On ne pouvait pas imaginer
pire que le débat d’hier, que j’ose à peine traiter de Présidentiel, tant sa
hauteur était proche du caniveau. Pauvre France… J’ai mal pour tous ces jeunes
qui rêvent au son des mots, dont ils ne comprennent pas vraiment le message
subliminal de cet illuminé qui se prend pour Jeanne d’Arc, le Hollande-bis
concocté par la Grande Finance. Il y a un véritable désarroi dans une jeunesse
pour qui l’entrée dans la vie est devenue plus difficile que pour leurs
parents, c’est malheureusement vrai et ils ont besoin d’espoir printanier. Les
trente glorieuses ont pris de l’âge et les suivantes sont pavées des erreurs
volontaires ou commanditées de nos dirigeants. Le débat d’hier était l’occasion
de tenter d’ouvrir le vrai débat de la continuation dans l’UE ou non, il s’est
perdu dans l’invective, les « mesurettes », et un débat à peine à la
hauteur de celui qui doit avoir lieu pour les législatives.
A ma gauche, un perdreau psychopathe de
l’année (selon un psychanalyste italien), à ma droite une fille de famille
schizophrène (selon une psychanalyste française), ont donné un spectacle de
boxe thaïlandaise, où tous les coups étaient permis, devant un public atterré
par sa médiocrité. C’est la grande désillusion de notre jeunesse qui se
prépare, alors qu’elle a déjà frappé les plus anciens d’entre nous et une bonne
partie des quadragénaires et plus. Quel que soit le vainqueur la France
continuera à perdre de son indépendance et appliquera les « recommandations »,
sous peine de sanctions, de Bruxelles avec l’UE qui vit au rythme de
l’Allemagne, ou de Washington où l’OTAN gère notre politique étrangère et nos
actions militaires extérieures. On pouvait espérer hier que la candidate,
visiblement déjà retranchée dans un rôle d’opposante, allait montrer que Macron
n’était pas l’homme de Hollande, ni des socialistes, mais celui qui était
mandaté pour appliquer les Grandes Orientations Politiques Economiques de l’UE,
que c’était l’homme de la dépendance à l’hégémonie américaine, conquérante par
la puissance du dollar et des armes.
Incapable d’expliquer
comment elle allait sortir de celle-ci, enfermée dans des frappes
inlassablement répétées sur un seul tambour, Marine Le Pen a donné au peuple
l’image d’une candidate qui recule de peur de rater le tapis roulant de la
sortie de l’UE qui dynamiserait l’économie française. L’apport de Dupont-Aignan
sur l’aide aux handicapés est apparu alors comme une mesure miserabilis devant
les défis qui attendent la France. L’attitude de mère protectrice ne pouvait
que s’appuyer sur un argumentaire solide qui a disparu dans des attaques
personnelles. De son côté Macron n’a pas élevé le débat, la sortie de l’euro ou
de l’UE étant écarté, il a révélé le moins possible sur les grandes
orientations de son programme en égrenant un empilement de priorités, et s’est
contenté de proférer une litanie de mesures, dites toutes
« pragmatiques », dont il s’est gardé de s’engager sur leur
efficacité avec des chiffres ou des dates. Il n’allait pas répéter la promesse
de baisse datée du chômage de son aîné.
On se trouve donc devant un
programme Macron sans hauteur de vue, au-delà de Bruxelles et de Washington,
sans véritable engagement mais dont l’efficacité est garantie par son porteur
et le marketing médiatique qui l’a porté jusque-là. Il s’est même permis de
rejeter toute responsabilité dans la loi El-Khomri en ayant le toupet de dire
qu’elle ne s’appelait pas la loi Macron. Il a recommencé avec la vente des
fleurons de notre industrie. On ne sait plus où va la France, ou plutôt si vers
la politique d’austérité à l’allemande et une montée de l’argent du peuple vers
les multinationales et la grande finance. Les petits cadeaux aux actifs seront
payés par la CSG des retraités dits à l’aise ce qui permet de descendre le
seuil aussi bas que l’on veut, par toutes les petites préhensions sur les taxes
existantes et les nouvelles qui naîtront de l’imagination fertile de Bercy, et
par une mirifique moisson sur la fraude et les échappatoires à l’impôt sans
rétablir le contrôle des capitaux interdit par l’UE. La politique familiale est
rayée de la carte, sans doute parce que contrairement à l’Allemagne,
l’immigration compense largement la baisse de fécondité des femmes autochtones.
