Le Système, celui qui
nous lie à l’UE, à Washington et, au-dessus de tout à l’oligarchie financière
anglo-saxonne, vient de remporter une écrasante victoire avec un score sans
appel de 65%. Le Hollande-bis a réussi grâce d’une part à une mobilisation
médiatique et « sondagière » sans précédent, et d’autre part grâce à une habile destruction
ou mise à l’écart de ses adversaires les plus dangereux. Les têtes sont tombées
les unes après les autres, les anciens partis sont plus ou moins éclatés. Le
parti attrape-tout « En Marche » a récolté non seulement tous les
débris des électeurs désabusés des anciens partis mais les hommes politiques
fuyant les navires verts-gauche-droite en perdition pour rejoindre le
navire-amiral en toute hâte. Contrairement à l’honneur maritime, ils ont même fui
les premiers sans se préoccuper de savoir s’il restait assez de chaloupes pour
les autres. Exit les Verts, dont tout le monde revendique la dépouille, exit le
PS qui se replie sur un moignon asservi, exit la France insoumise dont le
leader vient de faire une dramatique allocution de réunion d’électeurs divisés
en trois aspirations, exit le parti communiste qui s’isole de plus en plus,
exit le flamboyant parti « Les Républicains » qui ne s’est par remis
de sa primaire et des affaires, exit aussi le FN dont Marine Le Pen vient d’annoncer
la mort et la résurrection sous un autre nom.
« Le changement c’est maintenant » disait Hollande, il disait
vrai pour son clone de 2017. L’aveuglement de la majorité du peuple a été total.
Le jeune coq a fait oublier que son passage auprès de son protecteur Hollande,
attitré par le Système, avait été catastrophique pour le patrimoine français et
qu’il n’avait été qu’un vil serviteur des directives européennes. La France,
lassée de ses traditionnels partis de gouvernement, voit encore dans ce jeune
Président poindre un nouvel élan avec le sentiment d’un bol d’air frais après
tant de déceptions. Ce raisonnement porte
pourtant en lui non le changement mais la continuité. Puisque gauche et droite
ont failli, on va les réunir… pour faire la même chose en pire, parce que la
réunion ne dépassera guère les législatives. Si gauche-droite ne veut plus rien
dire, les vieux clivages idéologiques ne disparaîtront pas pour autant. La
victoire sans appel d’Emmanuel Macron n’est qu’une victoire à la Pyrrhus car
elle ne masquera pas longtemps le vrai débat qui s’est insinué durablement dans
cette campagne, c’est l’appartenance ou non au Système, et en fait à l’UE comme
vont le découvrir progressivement les électeurs non moutonniers.
Mais si cette victoire est
si éclatante, c’est que la vieille tactique de Mitterrand a encore fait
merveille, celle de faire en sorte d’avoir un parti d’extrême droite
suffisamment fort pour faire peur de la Bête immonde, de façon à avoir un
second tour de la Présidentielle où l’arc républicain se réunit dans un sursaut
de sauvetage de la République, de la démocratie et des droits de l’homme, pour
renvoyer dans sa niche ce parti monstrueux. Cela vient de marcher pour la
huitième fois. Macron n’a pas atteint le score de Chirac parce que les
abstentionnistes ont été plus nombreux. Néanmoins cette fois, Marine Le Pen
avait réussi à faire croire aux français qu’elle n’entendait pas faire de sa
campagne, une campagne raciste ou nationaliste au plein sens péjoratif du
terme. La fermeture des frontières restait son signe distinctif mais elle se
montrait leader d’une sortie de l’euro, voire de l’UE s’il fallait en passer
par là. Elle avait ajouté le référendum pour montrer que ce parti n’était pas
fasciste mais démocratique.
La partie était jouable à
condition de rester ferme sur ces dispositions de départ et être capable de
répondre point par point sur la faisabilité économique de ce projet de conquête
de l’indépendance française en évitant le terme de souverainisme qui a une
connotation trop marquée. L’indépendance est un choix politique qui peut
traverser toutes les sensibilités politiques. Mélenchon, exclu d’assez peu du 2ème
tour, avait des électeurs prêts à entendre ce langage, car il avait porté
plusieurs coups sur le fonctionnement de l’UE et la réforme nécessaire.
