Le 9 février 1990, James Baker,
secrétaire d'Etat américain (de George Bush), avait assuré à Mikhaïl
Gorbatchev que l'alliance occidentale n'étendrait "pas d'un pouce"
son influence vers l'Est si Moscou acceptait que l'Allemagne réunifiée entre
dans l'Otan. Le lendemain, 10 février, Hans-Dietrich Genscher, le ministre
allemand des Affaires étrangères, refit cette promesse à Edouard Chevardnadze,
son homologue russe : « l'Otan ne s'étendra pas à l'Est ».
Mais depuis, la Pologne, la République Tchèque, la Hongrie, la Bulgarie, la
Roumanie, la Slovaquie, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie ont adhéré à
l'Otan. Avec les évènements de l’EuroMaïdan, l’enjeu était, entre autres, de
faire également entrer l’Ukraine dans l’Otan.
Il
est donc bien difficile d’adhérer à la thèse de l’expansionnisme russe qui menacerait
l’Europe. En 1998 l’ex-URSS était au bord de la faillite, l’armée russe en
piteux état. L’hégémonie américaine pouvait régner quasiment sur toute la
planète. En effet La Chine se détachait de la Russie en amorçant une ouverture
au commerce mondial et aux capitaux étrangers. Toute menace efficace était
impossible et l’heure était au règne du pétrodollar. Le paysage a radicalement
changé depuis cette date. Poutine a remis l’économie de la Russie en meilleure
forme, reconstitué une force militaire crédible aux yeux du monde et a repris
sa place dans le concert diplomatique. Son dernier faux-pas a été de se faire
berner par les occidentaux et de ne pas s’opposer à la guerre en Libye mais
cela a durci les positions de sa politique étrangère pour la Syrie. Par
ailleurs la Chine devient le premier exportateur mondial et commence à titiller
le dollar avec des transactions en yuan.
Le
danger de perte d’hégémonie pour les USA est devenu réel, alors les USA
attaquent. Le chaos au Moyen-Orient est destiné à assurer le contrôle de ses
champs pétrolifères, celui en Afrique de couper l’herbe sous le pied de la
Chine qui s’y investit et d’y contrôler les réserves pétrolières comme au
Nigéria. Il faut empêcher la Chine de disposer des matières premières
indispensables à son développement. L’attaque de la Russie est aussi nécessaire
sur deux fronts, le pourrissement politique intérieur provoquant le départ ou l’élimination
de Poutine, une guerre Europe-Russie sous couvert de l’OTAN dans le foyer
ukrainien.
Provoquer
un conflit brutal entre Européens et Russes permet aux Américains de se
prémunir contre une éventuelle alliance stratégique entre Européens et Russes,
alliance qui entraînerait de fait la fin de l’hégémonie américaine. Dans Le
Grand échiquier de Zbigniew Brzezinski (1997), où il
est question, entre autres, de « briser la Russie » en trois
entités (une Russie européenne, une république de Sibérie et une république
extrême-orientale), il est également question de cultiver la docilité des « sujets
protégés » et d’empêcher les rivaux potentiels de former des alliances
offensives. Un rapprochement stratégique entre la Russie et les nations
européennes (sujets protégés) est ainsi un scénario que les tenants de
l’hégémonie états-unienne n’admettraient en aucune manière.
L’accord
de Minsk II apparaît plus comme une trêve que comme un accord de paix. En effet
il s’agit d’un accord où le Royaume-Uni et les Etats-Unis étaient absents alors
qu’ils étaient à la manœuvre pour Maïdan par MI16, CIA et ONG interposés. Ces
deux pays ne se considèrent pas liés par les accords et envoient officiellement
des troupes en Ukraine. Dix jours seulement après la signature des Accords de
Minsk, David Cameron annonçait l’envoi de soldats britanniques en Ukraine pour « conseiller
et éduquer ». Une semaine plus tard, John Sawers, l’ancien patron du MI16,
(sorte de CIA britannique) affirmait que « la guerre contre
la Russie ne fait que commencer ». Les États-Unis viennent d’officialiser la décision d’envoyer en Ukraine
quelques 600 parachutistes appartenant à la 173ème brigade
aéroportée. L’annonce a été faite lundi dernier par le colonel Michael Foster,
commandant de la brigade, et confirmée par Ben Hodges, haut commandant des
forces américaines en Europe. Les premières unités combattantes de la brigade
devraient se poser en Ukraine d’ici le 8 mars.
Visiblement
les Etats-Unis et leur allié de confiance, le Royaume-Uni, n’ont que faire de l’accord
de Minsk alors que celui-ci ne fait pas l’unanimité dans les différentes
factions ukrainiennes de l’ouest, plus ou moins contrôlées par Kiev. Il
apparaît de plus en plus clairement que les USA veulent la guerre en entretenant
un climat de haine en armant Kiev alors qu’un processus de paix
est engagé. Le but est de provoquer la Russie à en faire autant à l’est et de
la désigner comme un agresseur prêt à violer les accords. Le moindre accroc à l’accord
permet d’allumer le feu et de déclencher un affrontement indirect entre l’OTAN
et la Russie. L’UE sera sommée de s’y adjoindre et la guerre en Europe sera
allumée loin de représailles sur le territoire américain. L’UE et la Russie s’y
épuiseront. Les Etats-Unis redeviendront maîtres du jeu. La Russie sera
ouverte aux manifestations intérieures déstabilisatrices conduisant à son
éclatement et les Etats-Unis s’imposeront comme le dernier recours pour l’UE.
L’Allemagne
et la France ont senti le piège mais il faudra plus qu’un Minsk II pour s’en
dégager et la présence de l’OTAN en Ukraine n’est pas prête de s’arrêter. On
mesure ainsi le danger que représente notre adhésion à l’OTAN dans un
affrontement entre deux mondes, affrontement qui ne nous concerne pas. L’UE,
nain politique et militaire devant les Etats-Unis et le bloc Chine-Russie,
risque de n’avoir pas d’autre choix que d’ouvrir son territoire à une guerre où
ses habitants ne seront que de la chair à canons. Si notre armée a pu parader
au Mali sans toutefois résoudre le problème comme on le constate de plus en
plus, elle se pliera au commandement américain des forces de l’OTAN et sera en
première ligne sur le terrain dans une guerre imposée.
Les Etats-Unis, en passe de perte
hégémonique,
Ont fait de la guerre une nécessité
stratégique.
Il n’y pas plus dangereux qu’un fauve
blessé !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire