Nous sommes devant une situation
paradoxale qui veut qu’un peuple, désinformé depuis des décennies sur la
situation réelle de la France comparée à situation moyenne des pays de l’UE et
du monde, se trouve jeté dans les bras d’un représentant patenté de l’oligarchie
financière et de plus en partant d’un gouvernement de gauche dont les français
ne voulaient plus. Pire après le ralliement rapide des ministres de Hollande,
encouragés par celui-ci, c’est principalement la droite, qui toute honte bue, qui
va grossir les rangs de l’hologramme de Hollande. Le fait qu’une probable
majorité de français se lance dans une troisième expérience, qui ne peut que
donner des résultats au mieux pas plus mauvais que les deux précédentes, est
symptomatique d’un peuple en dérive démocratique. Il se prépare dans ce cas soit
à une nouvelle monarchie soit à un chaos qui devra être géré dans une fermeté
qui touchera aux libertés individuelles. Mais si cette majorité se dégage en
faveur du couple NDA-Marine, l’arc républicain en désuétude retrouvera
immédiatement une nouvelle jeunesse, tant le slogan affiché « tous contre
le fascisme de Marine » est mobilisateur. Le chaos est alors
inévitable. Évidemment la véritable raison qui mobilise l’arc républicain contre
Marine c’est la peur de voir la France secouer l’UE au point de la faire
exploser.
Dans les deux cas la France
va entrer dans une période trouble dont on ne sait pas dans quel état elle en
sortira. Sa division très nette, entre un centre informe mais accroché à l’UE
et des extrêmes concurrents qui veulent renverser la table, va la laisser en
état d’infériorité face aux grands bouleversements qui s’annoncent dans le
système monétaire mondial, le risque imminent d’un krach financier dans l’UE, les
divergences de plus en plus évidentes entre les pays membres, et l’implication
de plus en plus grande des Etats-Unis dans le fonctionnement de l’UE sur le
plan économique et militaire (cf. TAFTA et troupes américaines aux frontières
est). Le français moyen n’a pas encore compris que son argent file vers la
grande finance et que ce n’est pas par hasard mais d’une façon parfaitement
voulue et orchestrée. Ce n’est pas pour rien qu’une oligarchie financière, qui
réunit le haut du panier des banques, banques centrales comprises et des
grandes multinationales, a pris les commandes de la très grande majorité des
médias occidentaux. C’est un formidable levier de propagande et donc de
formatage de l’esprit des électeurs et des consommateurs. Tout putsch dans un
pays commence par la prise de contrôle des médias. Or c’est bien un putsch que
réaliserait Macron, inconnu il y a peu, non élu, et vendu comme un paquet de
lessive par les médias et la connivence d’un Hollande bien briffé dans ce sens
par cette oligarchie.
Jusqu’à présent la tentative
de masquer au peuple la véritable cause de cette pompe aspirante du bas vers le
haut, un haut d’ailleurs en grande partie hors de nos frontières dans des
multinationales apatrides, a fonctionné en portant Macron vainqueur du deuxième
tour après le tri, aidé par les médias, fait par les électeurs lors des
primaires et du premier tour de la présidentielle. Le pays s’appauvrit par le
bas, le petit peuple et les classes moyennes. La pauvreté touche désormais un
nombre croissant de personnes de tous âges. Les organismes de secours viennent
de plus en plus pallier à détournement de l’Etat de la pauvreté pour engraisser
les plus grosses entreprises et particulièrement les multinationales. Si
l’ouvrier licencié crie son désespoir, le salarié public et privé finit par s’accommoder d’un chômage endémique et de
la précarité de son emploi tant que cela lui permet de vivre, mais certains
subissent le burn-out.. Les petits paysans triment un peu plus et baissent la
tête de peur ne n’avoir plus les subventions européennes mais un par jour se
suicide.
Car c’est bien là le cœur
des raisons qui font fuir une partie de l’électorat vers Emanuel Macron parce
qu’il représente la sécurité dans la continuation d’un processus européen dont
une bonne partie des électeurs n’est pas en mesure de juger de l’impact négatif
que cela a sur notre pays. Le matraquage médiatique et politique systématique
du catastrophisme de la sortie de l’Euro marque les esprits pour longtemps. C’est
un fait politique qu’a parfaitement compris Marine Le Pen dans son discours
d’aujourd’hui où elle a soigneusement évité de parler de sortie de l’euro et de
sortie de l’UE en le noyant sous l’affirmation de la reconquête de notre
souveraineté. Pour tous ceux qui ont un peu de connaissance des traités de
l’UE, il est improbable que Marine Le Pen puisse faire bouger une ligne de
ceux-ci sans soulever des protestations de beaucoup d’autres pays. En
conséquence ces promesses se heurteront à la réalité, comme les promesses
dispendieuses de Mélenchon se seraient heurtées à la réalité économique et
financière de notre pays.
