cocteau)
Claude Trouvé