vendredi 6 mars 2015

Quand on veut tuer le nucléaire français, on y arrive !



4 milliards de pertes chez Areva et la perspective de licenciements arrachent des larmes de crocodile aux Verts. Ils vont même jusqu’à dire que c’est bien pourquoi il faut vite développer les énergies renouvelables, notre industrie nucléaire n’étant plus capable de faire face. On entend des journalistes répandre que le marché mondial n’est pas porteur et que notre réacteur EPR est un rêve d’ingénieur mais est beaucoup trop cher. La preuve dans les retards accumulés en Finlande et à Flamanville. En résumé c’est le Concorde et il n’a aucun avenir. Alors reprenons l’argumentation sur une mort annoncée.

L’énergie nucléaire est-elle une énergie du passé ? On peut constater en tous cas que la plupart des pays développés y font appel. 340 réacteurs sont en fonctionnement dans le monde en 2014 et une soixantaine en construction. Sur les 54 réacteurs japonais, non comptés dans les 340, la plupart vont redémarrer dans les années qui viennent. La prise en compte de l’accident de Fukushima a entraîné l’arrêt de tous les réacteurs japonais dans un premier temps. Toutefois le Japon compte en redémarrer deux dès cette année et les autres non endommagés à la suite. On peut noter qu’on ne prend pas ce type de décision à la légère dans le pays du monde le plus frappé par la guerre nucléaire et un accident majeur de l’industrie nucléaire civile. Selon les statistiques mondiales de 2005 à 2012 la part de l‘énergie nucléaire n’a cessé d’augmenter sauf en Allemagne, en Suède, en Slovaquie, Ukraine, Royaume-Uni et Japon bien sûr. 

En 2011 cette énergie, développée seulement dans 26 pays, représentait 11,7% de l’énergie électrique produite mais loin derrière l’énergie thermique. C’est donc bien l’énergie thermique polluante qu’il faut réduire et non le nucléaire si l’on veut réduire les gaz polluants et le taux de CO2. Le nucléaire n’en produit pas. Il représentait 74,8% de l’électricité produite en France en 2012 et était la principale raison de la faible émission de CO2 de notre pays dans le monde. 68 réacteurs étaient en construction dans le monde en 2012 dont 28 en Chine, 11 en Russie et 3 aux Etats-Unis. Par ailleurs nous détenons 22,5% des capacités mondiales d’enrichissement de l’uranium, les Etats-Unis 20%, la Russie 28%. C’est dire la place de la France dans le concert mondial. Nous détenons aussi 16% des stocks d’uranium appauvri qui peut être réutilisé dans les réacteurs surgénérateurs du futur sur lesquels travaillent… les russes. Chez nous Lionel Jospin a arrêté le surgénérateur Superphénix qui était une avancée majeure de la technologie française…

Oui mais Areva n’arrive pas à finir la construction des réacteurs à eau pressurisée en Finlande et à Flamanville. Prévue en 4 ans et demi, la construction de ces réacteurs se révèle très problématique puisque les chantiers de Finlande et de Flamanville sont respectivement commencés depuis 10 et 8 ans et sont encore loin d'être achevés. Toutefois quatre réacteurs de type EPR sont en cours de construction : un en Finlande à Olkiluoto, un en France à Flamanville et deux autres en Chine à Taishan. EDF a de son côté un marché de 2 EPR avec le Royaume-Uni. L’exploitation de Flamanville est désormais prévue en 2017 au lieu de 2012. Il est évident que la facture de l’investissement sera plus lourde avec environ un dépassement de 150%. Il faut toutefois dire que les deux réacteurs finlandais et français sont des têtes de série. Si un constructeur automobile ne devait construire que 2 voitures, le coût de chacune d’elles serait énorme. Olkiluoto devrait être terminé à mi-2016 et mis en exploitation en 2018. Flamanville devrait être terminé en 2017 avec 5 ans de retard. Pour Taishan (image ci-contre), lancé en octobre 2009, les travaux seront terminés courant 2016.

On voit que, contrairement à ce que diffusent les commentateurs, les délais peuvent être tenus et l’EPR n’est pas un rêve d’ingénieur. La sécurité de ces réacteurs est poussée très loin puisque même la fonte du cœur du réacteur a été prise en compte. Hors surcoût d’investissement le kWh produit est moins cher que dans les réacteurs de 2ème génération. La responsabilité de Bouygues sur les retards de Flamanville est en cause beaucoup plus celle d’Areva coupable seulement d’avoir livré avec du retard certains matériels. Par contre la France ne présente pas aux acheteurs éventuels une bonne raison d’acheter ces réacteurs compte-tenu de sa politique énergétique qui veut lui faire fermer les réacteurs de plus de quarante ans et les remplacer par les énergies renouvelables. 


Quand on veut tuer le nucléaire, le dénigrement de notre propre production est un moyen sûr. Nul ne doute que le prochain réacteur construit, si l’on en croit Ségolène qui veut un nouveau réacteur pour remplacer Fessenheim, sera réussi comme ceux de Taishan dans les délais et qu’il n’y aura pas de surcoût d’investissement. Par contre nous allons rater les réacteurs surgénérateurs de la quatrième génération que proposeront les russes alors que nous avions dix ans d’avance avec SuperPhénix que le pouvoir socialiste a fermé pour des raisons politiques et non techniques. La recherche est au point mort en France dans un domaine où il y a d’énormes progrès à faire sur l’économie de combustible, la sûreté, la miniaturisation, l’utilisation d’autres combustibles comme le thorium, espèce chimique la plus abondante sur terre. Seulement voilà il faut croire au progrès et à la recherche de pointe. De seconde puissance nucléaire du monde, la France perd petit à petit son rang… comme dans beaucoup d’autres domaines. Les responsables en sont les politiques et non les ingénieurs. On va préférer les énergies renouvelables nécessitant l’ajout de centrales thermiques et devenir, comme l’Allemagne, un grand pollueur de CO2  et autres gaz polluants.. 

Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. 

Quand on veut tuer le nucléaire français, 

On fait tout pour et on y arrive ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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