A ce propos je note que des
agriculteurs s’accrochent à la PAC donnée selon eux par l’UE, aide sans
laquelle ils ne peuvent plus vivre. A l’argument logique qui consiste à faire
comprendre que l’UE ne crée aucune aide et n’est qu’une simple pompe aspirante
de nos sous et refoulante pour partie vers nous, ils opposent cet argument de
logique ancienne du « un tien vaut
mieux que deux tu l’auras ». Le manque de confiance dans les promesses
de nos politiques fait ainsi perdurer un système mortifère. Nous versons 23
milliards à l’UE qui nous en restitue 14 dont 9 pour la PAC. C’est pourtant
simple de comprendre que nous versons un solde de 9 milliards à l’UE et que ,sur
les 23 milliards récupérés en sortant de l’UE, il est facile d’en redonner 9 ou
plus aux agriculteurs. Ce raisonnement d’une logique incontournable n’imprime
toujours pas parce que le catastrophisme de la sortie de l’UE est désormais
ancré dans notre cerveau reptilien.
C’est bien pire pour la
sortie de l’euro car Xavier Bertrand n’est pas le dernier à enfoncer le clou du
catastrophisme. « Si vous gagnez
mille euros, devenus mille francs, et que le franc se dévalue de 18% par
rapport à l’euro, vous perdez 180 euros, et vous ne pouvez plus vivre ».
Cela porte comme la logique élémentaire capable de vous faire prendre les
vessies pour des lanternes. Premièrement l’affirmation des 18% de perte n’est
pas vérifiée par les interlocuteurs ou les spectateurs. Le 3 mai 2016 la livre
s’échangeait contre 1,264 euros, le 1er mai 2017 la livre s’échange
contre 1,186 euros. Elle s’est donc dévaluée de 6,58% et non de 18% soit
presque trois fois moins ! Le FMI prévoit d’ailleurs une dévaluation du
franc de l’ordre de 6% en cas de sortie de l’UE et les estimations de la plupart
des organismes liés à la finance prévoient une dévaluation de 6 à 10%. Mais le
raisonnement de Xavier Bertrand oublie de dire que la baguette de pain faite à
partir de blé cultivé en France passera aussi de 1 euro à 1 franc. Si l’on
paiera un peu plus cher les produits importés comme l’électroménager et
l’habillement, il y a fort à parier que les producteurs étrangers rogneront
leurs marges pour garder le marché français. D’ailleurs l’euro valait 1,153
dollars le 2 mai 2016 et ne vaut plus que 1,089 aujourd’hui. Cette baisse de
5,9% est passée inaperçue du consommateur. On peut parler du pétrole où 75% de
taxes diminuent les effets du prix du brut à la pompe que ce soit à cause des
fluctuations de son prix de marché, avec une baisse de 50%, soit à cause d’une
dévaluation.
A contrario le pari de doper
l’économie française de 6% par une politique d’austérité diminuant le pouvoir
d’achat (ce que l’on nomme la dévaluation interne) avec un report d’aide aux
entreprises est très difficile à gagner et l’exemple grec et italien est là
pour le démontrer. Quant à la dette publique et privée libellée entre 97% et
98% en monnaie nationale, elle passera automatiquement pour ces pourcentages
sous la dénomination franc au lieu d’euro comme le veut la loi internationale de
la « lex monetae ». Celle-ci a d’ailleurs été appliquée dans l’autre
sens au moment du passage à l’euro. Enfin en ce qui concerne les taux
d’intérêts sur les emprunts, on peut juger avec le Brexit que cela n’affecte
pratiquement pas le Royaume-Uni parce que c’est la confiance des prêteurs dans
l’économie du pays qui influe sur les taux. L’économie britannique se porte
bien, à nous d’en faire autant avec le dopage d’une dévaluation qui boosterait
notre compétitivité immédiatement de 6% par rapport à l’Allemagne, mais aussi à
tous les pays du monde.
Si les français ont peur de sortir de l’UE
C’est parce qu’ils n’ont pu entendre
Que la voix médiatique et politique
De ceux qui ont intérêt à ce…
Qu’ils restent dans l’UE,
L’intérêt de la Finance,
A leur détriment !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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