L’agence de notation Moody’s vient d’annoncer qu’elle envisage de baisser la note de tous les pays de l’euro. L’Allemagne vient de proposer une Europe restreinte à l’allemande, ficelée dans les contraintes budgétaires qu’elle défend. Notre commerce extérieur s’achemine vers un déficit annuel de 45Mds€ à l’intérieur de l’OCDE dont plus de 36 Mds€ dans la zone euro. Le chômage en septembre nous approche des trois millions de chômeurs de catégorie A. D’après la dernière enquête de l’INSEE publiée vendredi, la confiance des ménages s’est à nouveau dégradée en France en novembre, son plus bas niveau depuis février 2009, au pire de la récession post-Lehman.
Voilà l’état d’une France sans espoir d’éclaircie dans une Europe qui vacille. Quel est notre intérêt de rester dans la zone euro ? Pour garder le triple A ? Mais cette note n’a d’intérêt réel que parce qu’elle conditionne la hauteur des emprunts d’états sur le marché bancaire ! Donc elle n’est qu’un indicateur parmi d’autres si nous n’avons plus besoin d’emprunter. Quel intérêt de rester dans l'euro si notre commerce extérieur est déficitaire de près de 40Mds€ dans cette même zone euro ?
Voulons-nous nous retrouver au niveau de l’Italie ? Il n’a échappé à personne qu’en Italie comme en Espagne, les niveaux des taux longs sont en train de franchir le point de non-retour. Rome est parvenu à refinancer 10 milliards d’euros mais à tout près de 8% (sur des échéances de six mois à deux ans), une situation carrément intenable. On avance que le FMI se préparerait à lui prêter entre 400 et 600Mds€, argent que lui fournirait d’ailleurs… la BCE !
Il faut être aveugle et sourd pour raisonner comme nos politiques aux commandes à droite ou aspirant à l’être à gauche. Nous n’avons plus de raisons de nous accrocher à l’euro dans la mesure où l’ensemble de la zone est en difficulté et que nous sommes pourvoyeurs de devises de cette zone, en particulier de l’Allemagne. L’euro ne nous protège plus, il nous détruit à petit feu. La zone euro à l’allemande, une super zone euro dans la zone euro, porte en elle le même problème, notre commerce extérieur déficitaire avec en prime une nouvelle perte de souveraineté !
Il nous reste le chemin difficile mais porteur d’espoir de sortie seul ou à plusieurs de l’euro. On nous serine que cela est suicidaire mais nous nous suicidons actuellement ! Alors cette voie ne peut être pire. Les difficultés pratiques de mise en œuvre ne sauraient être des arguments valables de non-sortie. La monnaie commune a déjà fait ses preuves dans le serpent monétaire en 1998 d’une part et nous avons un atout qu’il est temps d’utiliser avant, pour nous débarrasser de la dette.
Cet atout c’est l’épargne des citoyens. Le bas de laine des français est à la hauteur de notre dette publique. Il serait temps de jouer de cet atout qui permet aux japonais d’avoir une dette colossale tout en empruntant à un taux plus bas que celui de l’Allemagne car cette dette est presque totalement soutenue par l’épargne des citoyens. Un grand emprunt à 5 ou 8 ans à 4% aurait certainement un succès immédiat à l’heure où les français ne savent plus où faire fructifier leur argent en sécurité.
Les sceptiques diront que si le français épargne, il dépense moins et la consommation baisse. En ce moment le français retire plus de l’épargne qu’il ne met, et le chômage augmente. Si le consommateur sait son argent en sécurité et bénéficie d’un bon taux d’intérêt il ira remettre ses gains dans la consommation.
Sortir de la zone euro donc dévaluer, avec ou non un rattachement de notre monnaie à l’euro, est le moyen de redonner de la compétitivité à nos entreprises. Le handicap de la dette peut être effacé par un grand emprunt d’état et permettre une relance de l’économie. Mieux vaut que l’état redonne de l’argent aux français sous forme d’intérêt plutôt que de le donner aux banquiers qui vont le placer sur des marchés extérieurs.
Nous singeons l’Allemagne
Elle nous prend pour un pigeon
Il faut savoir ce que nous sommes !
Claude Trouvé