La France de ceux qui ont
ouvert les yeux, ont compris que, s’ils achetaient le produit proposé par un
battage marketing sans précédent et ostracisaient le produit concurrent sans
même prendre le temps de lire sa composition, ils allaient être floués pour la
troisième fois. Cette France n’a pas encore perdu le réflexe du vote CONTRE, et
n’est donc pas encore majoritaire dans sa véritable expression du ni, ni.
Pourtant elle commence à changer d’attitude devant la nullité de ce qui leur
est proposé, soit parce que ce n’est que du bourrage de crâne, soit que la
vendeuse ne sache vanter son produit mais seulement critiquer celui du
concurrent. La France est KO debout et prête à une autre expérience désastreuse
parce que les mêmes recettes produisent toujours les mêmes effets. De toute
façon les deux candidats sont voués au même résultat, l’un étant programmé pour
cela, et l’autre refusant de tourner la serrure qui ouvre la porte mais
cherchant ceux qui pourront lui faire la courte échelle pour essayer de sortir par
la cheminée de toute façon trop étroite.
Il y a plusieurs recettes
pour l’omelette mais il faut toujours casser des œufs. Celui, qui prétend la
réussir sans cela, vous ment, et celle qui ne veut pas battre les œufs n’y
arrivera jamais. Il est absolument nécessaire qu’un débat ait lieu pour les
législatives sur un sujet qui aurait du être celui de la Présidentielle. On
peut l’espérer parce que le clivage gauche-droite a perdu de son sens tant
celui de la sortie ou du changement des traités de l’UE est sous-jacent dans
les prises de position des différents candidats du 1er tour. Si ce
premier tour a été terni par le clivage évident fait précédemment avant les
quinze derniers jours de campagne entre les grands candidats et les autres, il
a permis une expression politique d’une bien meilleure tenue et d’une richesse sans
comparaison avec ce que nous avons entendu hier soir. Quand Macron dit de son
adversaire « la France mérite mieux
que vous », ce qui est une calomnie méprisante, il ne relève pas le
débat, il l’enterre. Quand Marine Le Pen préfère terminer par une dernière
charge contre la vision politique de son adversaire, elle n’ouvre pas les yeux
de ceux qui demandent à comprendre pourquoi le sien est différent et bénéfique.
On en arrive à cette
situation où Emmanuel Macron est censé porter la vision d’avenir en continuant
la politique de ses prédécesseurs, et Marine Le Pen comme la passéiste parce
qu’elle reprend les recettes qui ont réussi à une France indépendante. En plus
elle se fait coincer en rase campagne parce qu’elle ne sait pas exposer les
espoirs que peuvent engendrer dans la jeunesse la perspective d’une France
libre et indépendante comme la plupart des pays du monde. L’UE est un exemple
unique de cartel de nations qui montre que la recette n’est pas bonne sauf de
réaliser une Europe vraiment fédérale dont les peuples ne veulent pas comme les
français l’ont montré avec le refus référendaire de la Constitution Européenne.
Le malheur est que le fédéralisme, que les français ont chassé par la porte,
est revenu par la fenêtre et envahit de plus en plus de pièces de la maison.
Il y a au moins déjà un
vainqueur, les marchés boursiers qui ont d’ailleurs anticipé le sacre de
dimanche et l’euro s’est envolé. Les deux « extrêmes » contestataires
de l’UE vont tous deux être renvoyés à la niche. Mais contrairement à ce qui
s’est passé pour Hollande, l’euro qui monte, comme les taux d’intérêt, pourrait
bien cette fois montrer que la France perd pied si en plus le prix du baril est
à la hausse. Le triptyque gagnant de baisse risque fort de ne pas se reproduire
deux fois et la France coulera. Mais il va y avoir un autre gagnant :
Ce débat de fin de campagne présidentielle
Aura tout-de-même était un tremplin
Pour l’abstentionnisme désabusé !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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