Nous avançons vers une féodalité moderne dans laquelle les fiefs sont
constitués par des grandes banques et des entreprises multinationales. La
science n’échappe pas à un pillage et une distorsion politique. Galilée a dû se
rétracter car la politique religieuse lui a imposé une autre vérité qui est
devenue la sienne. C’est ce que l’on peut observer au niveau du GIEC, le groupe
intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat qui travaille pour l’ONU.
Les rapports de cet organisme sont proposés sur forme de synthèse politique aux
gouvernements. Entre les divergences scientifiques entre les experts hors GIEC
et au sein même de ce groupe, le rapport final et la synthèse politique bien
des distorsions s’introduisent et très peu de commentateurs se penchent sur le
rapport de base. Il s’ensuit des affirmations politiques et économiques qui font
allègrement table rase des doutes des scientifiques. Le scientifique est vite
marginalisé et sa parole « adaptée »aux besoins des politiques et des
puissances de l’argent. »
Lettre au Président dela République par Robert
Badinter, Jean-Pierre Chevènement, Alain Juppé et Michel Rocard
14 octobre 2013.
« Nous
assistons à une évolution inquiétante des relations entre la société française
et les sciences et techniques. Des minorités constituées autour d’un rejet de
celles-ci tentent d’imposer peu à peu leur loi et d’interdire progressivement
tout débat sérieux et toute expression publique des scientifiques qui ne
partagent pas leurs opinions.
L’impossibilité
de tenir un débat public libre sur le site de stockage des déchets de la
Cigéo (site souterrain de stockage des déchets hautement radioactifs proposé
par l’Andra) est l’exemple le plus récent de cette atmosphère et de ces
pratiques d’intimidation, qui spéculent sur la faiblesse des pouvoirs publics
et des élus.
De plus en
plus de scientifiques sont pris à partie personnellement s’ils osent
aborder publiquement et de façon non idéologique, des questions portant sur les
OGM, les ondes électromagnétiques, les nanotechnologies, le nucléaire, le gaz
de schiste. Il devient difficile de recruter des étudiants dans les disciplines
concernées (physique, biologie, chimie, géologie). Les organismes de recherches
ont ainsi été conduits à donner une forte priorité aux études portant sur les
risques, même ténus, de telle ou telle technique, mettant ainsi à mal leur potentiel
de compréhension et d’innovation. Or, c’est bien la science et la
technologie qui, à travers la mise au point de nouveaux procédés et
dispositifs, sont de nature à améliorer les conditions de vie des hommes
et de protéger l’environnement.
La France est
dans une situation difficile du fait de sa perte de compétitivité au niveau
européen comme mondial.
Comment imaginer que nous puissions remonter la pente sans innover ? Comment
innover si la liberté de créer est constamment remise en cause et si la méfiance,
envers les chercheurs et les inventeurs, est généralisée, alors que
l’on pourrait, au contraire, s’attendre à voir encourager nos champions ?
Il ne s’agit pas de donner le pouvoir aux scientifiques mais de donner aux
pouvoirs publics et à nos concitoyens les éléments nécessaires à la prise
de décision.
Nous appelons
donc solennellement les médias et les femmes et hommes politiques à exiger
que les débats publics vraiment ouverts et contradictoires puissent avoir lieu
sans être entravés par des minorités bruyantes et, parfois provocantes, voire
violentes. Il est indispensable que les scientifiques et ingénieurs puissent
s’exprimer et être écoutés dans leur rôle d’expertise. L’existence même de la
démocratie est menacée si elle n’est plus capable d’entendre des expertises,
même contraires à la pensée dominante. »
Robert Badinter Ancien garde des Sceaux, ancien président du
Conseil constitutionnel
Jean-Pierre Chevènement Ancien ministre de la Recherche et de la
Technologie, ancien ministre de la Recherche et de l’Industrie, ancien ministre
de l’Education nationale
Alain Juppé Ancien Premier ministre.
Michel Rocard Ancien Premier ministre.
Le monde médiatique porte aux nues, chanteurs, acteurs,
sportifs et politiques, mais le monde scientifique en général ne fait l’objet
au mieux que de commentaires rapidement évacués pour des rubriques de faits
divers nationaux ou internationaux. Le scientifique est un naïf en matière de
politique et de management économique. Son plaisir de chercheur est justement
de découvrir, de comprendre le pourquoi des choses, il se désintéresse très vite de
la suite qui en est donnée pour chercher encore… D’autres se chargent des
suites à leur profit en s’appuyant sur leur notoriété et en tordant les vérités
scientifiques à leur profit ou en proclamant vérité indiscutable les écrits de
ceux-ci non assortis des doutes scientifiques qui lui sont accolés. Le
nucléaire et le changement climatique n’en sont que deux exemples actuels sur
lesquels nous reviendrons dans un prochain article.
La
science mal utilisée extirpe l’humanité.
« Science sans
conscience est promesse de ruine. »
Jean
Rostand
« La science conduit au
savoir ; l'opinion conduit à l'ignorance. »
Citation
de Hippocrate ; Œuvre : La loi,
IV - IVe s. av. J.-C.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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