Le spectacle de nos deux principaux challengers pour la présidentielle laisse une impression de lutte dérisoire, inutile devant le double défi , économique et culturel, qui nous attend. Aucun d’eux ne change de direction et aucun d’eux n’a de solutions. Les campagnes de marquage à la culotte ont commencé et le peuple ne voit arriver que la rigueur qui va miner son pouvoir d’achat pour les plus aisés et grossir le nombre de pauvres pour les autres.
A gauche on porte atteinte à l’un des rares fleurons qui nous reste, le nucléaire, sans véritable solution de remplacement. Les énergies renouvelables sont subventionnées et les équipements ne sont pas réalisés dans notre pays pour leur presque totalité. Nos subventionnons les chinois qui en sont le principal producteur. On saute de plus sur n’importe quelle occasion pour détruire l’image du nucléaire.
L’Autorité de Sûreté déclare les centrales sûres mais demande que certaines dispositions soient prises pour tenir compte des enseignements de Fukushima. Aussitôt on en déduit que nos centrales ne sont pas sûres et nous exposent aux plus grands dangers, tsunamis remontant la vallée du Rhône, A380 pulvérisant le dôme d’une centrale, tremblements de terre de magnitude encore inconnue chez nous, attaques terroristes, plutonium mortellement répandu, etc.,etc.
La gauche a déjà fait fermer Superphénix, superbe innovation technique nous assurant un approvisionnement pour des dizaines d’années et un surplus d’indépendance énergétique. Elle récidive pour nous lancer dans des énergies encore non rentables et qui nourrissent une industrie étrangère que nous ne pourrons pas concurrencer.
Sur le plan économique, nous n’avons que comme solution la planche à billets de la BCE, clone de la Bundesbank. Incapables de mener une véritable politique de réduction des dépenses publiques, nous voulons simplement pouvoir emprunter au taux des allemands. Pour faire quoi ? Eponger nos dettes. Il ne faut plus compter sur la croissance, notre outil économique est en lambeaux et nos grandes firmes continuent à s’externaliser dans les pays à bas coût de main-d’œuvre et à marché demandeur, Chine, Russie, Brésil, Inde et même Afrique du Sud.
L’euro ne profite plus qu’aux allemands et ses satellites mais l’Allemagne a mangé son pain blanc car les grands pays autour d’elle vont flirter avec la récession et lui achèteront moins. Bruxelles n’accepte pas notre dernier plan de rigueur et notre hypothèse de 1% de croissance. Le journal « The economist » publie des chiffres qui s’éloignent largement des prévisions gouvernementales pour 2012 avec une augmentation prévisible de la dette de 8,2% et une dette représentant 92,5% du PIB.
Ceci nous placerait moins bien que l’Allemagne évidement mais moins bien que la Suède, les Pays-Bas, la Belgique et même que l’Italie ! Qui croire ? Pourtant il me parait évident que le compte n’y est pas avec le deuxième plan de rigueur et que l’on nous cache la réalité, comme on essaie de le faire pour Bruxelles, le FMI et les agences de notation. De nombreuses voix s’élèvent dont celle du Royaume-Uni pour dire que nous ne méritons pas notre AAA.
Ce qui est sûr c’est que la seule issue possible, si nous ne remettons pas en cause les traités, tient à une gouvernance européenne et allemande avec une BCE, banque fédérale de soutien aux états. C’est la solution du « je respire, on verra plus tard ». Notre tissu industriel n’y trouvera aucun souffle pour lutter contre la concurrence et les réformes structurelles seront faites à la petite cuillère pendant que la consommation ne pourra se relancer qu’en injectant encore plus d’argent pour booster le crédit. On sait comment cela se termine.
A ne pas vouloir faire une véritable remise en cause de notre engagement européen, on brûle nos dernières cartouches dans un monde économique pour lequel l’Europe est une simple variable d’ajustement. Les USA, en déclin mais accrochés au dollar, et les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui représentent avec le Japon 40% du commerce mondial, seront bientôt les maîtres du monde.
Dans une Europe devant la crise, les nationalismes ne feront que peser de plus en plus sur le « chacun pour soi ». L’Europe a perdu sa dynamique et ce n’est pas maintenant que l’on va la reconstruire si l’un des pays fondateurs ne fait pas entendre la voix du changement. Notre salut est à trouver en nous-mêmes, comme l’ont fait la Russie et l’Argentine, et nous ne manquons pas d’atouts mais ils nous sont bien spécifiques. Ils ne peuvent s’exprimer dans un costume en forme de camisole.
L’embonpoint et les recettes qui profitent aux uns
Peuvent donner des indigestions à d’autres !
Claude Trouvé