La France a plus de 500 000 travailleurs "low cost" et
plus de cinq millions de chômeurs. Le gouvernement veut mettre à mal la politique familiale, réduire les retraites, légaliser le dumping social dans un pays qui n'a
plus que des CDD et où la liberté d'entreprendre est comme un malade au stade
final auquel on demanderait de faire un jogging.
Le mariage du libéralisme et du socialisme ne peut
enfanter qu’un être handicapé. A un problème d’une Europe construite sur de
mauvaises bases et d’une zone euro qui s’est donné une monnaie unique, dite
euro-mark, on applique une politique keynésienne, de plus jugulée sur les
déficits budgétaires mais laxiste sur les dépenses publiques. Autrement dit, on
coupe toute possibilité de déficits budgétaires pour relancer l’économie, les
investissements structurels sans faire une coupe sombre sur les dépenses
publiques. D’ailleurs il faut noter que la croissance du PIB inclut les
dépenses publiques. Paradoxalement, plus l’on dépense, plus le PIB augmente et donc
plus le pourcentage de déficit par rapport au
PIB diminue à déficit constant !
Mais qu’est-ce qu’une politique keynésienne ?
Elle tient à deux principes, je devrais dire à deux postulats. Le premier c’est
l’accroissement des dépenses de l’État (indépendamment du déficit
budgétaire), donc l’accroissement du poids de l’État dans l’économie. L’injection
d’argent est destinée à relancer la consommation, prônée depuis quarante ans
avec le succès que nous mesurons aujourd’hui. Le second c’est le maintien de taux d’intérêt anormalement bas.
Le taux réel peut même devenir négatif si l’on tient compte de l’inflation, c’est
le cas des prêts consentis aux banques par la BCE. L’idée est alors de vider
les bas de laine des rentiers qui sont poussés à consommer, plutôt que d’épargner,
et même à emprunter pour consommer encore plus.
Seulement, maintenir des taux réels négatifs, c’est
subventionner les hommes politiques pour qu’ils dépensent de l’argent, ce qui
revient à donner les clés de sa cave à vins à un sommelier alcoolique. Comme
le souligne l’économiste Charles Gave, « La seule façon d’empêcher la
croissance de l’Etat, c’est que l’argent emprunté par l’État le soit à
son vrai prix, ce qui s’est passé de façon ininterrompue aux USA de 1980
à 2000 et c’est ce qui permit à la croissance outre-Atlantique de
redevenir normale ». A cette période a succédé aux États-Unis une période
keynésienne jusqu’à nos jours qui voit la dette augmenter, la croissance et le
chômage stagner, les disparités de revenus augmenter.
Le Royaume-Uni a tourné le dos à cette politique. La dépense publique étant
fortement alimentée par les emplois publics, le gouvernement conservateur, en
charge depuis 2009, a supprimé 600.000 emplois publics et que croyez-vous qu’il
arriva ? Le chômage a reculé et la croissance est repartie car il s’est
créé 2 millions d’emplois dans le privé. Sur le graphique joint on voit le
contraste d’évolution des emplois publics et privés de 2009 à 2013. Les emplois
privés sont représentés en noir avec une échelle à gauche et les emplois
publics en rouge avec une échelle à droite. En gros la disparition d’un emploi
public génère trois emplois privés !
La principale réduction des dépenses publiques tient
dans cette volonté de remettre la charge des emplois publics au niveau de celle
de pays comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Si l’on associe à cela la
possibilité de jouer sur la monnaie, outil qui a été retiré à notre pays, comme
la Suède, comme le Royaume-Uni, la France retrouverait d’ici 2017 le chemin de
la prospérité.
Hélas la politique keynésienne n’est pas perdue pour
tout le monde. Le Keynésianisme est imbattable, puisqu’il permet aux politiques
de se constituer des cohortes entières de supporters qui seront forcés de voter
pour eux à chaque élection. Donc, quand quelqu’un dit que le Keynésianisme a
toujours échoué, Charles Gave répond : « Ça dépend pour qui. En tout
cas, pas pour ceux qui l’ont mis en place à leur profit, bien au contraire. »
Ils savent bien qu’ils ne doivent leur prospérité et leur prééminence qu’au
rôle accru de l’État. Mais plus grave encore,
ils savent qu’il faut empêcher que quelqu’un ne dise que le Roi est nu,
d’où le contrôle de fer exercé sur les Media, les Universités ou le système
Judiciaire …
Voilà pourquoi la France est malade. La Gauche est
empêtrée dans une idéologie qui veut ignorer les lois de l’économie, et croit
que seul l’État est en mesure de savoir ce qu’il faut faire dans ce domaine, qu’il
doit grossir et ne pas se limiter aux taches régaliennes. Elle est affublée d’une
Droite qui balbutie son libéralisme sans avoir le courage de remettre en cause
la monnaie, de trancher dans le vif des dépenses publiques, d’engager d’urgence
des réformes structurelles même au prix d’une aggravation temporaire du déficit
public comme l’a fait le Royaume-Uni et comme l’Italie s’apprête à le faire.
Quel
homme politique aura le courage de le faire et risquer de ne pas être réélu ?
Mais
c’est le prix à payer pour sauver la France !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire