mercredi 25 mars 2015

Ouvrons les yeux et tournons-les vers l’Est !



Nous ne sommes plus dans la prospective d’une Chine qui s’éveillerait, elle est devenue la première puissance du monde économique. Le couple russo-chinois se renforce tous les jours et nous sommes confrontés à un monde transatlantique qui se heurte déjà à un nouveau monde eurasien. C’est la rencontre de deux plaques tectoniques et l’une devra passer sous l’autre engendrant éventuellement de grands cataclysmes avant qu’une nouvelle situation stable ne soit créée. C’est pourquoi nous voyons s’allumer les feux les uns après les autres dans tous les pays qui font le lien entre l’Europe et l’Asie. Ceci tient à la politique hégémonique américaine et à la résistance des pays émergents. 

« Il est impératif qu’aucune puissance eurasienne concurrente (des USA) capable de dominer l’Eurasie ne puisse émerger et ainsi contester l’Amérique.» Zbigniew Brzezinski, Le Grand Échiquier, 1997 

Ce qui se passe actuellement est passionnant et angoissant en même temps quand on voit la constance de la stratégie géopolitique des Etats-Unis et la volonté du couple russo-chinois de construire une Eurasie débarrassée de l’hégémonie américaine. Les forces militaires en présence peuvent aussi bien être dissuasives que donner naissance à un conflit mondial, alors véritable cataclysme où le nucléaire militaire aura son mot à dire. La position de l’UE, et particulièrement celles de l’Allemagne et de la France, devient cruciale pour la paix du monde. Le rejet pur et simple des relations avec la Russie en particulier et la présence de l’OTAN aux frontières russes sont suicidaires.

Notre pays semble commencer à comprendre mais il est temps que le peuple soit mieux informé et pousse notre pays et nos voisins à prendre leur distance avec les USA. La Chine repense les routes de la soie terrestre et maritime. La Russie pense à une Eurasie de Lisbonne à Vladivostok et tout se met en place pour cela. La Chine ne cherche pas à assujettir les pays autour d’elle mais à intégrer les économies émergentes dans un vaste réseau d’échanges et de commerce pan-eurasiatique. Les accords se multiplient commerciaux ou (et) stratégiques. Autour de la Russie, l’Union économique eurasiatique (Arménie, Biélorussie, Kazakhstan et Russie, que rejoindront bientôt le Kirghizistan, puis le Tadjikistan) est en pleine expansion. Il va en être de même de l’OCS (Organisation de Coopération de Shangai) qui comprend 7 pays fondateurs dont la Russie et la Chine, 5 Etats observateurs dont l’Inde, l’Iran et la Pakistan, et 6 Etats partenaires de discussion dont la Turquie ! 

Pékin considère l’Iran et le Pakistan, qui forment l’intersection entre l’Asie du Sud-Ouest et l’Asie du Sud, comme des maillons stratégiques de la Nouvelle route de la soie. Ce qui amène Pékin à faire sentir sa puissance commerciale non seulement dans l’océan Indien, mais aussi dans le golfe Persique. Le port de Gwadar au Pakistan, dans l’océan Indien, est appelé à devenir aussi, d’ici quelques années, un point de transit du gazoduc IP ou Iran-Pakistan. Il pourrait être aussi le point de départ d’un autre grand schéma du pipelinistan chinois, qui prendrait la forme d’un gazoduc longeant la route de Karakorum pour ravitailler le Xinjiang (région autonome au nord-est de la Chine). Au début de 2016, attendez-vous à ce que l’OCS représente au moins 60 % de l’Eurasie, une population regroupant 3,5 milliards d’habitants et une réserve pétrolière et gazière à la hauteur de celle des pays membres du Conseil de coopération du Golfe.

Pour la Chine, la Nouvelle route de la Soie englobe la Russie avec la transformation prévue du Transsibérien en TGV, un projet de 280 milliards de dollars financé par la Russie et la Chine. Parallèlement à cela, la Route de la soie maritime du XXIe siècle va affermir les échanges commerciaux par mer déjà frénétiques qui se font entre la Chine et l’Asie du Sud-Est. La banque AIIB [Banque d’investissement pour les infrastructures asiatiques], jouera un rôle clé dans la (les) nouvelle(s) route(s) de la soie qu’elle financera avec un fond spécial de plusieurs milliards de dollars. Elle attire déjà l’intérêt d’investisseurs de l’UE comme le Royaume-Uni. Comme si la Banque AIIB ne suffisait pas, il y a aussi la Nouvelle banque de développement, fondée par les BRICS pour faire concurrence à la Banque mondiale, dont le siège social est à Shanghai. 

La Chine cherche à intégrer les économies émergentes dans un vaste réseau d’échanges et de commerce pan-eurasiatique. Cela va jusqu’en Amérique du Sud où des accords se nouent avec la Mercosur, organisation comprenant les principaux pays d’Amérique du Sud dont le Brésil, l’Argentine et le Venezuela. Tous ces changements sont proposés par la Chine, qui est enfin disposée à devenir un exportateur net d’une quantité massive de capitaux et la principale source de crédit pour le Grand Sud. D’ici quelques mois, Pékin va lancer le système de paiement international de la Chine (CIPS), qui devrait propulser le yuan comme une importante devise mondiale pour tous les types d’échanges.

Face à cette volonté en marche du couple russo-chinois, l’union atlantique ne propose qu’une posture militaire brumeuse qui pivote parallèlement à une expansion effrénée de l’Otan, ainsi que le racket corporatiste connu sous le nom de Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI), qu’on appelle communément en Asie « la version commerciale de l’Otan ». Le monde se trouve donc à la croisée des chemins, la politique étrangère française doit en être profondément modifiée. Notre tête ne peut éviter de se tourner vers l’Est. Les USA, dont l’endettement devient insupportable et dont la monnaie ne va plus être la seule monnaie de référence, n’ont plus que la puissance militaire pour assujettir les pays. Nous sommes dans un grand continent qui se nomme Eurasie, il est temps dans tenir compte. 

Une nation doit savoir regarder où est son avenir,

Il ne peut être exclusivement à l’Ouest 

Car notre continent est eurasien.

A l’Est l’avenir économique 

A l’Ouest la vassalité ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire