Manuel
Valls a parlé pour sa visite à Berlin des engagements de la France. Il a
maintenu nos engagements sur les déficits budgétaires, dont le plus difficile à
atteindre, le 2,8% du PIB en 2015. Comment aurait-il pu faire autrement après
le refus de Bruxelles, donc de l’Allemagne, de donner un délai supplémentaire à
la France ? Avec une dette qui s’alourdit chaque année et devrait
s’approcher des 100% de PIB en 2015, avec un investissement supplémentaire dans
le Pacte de Responsabilité et celui de Solidarité, c’est plus de 35 milliards
de dépenses supplémentaires qui s’ajoutent aux 20 milliards déjà engagés.
Autant dire que la partie
est très mal engagée. Une telle ponction sur les dépenses de deux budgets
successifs 2014-2015, dont l’un est déjà voté, et ceci sans faire appel à une
croissance qui ne pointe pas à l’horizon de l’UE, ni même de la zone euro, ne
peut se faire qu’en touchant aux salaires de la fonction publique, aux
prestations sociales et aux retraites. Il va s’en dire que cela va générer des
mouvements sociaux de nature à paralyser partiellement le pays.
L’autre solution qui peut se
combiner avec la première c’est une croissance qui augmenterait les recettes et
le PIB, deux facteurs agissant dans le bon sens sur le pourcentage de déficit
public. C’est plus de 2% de croissance qu’il faut trouver. Il faut comprendre
que la croissance alimente les rentrées
des impôts sur les sociétés soit une cinquantaine de milliards de recettes
alors que la TVA, payée par le consommateur dépasse les 140 milliards en 2013. On
mesure ainsi que ce ne peut être que par un accroissement des dépenses des
consommateurs que l’on a un levier plus efficace, celui de la TVA. Donner une
cinquantaine de milliards aux sociétés ne saurait doubler les impôts sur celles-ci…
Le gain de la croissance
peut aussi jouer sur le chômage, c’est la vraie variable d’ajustement car cela
diminue les dépenses et augmente la consommation intérieure. Il n’est pas sûr
que les entreprises fassent un gros effort sur le nombre de salariés quand
elles ont des marges très faibles et que l’investissement doit repartir. Le
choix fait par le gouvernement sur un Pacte de Responsabilité, difficile à
mettre en place et pour lequel la contrepartie se fera toujours attendre, et de
plus très en retrait par rapport à l’objectif à atteindre, n’apparaît pas
judicieux.
Alors il ne reste que la
monnaie, variable d’ajustement des économies que manipulent les américains, les
japonais, les chinois et plus proches de nous les anglais et les suédois. Notre
monnaie unique vient d’être déclarée trop forte par un ministre français et en
filigrane par Mario Draghi, grand-maître de la BCE. Le constat d’une UE qui
patine par rapport aux autres continents finit par faire émerger la nécessité
de jouer sur la monnaie comme les autres pays. Malheureusement ceci ne résout
en rien les disparités croissantes entre les pays de la zone euro.
Ces disparités ne cessent de
croître par le simple fait que les pays sont plus ou moins endettés et ont en
plus de ce fait des taux d’emprunt plus ou moins élevés. Tout le monde ne part
pas à égalité. L’UMPS s’accroche à un euro que les socialistes ont porté sur le
berceau et que le Centre et l’UMP ont adoubé. Cochon qui s’en dédit. C’est
l’attitude méprisante de certains sur la folie de sortie de l’euro. Il faudra
pourtant bien qu’ils avalent leur chapeau car les artifices pour masquer la
dérive de la zone euro, où se prélasse l’Allemagne encore pour quelques temps,
s’épuisent au fur et à mesure que les dettes s’accumulent et que les banques se
fragilisent.
Seule une monnaie commune,
réajustant les parités entre les nations de la zone euro, apparaît comme une
solution traitant le problème à la base. Pour que ce réajustement n’entraîne
pas une succession de ceux-ci, il faut non seulement mettre des freins mais se
demander quels sont les pays qui ne pourront tenir dans les limites fixées donc
dont les économies et les lois sociales doivent alors continuer à se
rapprocher. Une Europe réduite aux pays de départ convergerait plus rapidement.
Les autres pays pourraient bénéficier de contraintes moins sévères d’uniformité
permettant à chacun de jouer sa propre partition en fonction de l’écart qui le
sépare du noyau central.
L’Europe pourrait se donner
des moyens politiques et dépasser les limites de l’UE pour en faire une réalité
physique et culturelle en tendant la main à la Russie au lieu de lui chercher
des noises, car ce pays est historiquement, économiquement, et culturellement
européen. Elle l’est en tous cas bien mieux que la Turquie que les USA ne
cessent de vouloir rattacher à l’Europe sous prétexte militaire de l’OTAN et de
son voisinage avec la Russie.
Pour les européennes, la montée de l’abstention et du FN
Sera-t-elle interprétée comme un désaveu de Hollande
Ou le sera-t-elle comme un refus de l’UE actuelle ?
C’est les deux, Hollande et l’UE, qu’il faut rejeter !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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