Quatre évènements majeurs récents font évoluer la géopolitique
mondiale : le référendum britannique sur le Brexit et l’amorce des
négociations de sortie, l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, le vote en Iran
qui conforte la stabilité du pays et le renforcement des liens entre la Russie
et la Chine. La France est concernée par l’élection de son nouveau Président,
mais son engagement ferme pour l’UE n’apparaît pas changer beaucoup la
géopolitique mondiale. De tous ces évènements on constate deux choses, le
passage d’un monde unipolaire à un monde multipolaire, la constance de la
politique hégémonique des Etats-Unis tissant des relations nouvelles avec les
pays occidentaux. Le sommet du G7 met en lumière les évolutions dues à la
personnalité de Donald Trump, et au déplacement du centre du monde de l’Atlantique
Nord au Pacifique Nord. L’hégémonie reste une constante de la stratégie
américaine mais elle prend une autre forme d’application.
Trump est un businessman, pas un diplomate. Il négocie comme
le fait un chef d’entreprise avec un client. Son attitude avec l’Arabie
Saoudite est révélatrice, il y a fait du business sans état d’âme. La guerre
doit être un soutien à l’économie américaine et éviter que des pays viennent la
perturber par des réticences à obtempérer lorsqu’ils jugent les actions sur eux
non équitables, voire prédatrices, ou qu’ils viennent se mêler d’affaires hors
de leur territoire sur des chasses gardées américaines. Trump agit avec l’Arabie
Saoudite, comme nous l’avons fait, mais il ne se cache pas derrière de faux
prétextes, il y va pour faire du commerce. La guerre se traite à part, mais l’Iran
peut venir troubler le jeu de mainmise sur les richesses du sous-sol syrien et
irakien. Il faut lui faire savoir que ce n’est pas son affaire. C’est un ennemi
comme la Russie sur le théâtre du Moyen-Orient. Les pays du Golfe mènent une
guerre religieuse, c’est leur affaire, pense Trump.
Il en est de même sur le climat qui n’a pas obtenu un consensus
du G7. Trump n’est pas un idéologue, c’est un homme pragmatique. Quand un
entrepreneur se lance dans une affaire, il mesure le gain possible par rapport au
risque. C’est ce genre de raisonnement que fait Trump en mettant en balance le doute
scientifique et les conséquences financières. Sa prise de position va
inéluctablement relancer le débat et redonner de la vigueur à un débat où la
contestation a été muselée. Si l’on a encore une étincelle de doute, il suffit
de lire la traduction de la conférence de Richard Lindzen pour se convaincre
que celui-ci est permis : https://static.climato-realistes.fr/2017/05/Lindzen-Richard-trad-Veyres-def.pdf
.
Cette attitude de Trump se concrétise à nouveau dans les
discussions sur l’OTAN. Après avoir dit que l’OTAN ne servait plus à rien,
sous-entendu coûtait trop cher, et que le mieux était de rétablir des relations
plus normales avec la Russie, Trump s’est fait rattraper par le
complexe-militaro industriel et se voit mis en danger par un soupçon d’intelligence
avec l’ennemi. Il réagit en reprenant l’idée de faire plus payer les
partenaires vassaux au budget de l’OTAN. Il ne parle plus de son inutilité en
Europe, mais fait passer l’idée de l’extension des objectifs de l’OTAN aux
conflits du Moyen-Orient. De ce fait les pays européens et les autres prendront
chacun une part plus importante que leur propre dépense sur ce théâtre d’opération.
En résumé la France paiera plus pour la présence de l’OTAN en Europe, et plus
pour la présence de ses armées au Moyen-Orient. Cerise sur le gâteau, la France
faisant partie de l’OTAN ne pourra plus se dégager du conflit du Moyen-Orient,
qui est la zone où les produits pétroliers sont plus importants pour Trump que
le sort de l’Ukraine, pays qui va sombrer tout seul. Il suffira de le ramasser
à coups de dollar.
L’arrivée de Trump change totalement la donne des relations
multinationales, la guerre commerciale est son credo. Sa reprise en main par le
« shadow cabinet » l’oblige à donner des gages à la guerre. C’est le
cas en Extrême-Orient avec la Corée du Nord où la présence américaine dans ce
secteur est contestée. L’hégémonie américaine ne peut supporter qu’un pays la
défie et le bouclage de la ceinture autour du duo Chine-Russie est une priorité
de la stratégie militaire américaine. En résumé Trump fustige l’Iran qui vient
mettre son nez dans un pré-carré pétrolier américain au Moyen-Orient, mais le
complexe militaro-industriel est prêt à lui faire appuyer sur le bouton de la
destruction de la Corée du Nord. Résistera-t-il longtemps à la pression des
faucons, comme l’a fait Poutine pour l’Ukraine et ses républiques rebelles,
cela reste une inconnue et dépend seulement de la façon dont Trump pourra se
sortir de la procédure de destitution qui mûrit contre lui. Poutine pouvait
compter sur son peuple.
