L’UE voit arriver ses premières remises
en cause et ce n’est pas fini. L’adhésion de l’Ukraine à l’UE est mal partie,
le scénario était pourtant bien rôdé en connivence avec les Etats-Unis. L’UE s’agrandissait
au grand contentement de l’Allemagne qui y voyait de nombreux avantages, de
sécurité d’approvisionnement gazier, de main d’œuvre bon marché, de richesses
agricoles, etc. Les Etats-Unis accueillaient avec empressement l’Ukraine au
sein de l’OTAN et, après les Pays Baltes, venaient côtoyer les frontières
russes. Tout était dans le meilleur des mondes. C’était sans compter sur la
diversité, culturelle et ethnique de ce pays, et les maladresses du pantin
Porochenko, mis en place au pouvoir par les occidentaux. La guerre et ses
horreurs a mis fin à la récupération d’une Ukraine unie et consentante à
l’embargo occidental. La Crimée a voté à 93% son rattachement à la
Russie ; les républiques de Donetsk et de Lougansk forment une Novorossia
qui ne lâchera plus sa volonté d’indépendance qu’elle a payée par des centaines
de milliers de morts. C’est le premier pied de nez à l’UE.
La
Grèce a remis en cause, par son vote pour Tsipras, la politique d’austérité
imposée par l’UE et la mise sous contrôle par la troïka. Une partie est engagée
dans une lutte du pot de terre contre le pot de fer, ce dernier étant
essentiellement représenté par l’Allemagne et ses satellites. L'agence Standard
and Poor's (SP) a annoncé vendredi qu'elle maintenait sous surveillance avec
implication "négative" la note de la dette souveraine de la Grèce à
"B-", en invoquant l'incertitude qui continue de planer sur un
éventuel accord avec ses créanciers. Le Ministre des Finances grec, M.
Varoufakis, a expliqué que son idée était de "convertir la dette en des obligations indexées sur le taux de
croissance. Plus la Grèce se redresse plus elle se trouve en condition de
rembourser les prêts", a-t-il dit. "Il n'y a pas de solution alternative, nous ne demanderons pas l'aide à
l'extérieur. Nous cultivons de bons rapports avec la Russie, la Chine et
d'autres pays. Mais notre problème est un problème européen que nous résoudrons
à l'intérieur de notre famille européenne", a conclu M. Varoufakis.
Après la menace voilée de sortie de l’euro
précédemment évoquée par Alexis Tsipras, la Grèce signale les partenaires qui
pourraient l’aider. La Grèce est prête à étaler les promesses de son
gouvernement sur 4 ans à condition qu’on lui laisse la bride sur le cou. Dans
quatre mois, la Grèce aura besoin de nouveaux prêts pour assurer ses échéances.
Sa tentative de retarder les remboursements à la BCE pour pouvoir honorer ceux
du FMI a été rejetée par le Ministre des Finances allemand. Il n’est pas
innocent pour la Grèce de prévoir une réunion en mai avec la Russie qui s’est
dite prête à l’aider, ainsi que la Chine. C’est une carte majeure de la Grèce,
qui en sortant de l’euro et en se rapprochant du couple honni Russie-Chine, mettrait
en danger toute la stratégie géopolitique des occidentaux. Elle pourrait
déboucher au pire sur une sortie de l’UE. Si l’UE tient la Grèce en laisse, il
se peut que de déception en déception sur l’attitude de l’Allemagne en
particulier, la Grèce se laisse tenter par une aventure à l’Est. Le fait qu’Athènes
se rapproche de Caracas au Venezuela, où les USA ont fomenté un coup d’état
manqué, est un autre signe qui montre une réorientation possible vers les pays
de l’orbite multipolaire.
Le troisième coup de pied de l’âne vient
d’Islande. L'Islande a annoncé ce jeudi avoir retiré sa candidature, deux
ans après l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement eurosceptique de centre droit
qui promettait de mettre un terme au processus lancé en 2009. «Les intérêts de l'Islande sont mieux
servis en dehors de l'Union européenne», a justifié le ministre des
Affaires étrangères, Gunnar Bragi Sveinsson. Il y a six ans, un gouvernement de gauche avait déposé sa
candidature à une époque où une grave crise financière avait ébranlé la
confiance des citoyens dans leurs institutions, et suscité l'envie de
rejoindre la zone euro au vu de la chute de la valeur de la couronne. L’accord
avec l’UE sur les quotas de pêche n’a pas trouvé de solution acceptable depuis.
La crise a été surmontée et la baisse spectaculaire de l’euro n’a pas incité l’Islande
à poursuivre alors que son économie a retrouvé de la santé. Malgré tout, la
patrie de la chanteuse Björk et du volcan Eyjafjöll a dit
vouloir maintenir « des relations et une
coopération étroites» avec l'UE, avec laquelle le pays est lié via l'Association
européenne de libre-échange (AELE) et la convention de Schengen qui permet la libre
circulation des personnes. » L’Islande part sur la pointe des pieds
mais elle part.
C’est une époque de fractures qui s’ouvre
en 2015. Les élections en Espagne avec la montée de Podemos, et celles au Royaume-Uni
avec la position forte de l’Ecosse qui fera de plus en plus entendre sa voix,
peut amener de nouvelles fractures. Les anti-européens se font de plus en plus
entendre en Italie et les élections, départementales et régionales, dans notre
pays peuvent amener un poids de plus en plus fort sur le gouvernement français
pour prendre ses distances avec la politique européenne et états-unienne.
Comme tous les empires à travers l’histoire,
Le gigantisme rend si lourd et si obèse
Que les coutures finissent…
Par craquer !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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