Avant de regarder au-delà du monde occidental, il faut jeter
un dernier coup d’œil sur l’Union Européenne où les dissensions prennent de l’ampleur
au fil des mois désormais. Si La France de Macron se dit prête à resserrer les
rangs autour de Merkel, les idées qu’évoquent certains des grands pays
endettés, dont la France, génèrent déjà de vives réactions. L’idée d’un
gouvernement de la zone euro ne peut évidemment pas faire la joie d’un grand
pays comme la Pologne, la poursuite de cette idée ne peut que créer une cassure
entre zone euro et hors zone. Mais à l’intérieur de la zone euro, l’idée d’avoir
une politique économique commune et surtout celle de mutualiser la dette, est
loin de faire un consensus. La Finlande vient même de faire savoir que si cette
idée lui était imposée, elle n’hésiterait pas à sortir de cette zone donc d’engager
un Finexit puisque la sortie de la zone n’est pas prévue dans les traités. On
sait de plus que nombre de pays font des accommodements avec le traité de
Schengen, allant jusqu’à fermer leurs frontières comme la Hongrie. La gestion
du flux migratoire va continuer à polluer les discussions internes à l’UE.
Le problème de fond de la primauté de l’Allemagne, dû à son
excédent commercial brandissant et à la baisse des exportations des pays où l’euro
est trop fort pour leur économie, génère de plus en plus une attirance des
capitaux sur la Bundesbank dont surtout les obligations pourries. En cas d’éclatement
de l’UE, chacun se prépare à mettre ses œufs dans le meilleur panier. Une
énorme bulle est en train de se former en Allemagne bâtie sur des valeurs
papier… sans valeur. Par ailleurs les mouvements indépendantistes prennent de l’ampleur
constamment, dopés par le Brexit. L’arrivée de plus en plus massive de troupes
américaines (de l’OTAN) sur le sol de l’UE ne fait qu’attiser ces sentiments de
dépossession et d’envahissement d’autant plus que ces arrivées se font de moins
en moins discrètes. Ajoutons enfin que la situation de l’Italie et de la Grèce
ne cesse de se dégrader rapidement. Les conditions imposées à la Grèce pour
débloquer une nouvelle tranche du prêt sont un nouveau tour de vis à leur
niveau de vie. En plus les prêts sont accordés en dollars, ce qui fait qu’il
devient de plus en plus difficile pour la Grèce d’envisager une sortie de l’euro,
ceci se ferait avec une dévaluation de 50% de la drachme alors que les prêts ne
seraient pas automatiquement convertis 1 pour 1 dans la nouvelle monnaie
nationale.
Le pré carré de l’Europe sous contrôle américain ne
cesse de s’agrandir. La Turquie remet la pression pour son intégration avec la
victoire d’Erdogan aux élections. Les Etats-Unis ne font que l’encourager car
il faut faire coïncider OTAN et UE. L’Ukraine qui sombre dans la misère et dans
une prise de pouvoir des nazis ne respecte plus les accords de Minsk. Le sujet était
à l’ordre du jour de la rencontre Macron-Poutine aujourd’hui. On ne peut pas en
espérer une évolution notable car les américains ont mis des personnels à eux
dans les principaux rouages ukrainiens, particulièrement financiers. L’UE est
absente et rien ne peut être résolu sans qu’un accord États-Unis – Russie se
fasse sur le sujet. On peut prévoir que cela devra se terminer par l’indépendance
des Républiques du Donbass et de Lougansk. Le reste de l’Ukraine sera avalé par
l’UE et l’OTAN. Les États-Unis viendront se mettre un peu plus près des
frontières russes selon la tactique habituelle d’encerclement. La Russie aura
définitivement récupéré la Crimée et se dotera d’un matelas territorial ami
avec ces républiques indépendantes mais en fait tournées vers elle par la
langue et l’économie.
La stratégie
américaine d’encerclement se corse par une action de déstabilisation des
peuples hostiles, non coopérants ou proches des ennemis, la Russie et la Chine.
