Ces
tous derniers jours on apprenait le rachat de SFR par le câblo-opérateur
Numéricâble, société du franco-israélien Patrick Drahi très
« optimisée » fiscalement via Luxembourg, Guernesey, la
Suisse et autres Antilles bien choisies, puis on découvrait
l’OPA de l’Américain General Electric sur Alstom, fleuron français emblématique
des centrales et réseaux électriques, du TGV et autres tramways, mais aussi des
éoliennes et hydroliennes. Le PDG d’Altice, le franco-israélien Patrick
Drahi, vise à mettre les enjeux du très haut débit par câble entre ses mains.
Il s’agit là aussi d’un secteur stratégique et on a vu avec les programmes
PRISM de surveillance universelle de la NSA qu’il convient d’être
vigilant. Le ministre Montebourg menace de tous les maux
l’entreprise Numéricâble, coupable d’avoir court-circuité le beau projet de
Bouygues en rachetant SFR. Aux yeux du ministre à l’honneur bafoué, tout est
bon pour se venger de la société félonne et l’Autorité de la concurrence a été
mandatée pour réduire à néant un rachat si mal vu par le patron de l’Économie
française.
Déjà,
à l’automne 2013, les annonces de la liquidation de l’Entreprise de
composants microélectroniques LFoundry ainsi que les projets de fermeture
de nombreux sites français d’Alcatel-Lucent avaient sérieusement noirci le
paysage économique français. Mais aujourd’hui c’est le démantèlement d’Alstom,
l’un des tous premiers fleurons de l’industrie française qui devient l’emblème de notre décadence économique. Il y a
quinze ans, les entreprises françaises partaient à la conquête du monde.
Aujourd’hui, exsangues, elles ne sont plus que des proies. La mauvaise gestion
avec des slogans paralysant comme « une usine, un métier » ou « l'entreprise
dématérialisée sans usines » ont participé à de mauvais choix dans les
restructurations des deux entreprises, ancêtres du temps des Trente glorieuses,
à savoir la Compagnie Générale d’Electricité (CGE) et la Compagnie Générale des
Eaux.
Mais la cause principale est à rechercher dans l’euro
fort et la taxation de l’industrie et du capital qui rendent les marges très
faibles pour les entreprises françaises qui n’investissent plus et s’endettent.
Leur mauvaise santé assez générale soulève l’appétit d’entreprises étrangères. Soyons
clairs, Alstom n’est pas, comme il y a dix ans, en situation de dépôt de bilan.
Non, Alstom est tout simplement incapable de financer son développement
technologique. Parce que toutes les sociétés françaises sont condamnées à cette
situation. Hier Alcatel, Pechiney, Arcelor, récemment Euronext, PSA, Publicis,
Lafarge se retrouvent dans la situation d’impossibilité de financer leur
développement.
La responsabilité de l’Etat est claire dans la
taxation du capital, les détenteurs fuient l’industrie française. C’est le capital qui fait l’entreprise. Sans
capital, pas d’investissement, pas de recherche, pas de conquête de marchés. C’est
la raison majeure pour laquelle lorsque des processus technologiques sont
validés beaucoup de Français s’expatrient pour créer leur entreprise : 20% des
startups de la Silicon Valley ont un Français comme point de départ. Lorsqu’elles
naissent en France, elles sont rachetées et développées à l’étranger pour une
rentabilité meilleure du capital investi. Car ne nous y trompons pas, les
entreprises étrangères ne sont pas des philanthropes et elles achètent nos
entreprises pour différentes raisons, pour un effet de taille ou pour éliminer
un concurrent comme il semble bien que ce soit le cas d’Alstom qui est endetté
jusqu’au cou.
La débâcle ne fait que continuer. Le fabricant
d’aluminium Pechiney fut absorbé par le canadien Alcan tandis que le
sidérurgiste Arcelor fut pour sa part avalé par l’indo-britannique Mittal. Il y
a quelques mois, la place de marché boursier NYSE-Euronext était gobée par
l’américain ICE après une tentative de contrattaque de Deutsche Börse. Il
y a deux ans, Rhodia est passé avec armes et bagages sous pavillon belge,
rachetée par Solvay. Il y a deux mois, c’est Publicis, passé dans le
giron américain d’Omnicom qui devenait… hollandais – je veux dire par
là qu’il a mis son siège aux Pays-Bas. Récemment, le constructeur automobile
Peugeot a ouvert son capital au chinois Dongfeng. Il y a quelques
semaines, nous apprenions que le cimentier Lafarge devenait suisse en
« fusionnant » avec Holcim…
L’État se mêle de tout et même de détruire les entreprises
Par la
fiscalité et la haine du capital.
Le
déclin continue !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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