Voilà un G20 terminé avec un
résultat on ne peut plus maigre et assorti à un vote grec, celui d’une nation
qui ne représente que 2% du PIB de la zone euro. Le couple Merkozy a œuvré pour
que la Grèce ne quitte pas la zone euro. Les messages largement adressés aux
politiques grecs « si vous sortez de l’euro, on vous coupe les vivres »,
ont remis le référendum… aux calendes grecques. On note le grand élan de
solidarité du style « Charité bien ordonnée commence par soi-même ».
Le mot d’ordre était : « Peu
importe la santé de la Grèce, l’important est de garder la Grèce et éviter la
contagion ». La Grèce va se mouvoir
dans une calamiteuse odyssée car nul ne peut penser qu’elle est capable de s’en
sortir même avec un apport de 100 milliards d’euros. Sa flotte, ses ports et
son tourisme ne peuvent même pas lui permettre d’équilibrer sa balance
commerciale. Avec une croissance intérieure plombée par la rigueur imposée au
peuple, la dette ne peut que s’accroître. Quel peuple pourrait supporter d’être
mis sous tutelle et affamé jusqu’en 2020 ?
Le peuple a été privé de la possibilité de s’exprimer
et la question était piégeuse. « Voulez-vous
oui ou non rester dans la zone euro ? », question piège puisque la
seule à laquelle peuvent répondre les grecs, c’est « Acceptez-vous oui ou
non les mesures d’austérité imposées ? ». On a fait savoir en même
temps que la sortie de la zone euro impliquait la sortie de l’euro. Pauvre Papandréou
surnommé « napa d’euro »… Les urnes seront dans la rue !
Tous les autres se sont défilés.
Les Etats-Unis nous font confiance (cela nous fait une belle jambe) et font de
vagues promesses sur les paradis fiscaux (on croyait que c’était déjà fait !),
les Chinois attendent de voir pour s’engager, la BCE a un message alambiqué
(les caisses sont vides), le FMI va servir de test-crash pour Berlusconi (la
confiance règne).
On note beaucoup de discrétion
sur l’Espagne qui va être la nouvelle cible des marchés et sur le Portugal qui
s’enfonce dans la paupérisation (des enfants s’évanouissent à l’école et doivent
être alimentés). Pas un mot non plus sur la croissance comme si la récession
était devenue un fait acquis.
L’Europe a étalé la faiblesse des
fondations de son édifice et du toit de son euro qu’elles ne supportent plus.
De toute évidence l’Europe est à reconstruire. Même si la sortie de l’euro pour
la Grèce est sans doute, une option finalement préférable, elle est
politiquement difficile à faire accepter. C’est la même chose en France. Alors
une question se pose : « l’euro existe, peut-il encore être sauvé ? ».
Une idée fait son chemin et
pourrait être une façon pragmatique de le sauver en tenant compte du chemin
parcouru. Un certain nombre de pays, soit ne pourront répondre aux critères
imposés sur la dette, soit ne le peuvent que par une aide permanente. D’autres
pays frappent à la porte mais sont des pays faibles économiquement. Il peut
cette fois être viable de permettre à des pays comme la Grèce de sortir dans
une zone « sas », zone qui serait aussi une zone d’entrée dans l’UE
avant la zone euro. L’euro n’y serait plus imposé et on pourrait y établir un
SME (le serpent monétaire européen qui a très bien fonctionné en 1998).
L’Europe aurait sans aucun doute
dû commencer par là. L’Allemagne l’a déjà compris en délocalisant une partie
importante de sa production dans les pays à bas coût, comme nous avons-nous fait
venir les immigrés il y a trente ans. Même si la présence d’un pays dans la zone
« sas » n’est destinée qu’à être provisoire, ils peuvent servir actuellement
l’Europe à mieux résister dans la concurrence mondiale.
Le risque des pays de la zone
euro ne serait pas définitivement écarté mais la charge serait moins lourde.
Toutefois « la rigueur à l’allemande », s’imposerait dans la
gouvernance économique (à la merci de l’Allemagne). Elle est réclamée comme une
assurance tout-risque par la France. Dans ce cas elle ne doit imposer à la France
qu’une cure d’austérité progressive et programmée sur ses dépenses publiques et
non une ponction supplémentaire sur les sociétés et les classes moyennes, les
seules vraies pourvoyeuses de l’impôt. Il y a 100 milliards à gagner sur les
dépenses de l’Etat et des collectivités territoriales pour se rapprocher de celles
de l’Allemagne.
Sortons de ce Vaudeville frénétique où la presse n’a même plus le temps
de faire imprimer les gros titres de la prochaine édition !
Claude Trouvé