Alors que 300 bombes sont tombées en Europe sur l’est de l’Ukraine
depuis la trêve, en particulier sur l’aéroport de Donetsk, la politique politicienne
bat son plein en France. Les accusations de xénophobie et racisme pleuvent en
particulier sur deux femmes alors que l’on vient de célébrer la journée de la
femme ! Tout se passe comme si le plus important était de personnaliser ses
attaques plutôt que de parler d’orientations politiques sur les sujets qui
préoccupent les citoyens. L’UMP cible Christiane Taubira et Najat-Belkacem, épargnant
Emmanuel Macron, et laisse transparaître un machisme qui n’a pas abandonné les
partis politiques. Ces deux femmes ne font-elles pas partie d’un gouvernement
nommé par François Hollande ? Ont-elles agi sans le consentement du plus
haut responsable de l’Etat ? Evidemment non. L’UMP trouve là un exécutoire
à son incapacité à proposer une politique alternative à celles du PS et du FN,
c’est un parti coincé. Le PS a poussé une politique libérale avec l’arrivée d’Emmanuel
Macron que n’a pas clairement critiqué l’UMP. Or qui ne dit rien consent.
Attaquer des femmes ne relève pas d’un grand courage même si celles-ci se sont
faites les instigatrices de mesures ayant un impact négatif sur notre société.
Nicolas Sarkozy a pour une fois raison
quand il parle de FN-PS. François Hollande n’a pas oublié les leçons de
François Mitterrand qui s’est servi habilement du FN pour parvenir à faire
gagner la gauche. Sa stratégie est claire. On gagnera au second tour avec les
restes du front républicain si l’on y est présent. Il faut enjamber l’UMP et
montrer à l’électeur que le combat se résume à celui du PS contre le FN,
déclaré ennemi numéro 1. L’attaque haineuse de Manuel Valls contre Marion Le
Pen, figure féminine portant les stigmates de son aînée Marine, veut creuser le
fossé entre les partis républicains et celui qui ne l’est pas. Elle illustre ce
qui doit guider l’électeur au deuxième tour. De là à affubler ces femmes d’une
image d’infériorité et de bêtise, il n’y a qu’un pas.
La tactique du PS est plus simple, au risque d’être simpliste, que celle
de l’UMP. Son principal adversaire est en fait l’abstention, car dans les
partis traditionnels de gouvernement, à gauche et à droite, la désillusion est
grande. Il est probable que le front républicain ne votera pas en masse pour un
candidat PS face au FN. Par ailleurs le sexe féminin de Marine Le Pen, même s’il
n’a pas la figure allégorique de Jeanne d’Arc, la sert plutôt dans un moment où
le peuple ne sait plus à quel saint se vouer. Dans le premier tour des
élections, le désenchantement sur le gouvernement en place sera plus fort que
le souvenir désenchanteur de celui qui l’a précédé. Le PS doit donc dès les
élections départementales perdre beaucoup d’occasions d’être présent au second
tour faisant la place surtout à l’UMP en position idéale pour le second tour.
Cette victoire probable de l’UMP au second tour par ostracisation du FN va
obliger ce parti à décaler son discours vers le Centre alors qu’il doit au
premier tour empêcher le PS d’accéder au second. Il est plus simple de cibler
des figures féminines du PS, déguisées en épouvantail, que de faire comprendre
à l’électeur ce qui différencie le PS et l’UMP sur ses visions de l’avenir du
pays en matière de chômage, de prestations sociales, de sécurité et d’immigration.
Il reste à s’associer à l’argument anti-FN de la bêtise, incarnée par le visage
de Marine, de sortie de l’euro, bêtise tellement évidente qu’elle ne demande
aucune démonstration. On oublie au passage que des souverainistes, DLF, UPR,
MPF et autres sont à mi-chemin entre le FN et l’UMP et ne partagent pas la
pensée unique UMPS. Nul ne peut ignorer que le chômage augmente avec les impôts
et taxes, que si la Bourse se régale de liquidités sorties ex-nihilo par la BCE
depuis cette semaine et depuis longtemps par la Fed, les Banques centrales
nipponnes et britanniques, que la pauvreté augmente, que les retraités et la
classe moyenne familiale réduit son train de vie.
Le 11 janvier 2015 était une prise de conscience du peuple de la gravité
du temps présent, de l’anxiété dans l’avenir. C’était une aspiration profonde
du peuple à s’exprimer quand il sent la démocratie quitter notre pays après
avoir quitté l’UE. La communion avec des expressions anarchistes était tout
sauf une approbation du pouvoir. Deux mois ont passé et les problèmes sont
toujours les mêmes. La discussion sur le travail du dimanche était clivant sans
apporter un souffle de croissance mesurable. La discussion sur la fin de vie l’est
aussi. Les deux n’ont pour but que d’écarter les vrais sujets comme notre
engagement dans la guerre, le paiement des retraites et l’équilibre du budget
de la Sécu par exemple. L’empilage de mini-recettes de la loi Macron pose de nouveaux
problèmes mais en résout peu, et quand elle le fait les gains sont à la marge.
Les prévisions de croissance sont déjà révisées à la baisse pour le deuxième
trimestre.
Le combat mené sur les personnes ne mène
à rien, sinon à se jeter des noms d’oiseaux à la figure. Il est déplorable que
les partis tombent dans le panneau et que la moindre phrase soit désormais décortiquée,
passée au chinois, pour en déceler la moindre trace, la moindre salissure signe
de racisme, d’homophobie et de xénophobie. Il est bien loin l’esprit du 11
janvier où l’on voulait affirmer le droit à la liberté d’expression. Le pouvoir
qui a essayé de surfer sur ce mouvement populaire est le premier à restreindre
cette liberté. L'auto-destruction de ces partis ne peut qu'ouvrir une voie nouvelle, la pensée unique va mourir.
Le Président de la République est le président de tous les français,
Il faillit à son rôle quand il stigmatise près d’un tiers d’entre eux.
Les attaques personnelles sont indignes de nos dirigeants
Mais on ne peut défendre la liberté en la bâillonnant !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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