La
politique intérieure française a fait oublier la tension qu’ont provoquée les
manifestations en Ukraine entre le monde occidental et la Russie. C’est
pourtant un sujet de préoccupation d’une importance qui rejette bien loin la
nomination d’un Valls qu’Hollande ne voulait pas pour un programme politique
sans changement. On ne joue pas impunément avec une nation comme la Russie.
Cette nation se tourne naturellement vers l’Europe et contient à l’est une
Chine dans une cohabitation issue d’un communisme en lambeaux. La Russie ne
traite avec la Chine que comme un partenaire voisin et dans le même temps un adversaire
potentiellement dangereux.
La
politique hégémonique américaine, administrée à l’Europe, tend à affaiblir ce
pays. Ce grand pays a un instinct de survie que l’histoire a montré et elle ne
reculera devant aucun sacrifice, même pas la guerre. La destitution du
président ukrainien, en dehors de tout respect de la Constitution ukrainienne
pour n’avoir pas accepté l’Union Européenne pour son devenir, a permis à
Poutine de mettre la main sur la Crimée et de sauver les bases de sa flotte de
la Mer Noire en même temps qu’un peuple attaché à son appartenance russe.
La
partie orientale, la plus peuplée et la plus industrieuse, parle le russe dans
sa majorité même si l’ukrainien est imposé par l’Etat. Ses yeux et ses
relations commerciales sont tournées vers la Russie. Elle n’adhère pas au vœu de
rattachement à l’UE voulu par la partie occidentale et voit d’un mauvais œil la
destitution du Président et la prise en main de l’Etat par les pro-européens.
De toute évidence l’économie ukrainienne est beaucoup plus tournée vers la
Russie que vers l’Europe. La force de l’Ukraine est d’être une grande zone de
transit du gaz russe mais sa grande faiblesse est une économie exsangue.
Les États-Unis engagent l’Union Européenne, dont la France en première ligne, dans
un conflit contraire à ses intérêts historiques et crée une situation
dangereuse envers la Russie qui se tourne naturellement vers l’Europe. En la
bloquant contre la Chine par une poussée de l’UE pour englober l’Ukraine, on
pousse l’OTAN aux frontières de ce pays. La partie russophone de l’Ukraine ne
souhaite pas la domination européenne, donc désormais de Kiev.
Notre
Président ferait bien de relire les propos de De Gaulle au lieu de suivre la
politique d’Obama :
« Un jour viendra où la Russie sera à notre
côté contre les chinois. Quand la Chine menacera les frontières orientales de
la Russie, il faudra être à ses côtés. Il faut montrer aux russes que la
création d’une Union Européenne Occidentale n’est pas dirigée contre eux.»
L‘Ukraine est donc un
carrefour stratégique. Il l’est à double titre pour la Russie, sur le plan de
la Défense Nationale avec l’accès à la Mer Noire et à la Méditerranée et sur le plan économique avec le passage des
gazoducs. L’accès menacé à la Mer Noire a été rétabli avec l’autodétermination
de la Crimée pour un rattachement à la Russie. La guerre économique avec l’Ukraine
soutenue par l’Europe est engagée et nul n’en connaît l’issue, car les enchères
montent. La Russie déclare que les accords de fourniture de gaz à bas prix de
tiennent plus et fait passer le prix de 280$ à 485$ pour 1000m3.
De son côté l’Ukraine veut augmenter les droits de
passage du gaz vers l’Europe, jeu dangereux car cela ferait encore augmenter le
prix du gaz en Allemagne en particulier. La Russie déclare que la location d’implantation
des bases militaires en Crimée n’a plus lieu d’être. Au total, Moscou chiffre à 11 milliards de dollars les créances de
l’Ukraine envers le budget russe. La guerre économique bat
son plein et Kiev se tourne autant vers l’Europe que vers les Etats-Unis pour
demander de l’aide financière et diplomatique. L’Union européenne, dont huit pays membres dépendent du gaz russe à
plus de 80%, se sent à nouveau vulnérable face au conflit russo-ukrainien.
De son côté la Russie finalise un contrat d’achat de
pétrole avec l’Iran en échanges d’équipements russes pour un montant de 20Mds$.
L’Iran dont les exportations ont baissé de 10% y trouverait un complément de
débouché. La Russie compte alimenter sa demande intérieure avec des prix au
rabais et revendre plus cher le pétrole extrait sur son sol.
Ce grand jeu diplomatique et économique ne se
déroule pas sans des intimidations militaires car l’enjeu est considérable dans
la confrontation États-Unis – Chine qui va occuper les années qui viennent. Les
USA veulent garder l’Europe occidentale à leurs côtés en vassal complaisant et
sans poids militaire comparable, ce qui ne serait pas le cas si elle s’ajoutait
celui de la Russie. L’affaiblissement de la Russie et son détachement de l’Europe
laisserait les mains libres à l’hégémonie américaine… On est loin de la défense
de la démocratie ukrainienne et de son peuple en partie manipulé par des
puissances étrangères mais la guerre économique s’appuie toujours sur la
puissance militaire et parfois elle se mue en guerre militaire comme en 14-18
et 39-45 !
Les
peuples ont le droit du choix de leurs alliances
A l’intérieur
et à l’extérieur de l’Europe.
Ne
pas l’exprimer peut les entraîner
Dans
la guerre malgré eux !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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