Malheureusement l’ignorance que rien ne peut se faire dans les changements
profonds des traités sans l’unanimité des pays membres, les sondages montrant
que la majorité des français ne voulaient pas sortir de l’euro, a fait évoluer
le discours de Marine vers son socle de lutte contre l’immigration et la sécurité
contre les terrorismes.
Elle s’est avérée incapable
de soutenir un vrai combat sur la sortie de l’UE, de l’euro et de l’OTAN, les
trois grands liens de dépendance de la France. Repliée sur son pré carré des
fondements du FN et ses mesures sociales pour son nouvel électorat populaire,
incapable de soutenir les attaques des européistes sur le catastrophisme de la
sortie de l’euro et même de justifier les économies permettant ses dépenses
sociales nouvelles, elle a brûlé toutes ses chances de parvenir au-moins
au-dessus des 40% de votes favorables. Le ralliement tardif de Nicolas-Dupont
Aignan est apparu comme une manœuvre politique des 70 dernières heures alors
que ce candidat s’était violemment opposé à elle avec son « Ni Système, ni extrême ». Il avait
ajouté à cela qu’il était contre la sortie de l’UE mais pour des négociations
sur les traités, ce qui ne clarifiait pas les choses. Marine Le Pen, en
ajoutant l’aide aux handicapés et le poste de Premier Ministre, s’est en fait
handicapée elle-même. Ses dernières interventions ont jeté le flou sur la lutte
contre l’UE, et ont même fait penser que la sortie de l’euro était un acte
difficile donc risqué. La monnaie commune au-dessus de la monnaie nationale s’est
avéré un concept intéressant mais politiquement invendable.
Le couple NDA-FN a réussi cet exploit de faire
voter pour un Système que les deux avaient combattu dans leurs programmes et de
passer à côté, non d’une victoire impossible, mais d’un véritable
questionnement d’une presque moitié des électeurs sur l’utilité de la France de
rester dans l’UE et la monnaie de la zone euro. Cela en dit long
malheureusement sur les qualités politiques de ces deux là. Le scepticisme sur
les avantages que la France peut retirer de l’UE, acquis en début de campagne,
s’est affaibli le 7 mai. Voilà le bilan le plus catastrophique que nous
retirons de ce deuxième tour où l’incapacité et l’erreur politique ont fait des
dégâts. Il faut que les non-européistes convaincus se disent que l’on ne peut
pas espérer sortir de l’UE en s’appuyant sur des partis que l’opinion centrale
majoritaire des français rejette.
C’est donc une union
gauche-droite, même si cela ne veut plus rien dire, avec le centre des opinions
que l’espoir peut exister. Si ce mouvement crée une nouvelle dynamique de
rassemblement, il aura l’appui des partis plus extrêmes sans leur vendre son
âme. On aura alors une nouvelle partition claire des opinions politiques, les
européistes et les non-européistes. L’aide des partis plus extrêmes pourra y
ajouter des sensibilités différentes sur les mesures sociétales, le traitement
de l’immigration et la lutte contre l’islamisme radical. Ils enrichiront les débats.
Tout est à repenser et les législatives apparaissent comme une étape cruciale à
ne pas manquer. Il importe que tous les leaders clarifient leur position sur le
sujet de l’Union Européenne, car il reste le sujet le plus important pour notre
avenir. Choisir la dépendance, c’est choisir la servilité au grand monde de la
Finance internationale et restreindre la vocation universelle de la France au
cadre étroit de l’UE. La France est plus forte que la Suisse, l’Islande ou la
Norvège qui réussissent mieux qu’elle. Il ne lui reste qu’un seul handicap, c’est
d’y croire et de rejoindre le Royaume-Uni dans la reconquête de ce qui fut leur
grandeur et qui n’a aucune raison de ne pas le redevenir.
C’est un choix gaullien qui est de nouveau posé.
Ce choix, bafoué par nombre de ceux
Qui se réclament de son héritage,
C’est l’indépendance
De notre pays !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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