Nous ne sommes plus dans la
prospective d’une Chine qui s’éveillerait, elle est devenue la première
puissance du monde économique. Le couple russo-chinois se renforce tous les
jours et nous sommes confrontés à un monde transatlantique qui se heurte déjà à
un nouveau monde eurasien. C’est la rencontre de deux plaques tectoniques et l’une
devra passer sous l’autre engendrant éventuellement de grands cataclysmes avant
qu’une nouvelle situation stable ne soit créée. C’est pourquoi nous voyons s’allumer
les feux les uns après les autres dans tous les pays qui font le lien entre l’Europe
et l’Asie. Ceci tient à la politique hégémonique américaine et à la résistance
des pays émergents.
« Il est impératif qu’aucune puissance
eurasienne concurrente (des USA) capable de dominer l’Eurasie ne puisse émerger
et ainsi contester l’Amérique.» Zbigniew Brzezinski, Le Grand Échiquier,
1997
Ce qui se
passe actuellement est passionnant et angoissant en même temps quand on voit la
constance de la stratégie géopolitique des Etats-Unis et la volonté du couple
russo-chinois de construire une Eurasie débarrassée de l’hégémonie américaine.
Les forces militaires en présence peuvent aussi bien être dissuasives que
donner naissance à un conflit mondial, alors véritable cataclysme où le
nucléaire militaire aura son mot à dire. La position de l’UE, et
particulièrement celles de l’Allemagne et de la France, devient cruciale pour la
paix du monde. Le rejet pur et simple des relations avec la Russie en particulier
et la présence de l’OTAN aux frontières russes sont suicidaires.
Notre pays semble commencer
à comprendre mais il est temps que le peuple soit mieux informé et pousse notre
pays et nos voisins à prendre leur distance avec les USA. La Chine repense les
routes de la soie terrestre et maritime. La Russie pense à une Eurasie de
Lisbonne à Vladivostok et tout se met en place pour cela. La Chine ne cherche
pas à assujettir les pays autour d’elle mais à intégrer les économies
émergentes dans un vaste réseau d’échanges et de commerce pan-eurasiatique.
Les accords se multiplient commerciaux ou (et) stratégiques. Autour de la
Russie, l’Union économique eurasiatique (Arménie, Biélorussie, Kazakhstan et
Russie, que rejoindront bientôt le Kirghizistan, puis le Tadjikistan) est en pleine
expansion. Il va en être de même de l’OCS (Organisation de Coopération de Shangai)
qui comprend 7 pays fondateurs dont la Russie et la Chine, 5 Etats observateurs
dont l’Inde, l’Iran et la Pakistan, et 6 Etats partenaires de discussion dont
la Turquie !
Pékin considère l’Iran et le
Pakistan, qui forment l’intersection entre l’Asie du Sud-Ouest et l’Asie du
Sud, comme des maillons stratégiques de la Nouvelle route de la soie. Ce qui
amène Pékin à faire sentir sa puissance commerciale non seulement dans l’océan
Indien, mais aussi dans le golfe Persique. Le port de Gwadar au Pakistan, dans
l’océan Indien, est appelé à devenir aussi, d’ici quelques années, un point de
transit du gazoduc IP ou Iran-Pakistan. Il pourrait être aussi le point de
départ d’un autre grand schéma du pipelinistan chinois, qui prendrait la forme
d’un gazoduc longeant la route de Karakorum pour ravitailler le Xinjiang (région
autonome au nord-est de la Chine). Au début de 2016, attendez-vous à ce que
l’OCS représente au moins 60 % de l’Eurasie, une population regroupant 3,5
milliards d’habitants et une réserve pétrolière et gazière à la hauteur de
celle des pays membres du Conseil de coopération du Golfe.
Pour la
Chine, la Nouvelle route de la Soie englobe la Russie avec la transformation
prévue du Transsibérien en TGV, un projet de 280 milliards de dollars financé
par la Russie et la Chine. Parallèlement à cela, la Route de la soie maritime
du XXIe siècle va affermir les échanges commerciaux par mer
déjà frénétiques qui se font entre la Chine et l’Asie du
Sud-Est. La banque AIIB [Banque d’investissement pour les
infrastructures asiatiques], jouera un rôle clé dans la (les) nouvelle(s)
route(s) de la soie qu’elle financera avec un fond spécial de plusieurs
milliards de dollars. Elle attire déjà l’intérêt d’investisseurs de l’UE comme
le Royaume-Uni. Comme si la Banque AIIB ne suffisait pas, il y a
aussi la Nouvelle banque de développement, fondée par les BRICS pour faire
concurrence à la Banque mondiale, dont le siège social est à Shanghai.
La Chine cherche à intégrer les économies
émergentes dans un vaste réseau d’échanges et de commerce pan-eurasiatique.
Cela va jusqu’en Amérique du Sud où des accords se nouent avec la Mercosur,
organisation comprenant les principaux pays d’Amérique du Sud dont le Brésil, l’Argentine
et le Venezuela. Tous ces changements sont proposés par la Chine, qui est enfin
disposée à devenir un exportateur net d’une quantité massive de capitaux et la
principale source de crédit pour le Grand Sud. D’ici quelques mois, Pékin va
lancer le système de paiement international de la Chine (CIPS), qui devrait propulser
le yuan comme une importante devise mondiale pour tous les types d’échanges.
Face à
cette volonté en marche du couple russo-chinois, l’union atlantique ne propose qu’une
posture militaire brumeuse qui pivote parallèlement à une expansion effrénée de
l’Otan, ainsi que le racket corporatiste connu sous le nom de Partenariat
transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI), qu’on appelle
communément en Asie « la version commerciale de l’Otan ». Le monde se trouve donc à la croisée des
chemins, la politique étrangère française doit en être profondément modifiée.
Notre tête ne peut éviter de se tourner vers l’Est. Les USA, dont l’endettement
devient insupportable et dont la monnaie ne va plus être la seule monnaie de
référence, n’ont plus que la puissance militaire pour assujettir les pays. Nous
sommes dans un grand continent qui se nomme Eurasie, il est temps dans tenir
compte.
Une nation
doit savoir regarder où est son avenir,
Il ne peut
être exclusivement à l’Ouest
Car notre
continent est eurasien.
A l’Est l’avenir
économique
A l’Ouest
la vassalité !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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