dimanche 20 novembre 2011

Faillite ou planche à billets de la BCE ?


Les évènements économiques vont se précipiter d’ici le 5 décembre 2011, date de la présentation du budget 2012 deuxième version ou troisième version. Nous disposons aujourd’hui des chiffres publiés sur l’année 2011, jusqu’au deuxième trimestre pour la dette publique et au troisième trimestre pour le PIB. Ceci permet de faire une projection sur la fin de l’année et sur l’année 2012 avec deux hypothèses de croissance du PIB. Ce calcul se veut résolument simpliste mais suffisamment proche de la réalité pour être révélateur de notre situation budgétaire.

Milliards d'euros
2010
Juin 2011
Sept. 2011
2011
2012 PIB+1,0%
2012 PIB+0,6%
Dette publique
1591,2
1692,7

1794,2
1997
1997
PIB


1491,4
1988,5
2008
2000
Dette/PIB
82,3%
86,2%

90,1%
99,5%
99,9%
Les chiffres en italique sont les prévisions, les autres sont fournis par l’INSEE.

Ces chiffres font l’hypothèse d’un simple report de la progression de la dette publique de 2011 sur 2012. Deux ajustements peuvent intervenir à contrario, la réduction des dépenses de l’état et l’augmentation du taux de remboursement de l’emprunt. L’augmentation de la dette publique sera de l’ordre de 200 Mds€ pour 2011 soit de l’ordre de 12,5% si rien de vient stopper son évolution sur le deuxième semestre 2011.

Par ailleurs nous avons atteint en juin 2011 l’objectif de dette/PIB, négocié à Bruxelles, de 86,2% pour la fin 2011 ! Pour rester sur ce chiffre à fin 2011, ceci supposerait que la dette n’augmente plus ce qui suppose 100Mds€ de réduction des dépenses, objectif intenable avec les nouvelles mesures votées. Contenir la dette pour rester dans l’objectif de 87,4% du ratio dette/PIB prévu initialement en 2012 suppose donc que la dette soit de 1754 Mds€ pour une croissance du PIB de 1,0% annoncée au budget et de 1748 Mds€ dans le cas beaucoup plus réaliste d’une croissance du PIB de 0,6%. On suppute ainsi que l’augmentation de la dette ne progressera pas plus d’une cinquantaine de milliards de fin juin 2011 à fin 2012 alors qu’elle a progressé de plus de 100 milliards en un semestre 2011.

Ces chiffres montrent clairement que l’objectif est insurmontable pour 2012. Il en résulte que la note AAA de la France peut difficilement être maintenue dès que le budget 2012 sera publié. Il reste à s’accrocher au FESF ou à la BCE pour diminuer le poids de l’intérêt de la dette avec des taux beaucoup plus bas. C’est la solution du pire, celle de la planche à billets qui ne fera que retarder l’échéance. Sarkozy s’y accroche, Merkel le rejette. Le couple Merkozy nous plonge dans la m…. !

A tire d’information et pour donner un autre éclairage au calcul simpliste ci-dessus, on peut exploiter les informations d’hier sur le site de « The Economist ». Cela donne un classement des nations assez édifiant pour 2012 si les prévisions sont tenues. Les deux critères examinés sont les plus importants aux yeux du monde.

%
Dette/PIB
Var. dette
Classt. Dette/PIB
Classt. Var. dette
Classt. final
Afrique du Sud
39,7
-0,8
1
2
1
Brésil
55,3
0,2
4
3
2
Norvège
43,8
1,4
3
4
2
Suède
39,4
7,8
2
10
4
Allemagne
77,8
3,5
8
6
5
Pays-Bas
72,1
7,2
5
9
5
Islande
128,7
-2,2
15
1
7
Autriche
74,8
7,9
6
11
8
Italie
121,6
2,9
14
5
9
Belgique
103,6
4,5
13
7
10
Portugal
94,6
6,4
12
8
10
Etats-Unis
76,3
13,9
7
15
12
Espagne
78,4
13,5
9
14
13
Royaume-Uni
84,6
10,7
10
13
13
France
92,5
8,2
11
12
13

Même si l’on doit tenir compte d’autres critères pour se faire une idée plus exacte, comme l’épargne par exemple, ce tableau laisse à réfléchir. Ces prévisions critiquables mais publiées par des professionnels reconnus montrent qu’un pays comme l’Islande, grâce à une politique de réduction des dépenses publiques et d’étalement du remboursement de sa dette, sort de sa crise de 2008.

Les prévisionnistes ne misent pas sur la France
L’euro protège les marchands
Cherchez l’erreur !
Claude Trouvé