Avec 66% des votes
favorables, Emmanuel Macron est l’un des Présidents de la République les mieux
élus, mais un regard plus approfondi sur les chiffres dévoilent au contraire un
consensus médiocre de la part du corps électoral. La France compte 51,5
millions de citoyens en âge de voter et Macron a recueilli 20,8 millions de
voix soit 40,3% des français pouvant voter. 30,7 millions de français n’ont donc
pas voté pour lui (10,6 millions pour Marine, 12,1 millions d’abstentions, 4,1
millions de votes blancs et nuls, 3,9 millions de non-inscrits). Le Président
de tous les français ne peut donc s’appuyer que sur un peu plus d’un français
sur trois pour soutenir sa politique. Si l’on enlève les 3,9 millions des
non-inscrits, c’est seulement 43,6 % des électeurs inscrits qui soutiennent son
programme et sa personne. Avec un parti « En Marche » qui n’existe
que dans la tête des électeurs, des partis traditionnels éclatés mais qui n’attendent
que leur revanche, la victoire sans appel peut se transformer en victoire à la
Pyrrhus lors des législatives du 18 juin.
Avec une abstention record de
25,44% et surtout une augmentation de 3,21 points de plus par rapport au
premier tour, le recul des français est déjà notoire et montre qu’il s’agit bien
du vote ni-ni et non d’un désintéressement affiché. L’abstention est toujours considérée
comme un acte non-citoyen et rebute toujours une partie des électeurs, en
particulier dans les petites communes où tout le monde se connait plus ou
moins. Donc une augmentation de 14,4% des abstentions entre le premier et le
second tour marque bien que la dynamique d’adhésion du premier tour a trouvé
ses limites. Mais les votes blancs et nuls sont encore venus étayer un peu plus
ce vote ni-ni. Avec 4,1 millions soit 11,47% des votes, les bulletins blancs et
nuls ont non seulement battu le record mais ont été multipliés par 4,5 entre le
premier et le second tour. C’est très grave pour un Président qui a bâti sa
campagne sous le signe du rassemblement. Son socle d’adhésion spontanée du
premier tour, où les électeurs avaient encore le choix, de 20,8 millions de
voix se voit opposer 16,2 millions d’abstentions, de votes blancs ou nuls au
second tour. Ces derniers ont augmenté de près de 50% entre les deux tours.
8,7 millions de français
avaient voté pour Emmanuel Macron au premier tour, donc il a rallié 12,1
millions d’électeurs au second tour dont on est en droit de penser qu’il s’agit
essentiellement de votes CONTRE Marine le Pen qui n’a récolté que 2,9 millions
de plus. Si l’on ajoute que cette dernière a joué battue le dernier round de la
confrontation télévisée, on peut prévoir que beaucoup de ces votes manqueront
au mouvement « En Marche » lors des législatives, en tout cas au
premier tour. De 24,2% d’abstentions, blancs et nuls au premier tour, on est
passé à 36,9% au second tour de 2017. De 25,5% d’abstentions, blancs et nuls
au second tour de 2012, on est passé à 36,9% en 2017, soit une augmentation de près
de 50% !
Je profite de ces chiffres
pour tordre le cou à l’idée que ce sont les abstentionnistes qui ont porté
Macron à la Présidence lors du deuxième tour. Les abstentionnistes, les votes
blancs et nuls ont augmenté de 4,6 millions entre le premier et le second tour
alors que la différence de voix entre Macron et Le Pen a été de 10,1 millions.
On voit bien que cela n’aurait rien changé et ceux qui ont voté CONTRE Macron
ont simplement détourné la réalité du vote démocratique. Comme la même chose s’est
produite CONTRE Marine Le Pen, on ne sait plus à l’issue du second tour qu’elles
sont les réels soutiens des deux candidats à part les votes du premier tour. Par
contre il est intéressant de comparer le chiffre des abstentionnistes, blancs
et nuls en plus du second tour, soit 4,6 millions, à celui de la somme des voix
obtenues par les deux candidats au premier tour, soit 16,3 millions, aussi au
nombre de voix supplémentaires portées sur ces deux candidats au second tour,
soit 14,4 millions. On voit que, parmi les électeurs qui n’avaient pas voté
pour l’un des deux candidats au premier, 78% d’entre eux ont choisi de voter
POUR ou CONTRE au second tour. C’est donc bien eux qui ont fait la décision et
non ceux qui ont voté Ni-Ni.
Faisons en plus l’hypothèse
que, n’ayant plus leur candidat du premier tour, ils aient voté POUR que pour
la moitié d’entre eux selon la répartition finale de 2 contre Le Pen et 1
contre Macron. On
voit que cela se répartirait en 26% et 13%, soit au second tour 12,4 millions
de voix pour Macron, au lieu de 20,8, et 9,6 millions pour Le Pen, au lieu de
10,1. Si donc l’autre moitié, soit 7,2 millions s’était abstenue, le taux final
d’abstention, serait passé de 12,1 millions à 19,3 millions, soit un taux d’abstention
de 25,4% à 40,5%. Si l’on y ajoute
les 11,5% de votes nuls et blancs du deuxième tour, on atteint 52% des votes de
participation ! Emmanuel Macron aurait eu 56,5% des voix, et Marine Le Pen
43,5% des votes exprimés. Ceci montre au passage que Macron a rassemblé plus
que Marine Le Pen en voix POUR au second tour. Même si l’on garde la
répartition 66,1% Macron, et 33,9% Le Pen dans les votes exprimés, et que l’on
inclut ce nouveau taux d’abstention, blancs et nuls de 52%, dans la répartition
des pourcentages sur les électeurs inscrits, soit 47,6 millions d’électeurs, on
obtient un résultat très différent (graphique ci-contre).
Cette petite étude montre
que le consensus pour le nouveau
Président est faible puisqu’en réalité seuls environ 1/3 des français
ont voté réellement POUR et surtout que la moitié des français pourraient ne
pas lui apporter leur soutien en plus de ceux qui ont voté POUR Marine Le
Pen. Mais il montre aussi que la pratique du vote CONTRE détruit la réalité
du vote démocratique. En l’occurrence il cache, même à l’extrême qu’aucun
des deux candidats ne convient pas à la moitié des électeurs inscrits ! La
proposition faite par l’un des candidats du premier tour, François Asselineau,
prend alors tout son sens. Le vote blanc, serait compté dans les votes
exprimés. Ceci inciterait les abstentionnistes à aller voter avec l’intérêt de
l’expression du Ni-Ni cette fois par le vote blanc. On pourrait même concevoir que lorsque
le nombre cumulé des abstentions, et des votes blancs et nuls, est majoritaire,
le vote serait annulé et une nouvelle campagne serait ouverte avec d’autres
candidats. Il est en effet parfaitement anti-démocratique que nous soyons
désormais gouvernés par un élu qui ne représente même plus vraisemblablement le
tiers des inscrits sans compter les non-inscrits. Malheureusement le deuxième
tour des législatives de juin risque encore de ne pas faire concevoir aux
électeurs que le vote CONTRE n’est pas souhaitable et de voir une carte
électorale faussée avec en plus le manque de proportionnalité qui exclut les
petits partis de l’Assemblée Nationale. Cette pratique favorise l’apparition de
monarques qui deviennent les véritables fascistes pour une oligarchie
financière qui n’a aucune sollicitude pour les peuples.
Notre démocratie se dévoie de plus en plus.
Après les primaires à l’américaine
Le vote CONTRE finit
De la pourrir !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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