Il ne faut plus donner la parole au
peuple surtout pour tout ce qui touche à son avenir. Sarkozy l’a compris en
faisant voter la copie conforme de la Constitution Européenne, le traité de
Lisbonne, par le Parlement. Il n’était pas question de se faire imposer le
refus de la Constitution par le peuple. Le référendum était une très mauvaise
idée. J’aurais dû me souvenir de ce qu’il en avait coûté au Général De Gaulle
de proposer un référendum sur la décentralisation, a pensé Sarkozy. La leçon a
été retenue, le référendum est le pire instrument du pouvoir et n’est à utiliser
qu’en dernière extrémité. C’est pourquoi tout a été mis en place pour que le
référendum d’initiative populaire ne puisse voir le jour tant les conditions d’application
sont restrictives. Il est à l’initiative d’un cinquième du Parlement, les électeurs,
signataires de la pétition, ne venant qu’en appui. Le texte de loi ne sera d’ailleurs
applicable qu’au 1er février 2015 !
Le
nombre de signataires doit atteindre un dixième des électeurs inscrits sur les
listes électorales soit environ 4.600.000 auxquels il faut ajouter 185 députés
ou sénateurs sur 925. Il ne s’agit en fait que d’un référendum d’initiative
partagée entre le Parlement et les électeurs. De plus aucun pays n’a imposé un
tel pourcentage de signatures. La Suisse demande 100.000 signatures, et l’Italie
500.000 soit neuf fois moins que la France. C’est pourquoi le pouvoir peut
facilement rejeter les demandes de référendum faites par les manifestations
populaires. La démocratie directe est rejetée de fait par le pouvoir et les
parlementaires. Les modifications sociétales, et tout ce qui touche au
fonctionnement et à l’appartenance à l’Europe, ne doivent plus faire l’objet d’un
vote populaire direct considéré comme trop dangereux tant les élites politiciennes
se sont éloignées du peuple.
C’est
pourquoi seules les élections présidentielles, des collectivités territoriales
et des députés français et européens peuvent encore permettre au peuple d’exprimer
sa volonté voire sa colère. Le 25 mai la colère n’est pas venue seulement de la
crise économique, mais de l’immigration massive, de la perte d’identité, de
l’effacement de la démocratie, du mondialisme… Elle s’exprime d’autant mieux qu’elle
est jugulée et son ampleur montre combien le déni de démocratie est grand. Le
peuple gronde dans les urnes mais l’autisme du pouvoir peut vite dégénérer dans
une colère de la rue avec toute la violence qu’elle peut libérer.
Pendant
ce temps TAFTA fait tranquillement son entrée porté par une oligarchie
financière mondialiste. TAFTA, cela ne vous dit rien ? C’est tout
bonnement le Grand Traité Transatlantique (GMT) de libre-échange, le « Transatlantic
Free Trade Area ». Cet accord
garantit des conditions de commerce optimales dans toute la zone du monde dit
« occidental ». Qui dit conditions de commerce optimales dit que tout État qui tentera de s’élever contre une
décision d’une multinationale devra répondre de ses actes devant un Tribunal
international indépendant.
On va encore nous vendre
ce traité comme une bonne opération pour la France et pour l’Europe en nous
parlant d’harmonisation des normes facilitant les échanges commerciaux.
Pourtant nous croulons sous les normes européennes dont le champ d’action n’a
plus de limites raisonnables. Rien ne leur échappe, même pas la dimension des
cages à poules. En fait cet aspect est à priori marginal devant le renforcement
des pouvoirs des multinationales au détriment des Etats. Car une fois le traité
mis en place, les entreprises pourront porter plainte dès qu’elles jugeront qu’un
État, par ses lois et règles, porte atteinte à ses profits réels ou espérés. L’Etat
qui voudra s’opposer à une de leur décision devra répondre de ses actes devant
un tribunal international indépendant, indépendant des Etats… donc privé !
On peut facilement
prévoir que les Etats ne gagneront pas souvent vu que l’indépendance du
tribunal sera vite achetée par les multinationales, comme les Commissaires
européens sont l’objet de toutes les influences des lobbies à Bruxelles. L’Europe
pourra s’alimenter au poulet chloré, au bœuf aux hormones, au porc à la
ractopamine, etc. En revanche, elle pourra dire adieu au salaire minimum, à la
neutralité du net, à la sécurité sociale, à l’exception culturelle etc. Le peu
de souveraineté qui reste au peuple va définitivement passer dans les mains des
multinationales, des puissances de l’Ombre.
L’opacité de ce traité ne
fait déjà plus aucun doute, pas plus d’ailleurs que pour les ardents défenseurs
parmi lesquels on retrouve la présence des multinationales et des banques dont Goldman
Sachs évidemment avec Guillermo de la Dehesa, un conseiller de cette magnifique
banque, entouré entre autres d’un conseiller d’un laboratoire pharmaceutique et
d’un ancien dirigeant de Coca-Cola. Tout ce beau monde dirige le CERP (Center
of Economic Research Policy), qui est l’auteur d’un rapport selon lequel le
Traité provoquera un essor économique en Europe et permettra à tous les ménages
de gagner la bagatelle de 500€/an en plus à partir de 2029. J’ai peur qu’avec l‘inflation il
ne reste pas grand-chose de cette somme dans quinze ans.
On retrouve aussi à la
tête de la FDA (Food and Drug Association) Michael Taylor, ex vice-président de
la multinationale à boycotter, Monsanto. Autrement dit on va nous vendre des
mirages pour permettre aux lobbies internationaux et autres groupes d’influence
de passer outre aux décisions étatiques qui ont bloqué de nombreux produits non
conformes selon nos critères sanitaires et sécuritaires. Il s’agit tout
simplement d’ouvrir aux multinationales américaines le marché européen,
beaucoup plus important que le marché américain, et de supplanter les souverainetés
étatiques afin d’accéder au libéralisme sans contrainte. Sur le plan
géostratégique, c’est déconnecter un peu plus l’Europe de la Russie. Le peuple
dans tout cela ne compte pas et on ne lui demande pas son avis.
« Il est des heures graves dans l'histoire
d'un peuple
Où sa sauvegarde tient toute dans sa capacité
A discerner les menaces qu'on lui cache. »
Appel
de Cochin, 6 décembre 1978. [ Jacques Chirac ]
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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