Par exemple la collusion entre la CIA et le dalaï-lama a été révélée. Elle
explique la rébellion tibétaine qui a été sévèrement jugulée par la Chine. On
aide une partie d’un peuple en souffrance de liberté ou de niveau de vie à
prendre les armes contre « l’oppresseur », le pouvoir en place à
déstabiliser. Ce schéma est suivi partout, et l’a été plus près de nous en
Libye et en Syrie. Mais cela existait déjà en 1980 où les moudjahidin, financés par la CIA et les services saoudiens, ont
déstabilisé l’Afghanistan et obligé les soviétiques à intervenir neuf ans plus
tard dans une guerre qui fut leur Vietnam et entraîna la chute de l’URSS. Les « arabes
afghans », formés à cette occasion, furent ensuite dispersés sur d’autres
théâtres d’opération pour déstabiliser un peu plus encore l’influence russe sur
l’espace eurasien de l’ère post soviétique. La hantise de la suprématie
américaine c’est la constitution d’un bloc eurasien, c’est une des deux raisons
majeures de leur volonté de création de l’UE : couper l’Europe de l’Asie.
Le Caucase et ses richesses pétrolières restent un
lieu privilégié de l’action de la CIA, qui a déjà sévi en Tchétchénie, en
Ossétie et en Azerbaïdjan. Même l’Ukraine, avec sa révolution de la place
Maïdan, n’a pas échappé à la stratégie du pourrissement. Celle-ci a deux
facettes, une facette soft qui concerne les pays que l’on dit alliés pour ne
pas dire vassaux, et une facette hard pour les récalcitrants ou les pays à
déstabiliser pour des raisons économiques ou militaires. La facette soft se
contente d’actions ponctuelles de terreur sur la population civile avec un
nombre de victimes suffisamment conséquent pour voir le peuple accepter des
mesures de plus en plus contraignantes sur ses libertés. Ces terroristes, loups
plus ou moins solidaires, peuvent être autonomes et même agir sous leur seule
impulsion religieuse, le tout est de maintenir un niveau de peur. Cela assure
les États-Unis qu’une stabilité du pays concerné sera maintenue sous la
contrainte. Pour la facette hard, il s’agit au contraire de véritables combats
avec des groupes puissamment armés et aidés financièrement par les pays du
golfe avec plus que l’assentiment des États-Unis.
L’évolution primordiale actuelle de la géopolitique
mondiale change la donne pour les États-Unis. Les fondements de leur politique
de suprématie va continuer mais l’alliance de plus en plus étendue entre la
Chine et la Russie, qui agglutinent autour d’eux de grands pays comme l’Inde,
le Brésil et l’Afrique du Sud, les BRICS, dressent devant les Etats-Unis une
force militaire et économique de poids équivalent. Les BRICS n’ont pas l’intention
de faire une union, comme l’UE, qui s’acheminerait vers la disparition des États, mais au contraire un ensemble de pays signant des accords
gagnant-gagnant pour leurs pays respectifs. La Russie et la Chine y incluent
des investissements énormes sur les infrastructures reliant l’Ouest et l’Est de
l’Asie par voie terrestre et maritime, les nouvelles routes de la soie. De toute
évidence il s’agit à terme de relier l’Est de l’Asie à l’Ouest de l’Europe. Mais
ils ajoutent des accords stratégiques et militaires, ainsi qu’une fusion de
plus en plus étendue de leurs monnaies.
Tout ceci explique le durcissement de la politique
américaine des faucons à laquelle Trump doit donner des gages. Il a choisi l’Iran
pour montrer sa détermination et lui permet de contenter Israël et l’Arabie
Saoudite où il parle commerce. Mais la gente militaro-industrielle a les yeux
tournés vers le Pacifique. La Corée du Nord est désignée comme pays
récalcitrant et menaçant, de même que les Philippines, ancien allié fiable.
Pour la Corée, une guerre d’anéantissement se prépare. Pour les Philippines on
lance les opérations de combat intérieur avec des groupes « musulmans »
d’une autre obédience, armés et financés contre le « dictateur ». Les
combats commencent. En résumé Trump, qui a relancé une guerre économique plus
intense et le rapatriement des industries américaines, ne pourra pas s’opposer
à ceux qui ont programmé le Nouvel Ordre Mondial. Celui-ci vise à l’asservissement
des peuples pour lequel la guerre est un excellent moyen. La France de l’UE est
condamnée à suivre parce que l’UE et l’OTAN sont des agents de la suprématie
américaine.
Les français qui s’apprêtent à donner en juin encore une large majorité
A un Président qui a juré fidélité aux puissances qui l’on poussé
Sont condamnés aux mêmes illusions pour cinq ans de plus.
Mais ils vont voir que le sort de la Grèce devient le leur
Que notre pays pourrit son identité petit-à-petit
Selon une stratégie inexorable « En Marche »
Et jureront un quinquennat plus tard
Que l’on ne les y prendrait plus
!
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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