La dernière intervention de Manuel Valls
à l’Assemblée Nationale au sujet de Christiane Taubira a de quoi nous faire se
poser des questions sur la nature comportementale de notre Premier Ministre.
S’il est normal qu’un chef de gouvernement vienne défendre une de ses
principales ministres sur une attaque ciblée sur sa personne, la diatribe sur
un ton frisant l’hystérie n’est pas ce que l’on peut attendre de l’un des
principaux personnages de l’Etat. Elle ne l‘est ni sur la forme ni sur le fond.
Les caricatures et les paroles de type raciste qui sont dites contre la
Ministre de la Justice par des élus ou des candidats à une élection sont
éminemment regrettables et doivent être condamnées par les partis qu’ils
représentent. Etions-nous dans un tel acte raciste ?
Le
fait de comparer la Ministre à un tract pro-FN n’est évidemment pas de la même
nature que la comparaison avec un singe. Ni la couleur de peau, ni la féminité
de la Ministre n’étaient mises en cause. Il est normal que la connotation
raciste, au sens originel de la couleur de peau, soit condamnable. Il en est de
même si cette Ministre est représentée dans une tenue ridicule sans équivoque
sur sa race noire. Par contre l’image du tract répandu sur les marchés avec sa
photo qui serait une invite à voter pour un parti, qui ne la voudrait pas au
gouvernement, n’a rien de choquant. Il est notoire qu’une grande partie de la
population française n’accepte pas, à tort ou à raison, le laxisme de la
justice représenté par la Ministre. Cette population n’accepte pas entre autres
que se résolve le surpeuplement des prisons par l’augmentation des remises en
liberté et par des non-exécutions de peine.
Les
propos du député en cause, tenus d’ailleurs en dehors de l’hémicycle, étaient
sans nul doute volontairement provocateurs, voire maladroits, mais les
politiques recherchent toujours les images qui frappent et ce n’est pas l’habile
communicateur Valls qui peut l’ignorer. On peut même penser que c’est la
justesse du trait qui a fait monter les sangs à ce connaisseur. Ramener les
propos hors hémicycle dans l’hémicycle ne fait pas la preuve d’une grande
sérénité. Mais l’attaque contre le député coupable s’est détournée vers une
attaque contre le FN, dont la nature républicaine est mise en doute. Que font
alors les 2 députés FN dans une Assemblée républicaine ? Sur le fond la
réplique de Manuel Valls n’est pas digne d’un Premier Ministre représentant la
République, justement une et indivisible.
Malheureusement
il fait le duo avec son Président qui tient les mêmes propos et fait campagne
contre le FN en tant que Président de tous les français comme il l’a dit, comme
tous ses prédécesseurs, après son élection. Pourtant le Président n’est pas en
campagne présidentielle, il est donc complètement sorti de son rôle. Mais
revenons à Valls. Les images de sa vidéo sont assez sidérantes par la violence
du ton et des mots, diatribe tellement au bord de l’hystérie qu’elle se termine
par l’envoi d’un gros postillon vers le micro. Il y a un décalage évident entre
le « délit » de l’image du tract et la réponse fournie par un des
plus hauts personnages de l’Etat dont on attend la maîtrise en toutes circonstances.
Mais
Manuel Valls est un homme inquiétant à beaucoup d’autres égards. Pour des
besoins politiques, il s’est construit l’histoire de son passé personnel qui
est un travestissement de la vérité comme l’a révélé un journaliste de Libération.
Par exemple sa prime jeunesse n’a pas eu à souffrir du franquisme et ne s’est
pas passée en Espagne mais en France. Par ailleurs sa défense de la religion
juive, qui va jusqu’à lui permettre de dire devant les représentants de la
Communauté juive que les juifs pouvaient porter la Kipa avec fierté, est assez
décalée par rapport à ses interventions sur le voile musulman. Mais cet attrait
pour les juifs, confirmé par Roland Dumas, a succédé à une période d’une
dizaine d’années où il a défendu les palestiniens avec une conviction apparente
comme le montre une vidéo sur les réseaux sociaux. Tout ceci laisse à penser
que sa défense de la laïcité est beaucoup plus dans le discours que dans la
conviction profonde.
Il y
a de la duplicité dans le personnage et une propension au mensonge. Habile
communicateur, Manuel Valls a une façon autoritaire de s’exprimer et d’agir
ainsi qu’une exagération dans le ton de ses interventions médiatiques. Pour les
anciens comme moi, le physique, l’allure, la voix, l’autoritarisme, la violence
du discours, rappellent de cruels souvenirs. Où un tel personnage peut-il
mener la France ? Nul doute qu’il aspire à la fonction suprême. Si la France
est dans l’Etat de l’Allemagne de 1932, qu’adviendra-t-il alors… en
2022 et pourquoi pas en 2017 ? Le danger pour la France est-ce le FN
antirépublicain ou un fascisme à la Mussolini ou pire encore ? Souhaitons
que ce jeune ambitieux soit jugé pour ses outrances à vouloir trop en faire,
mais l’enfumage médiatique est tel que tout peut arriver. A l’allure où les
choses évoluent, les souverainistes seront bientôt traités aussi
d’antirépublicains si leur poids politique devient… gênant !
Pour terminer (je l’espère) cette
zizanie ridicule, Christiane Taubira, à la sortie du Conseil des Ministres, en
rajoute une couche dans une phraséologie qui frise la calomnie. Décidemment il
est temps de tourner la page insipide de ces politiques qui manient un langage
d’attaques personnelles au lieu de s’attacher à proposer les solutions pour
tirer la France du chômage qui va encore progresser en 2015 comme l’annonce l’INSEE.
Il n’en reste pas moins que la liberté d’expression trouve les limites que le
pouvoir impose. Je vous propose cette
citation de Voltaire : « Pour savoir qui vous dirige vraiment, il
suffit de regarder ceux que vous ne pouvez pas critiquer.
Les grands chefs de guerre ont toujours
été calmes mais déterminés.
Les tribuns qui haranguent les foules
dans un discours autoritaire
Sont toujours porteurs de probabilités
de grandes catastrophes !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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