A tout seigneur tout honneur, il me fallait parler d’abord
des États-Unis, deuxième puissance économique et première puissance militaire
du monde. Avant de quitter ce sujet, la France ne peut pas poser un problème
aux Etats-Unis dans la mesure où elle se tient coi sous la bannière de l’UE, s’engage
résolument dans la guerre au Moyen-Orient, et ne manifeste pas son désaccord
sur l’extension des missions de l’OTAN. Sylvie Goulard, la nouvelle Ministre
des Armées, vient justement de révéler que nous avons des troupes au sol en
Syrie… et en toute illégalité vis-à-vis de l’ONU. Que demander de plus à notre
pays ? Macron prend une gifle pour le climat, mais bof… c’était la grande œuvre
de son prédécesseur ! La France n’est qu’un marché à prendre par le TAFTA,
et une puissance économique à laquelle il faut prendre ses marchés… comme en
Arabie Saoudite.
Par contre, sur le Moyen-Orient, une fêlure s’agrandit entre
le Royaume-Uni et les États-Unis. Le Brexit signe aussi une nouvelle ère de la
géopolitique britannique. Le Royaume-Uni n’oublie jamais son histoire et le
fait que c’est les États-Unis qui lui ont volé la domination sur le monde. Ce
pays, rompant le carcan contraignant avec le continent européen pour n’en faire
qu’un partenaire économique privilégié, se tourne désormais vers le monde. Il a
quatre atouts : la City, première bourse mondiale, la première puissance maritime
avec son domaine maritime qui s’étend sur le monde entier, la langue anglaise,
et les restes du Commonwealth. Ses anciennes relations coloniales, avec l’Inde et
l’Australie en particulier, lui ouvrent des perspectives commerciales sur toute
cette partie du monde en pleine croissance. Forte de ce nouveau statut d’un
Brexit en cours, le Royaume-Uni fait savoir aux États-Unis qu’il entend ne pas
être un vassal mais un partenaire exigeant sur ses propres intérêts. Il a
exprimé sa volonté de mener des actions plus personnelles en Syrie et envers
Daech. N’oublions pas qu’il a, avec la France, pesé lourdement sur le destin de
ces pays du Moyen-Orient.
Le parallèle de la politique étrangère française et celle qui
se dessine au Royaume-Uni montre bien que nous avons choisi le parapluie de l’OTAN,
ainsi que le carcan d’une Europe, et la vassalité à l’UE, où l’Allemagne ne
cesse d’augmenter son poids, et aux États-Unis qui drivent l’UE et l’OTAN. La France
a restreint son ambition à être la deuxième puissance européenne en tandem de
la machine allemande, et à être le fantassin et le
pourvoyeur de l’hégémonie américaine. Il ne nous reste plus qu’à voir les bases
américaines s’installer sur notre territoire sous couvert de l’OTAN comme cela
s’amplifie partout en Europe. Le nouveau siège de l’OTAN à Bruxelles, qui a
coûté plus d’un milliard, n’est que le symbole d’une UE voulue par les États-Unis sur laquelle va peser inéluctablement le poids économique et
militaire d’une puissance étrangère qui n’y voit que ses propres intérêts. Le Royaume-Uni
choisit la voie de l’indépendance et de l’ouverture au monde avec l’axe des
relations économiques, une politique étrangère propre et le sentiment d’être un
grand pays qui peut se débrouiller seul. La France de Mitterrand a pensé le
contraire et accepté les chaînes d’une UE non démocratique, et vassalisée.
Le
peuple français ne croit plus en son destin depuis.
Le prochain article s’intéressera aux évolutions de la
géopolitique vis-à-vis de la Russie et de la Chine.
L’histoire plus ou
moins récente a des constantes.
Le Royaume-Uni veut en
tirer un nouvel élan
Les États-Unis
hégémoniques privilégient
L’économie sur la
puissance militaire
Mais la guerre reste
totale.
La France se replie,
Elle en oublie…
Son histoire !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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