Si l’Allemagne
mène une politique de sécurité routière plus intelligente et moins
contraignante que la France, il n’en est pas de même dans tous les domaines en
particulier dans celui de l’énergie. Malheureusement cette vision allemande déteint
sur la politique énergétique française car ce pays devient un phare auquel la France
ne cesse plus de se référer et qui impose non seulement un euromark mais aussi une
politique économique sur toute la zone euro pour le moins. La vision de la
politique énergétique de ces deux pays ne devrait pourtant pas être identique
pour des raisons de choix énergétiques antérieurs et de possession de richesses
minières.
La France
n’a pas de pétrole ni de gaz et a fermé ses mines de charbon épuisées ou non
rentables. Elle a lancé depuis une cinquantaine d’années une politique d’approvisionnement
d’électricité par l’énergie nucléaire jusqu’à devenir le pays le plus
nucléarisé du monde en rapport à son nombre d’habitants avec 73% de l’électricité
produite. Elle a par ailleurs diversifié ses sources d’approvisionnement en
uranium sur presque tous les continents (Etats-Unis, Canada, Niger, Namibie, Kazakhstan,
Australie, etc.), sans compter des réserves stratégiques sur notre sol. De plus
elle a la maîtrise de tout le cycle nucléaire avec l’enrichissement de l’uranium,
la fabrication du combustible en amont des réacteurs, et en aval le retraitement pour le recyclage du
combustible dans ceux-ci et pour le confinement des déchets.
Enfin
elle n’a pas tourné le dos aux énergies renouvelables mais a surtout gardé une
capacité privée et publique de recherche sur le nucléaire. La cohérence de sa
politique était assurée jusqu’à ce qu’elle envisage de forcer l’allure pour les
énergies renouvelables subventionnées, payées par le consommateur, et l’arrêt
prématuré de centrales nucléaires sans véritable raison autre que politique (l’argument
sécuritaire a bon dos comme la démocratie pour la Libye, la Syrie et l’Ukraine).
L’Allemagne
dispose de ressources minières principalement sous forme de lignite et de
contrats très importants de fourniture de gaz avec la Russie. La pression
écologique dans ce pays a conduit à prendre la décision politique d’arrêt du
nucléaire qui était nettement moins développé qu’en France avec une part du
nucléaire de 22,5% en 2010. Suite à l’accident de Fukushima, les 7 plus anciens
réacteurs ont tout d'abord été arrêtés, puis le 29 mai 2011 la coalition
gouvernementale a annoncé sa décision de fermer toutes les centrales nucléaires
électrogènes d'ici 2022. Son intention est de couvrir les besoins par d'autres
sources d'énergie non émettrices de gaz à effet de serre (comme le dioxyde de
carbone).
Cette
transition énergétique se traduit cependant par une série d'effets pervers. Le
premier est la hausse du prix de l'électricité en Allemagne. Les consommateurs
et les petites et moyennes entreprises payent pour cette énergie un des tarifs
les plus élevés d'Europe. Les producteurs, qu'ils soient des entreprises ou des
particuliers, bénéficient d'un prix de rachat au-dessus du prix du marché
garanti sur vingt ans. Le surcoût créé par ces énergies est réparti sur
l'ensemble des consommateurs. Ce texte a permis une croissance exceptionnelle
des énergies renouvelables en Allemagne depuis vingt ans.
Le
revers de la médaille c’est, que le surcoût est de moins en moins bien accepté
par les consommateurs allemands et
devrait monter à 250€ par foyer et par an en 2014, que l’augmentation de
pollution du dioxyde de carbone ne cesse d’augmenter par l’obligation de
démarrer des centrales thermiques. Ceci pour deux raisons, la compensation aléatoire
des manques de vent, la compensation des 7 réacteurs nucléaires déjà à l’arrêt
et les 17 à venir. L’Allemagne s’est couverte d’éoliennes et de panneaux
solaires, mais elle a un besoin de plus en plus impérieux d’extraire du lignite
et va même ouvrir de nouvelles mines d’extraction de ce charbon de mauvaise
qualité.
Les industries
privées RW et E.ON exploitant les réacteurs nucléaires sont en difficulté
financière et RW a déjà supprimé 6.000 postes. C’est des milliers de kilomètres
de lignes à haute tension qui devront traverser le pays du nord au sud pour y
amener la production éolienne offshore au grand dam des populations. Celles-ci
doivent déjà supporter des fermes d’éoliennes qui remplissent le paysage
parfois lui donnant un aspect kafkaïen (comme je l’ai constaté de visu près de
Leipzig) et une pollution, due en grande partie aux centrales à charbon, qui en
fait le pays le plus pollué d’Europe… et ce n’est pas fini ! Difficile d’imaginer
que la France puisse suivre l’exemple allemand compte-tenu de son passé
nucléaire et de son manque d’énergies fossiles.
L’Allemagne est dans ce domaine l’exemple
à ne pas suivre
Sauf quand les politiques et les
multinationales
Y trouvent leur intérêt !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF