Hier le Président est descendu dans l’arène
pour avouer qu’il avait été élu avec un programme de candidat qui n’était pas
mirobolant mais parce qu’on ne voulait plus de son prédécesseur. Il a oublié,
ce candidat par raccroc, que sans l’affaire DSK, la route vers la Présidence
lui était fermée. Ce Président croit que se mettre au niveau du peuple c’est se
faire aimer et que la fonction présidentielle en sort grandie. La réponse d’assistant
social aux questions des auditeurs n’a donné aucune certitude à ceux qui les
ont posées et n’a donné aucun éclairage sur la route qu’il entend suivre. Il n’a
fait jusque-là que brouiller les pistes et n'est plus audible.
La
grandeur de la fonction, c’est de définir des caps dont le peuple peut vérifier
à postériori qu’ils ont des conséquences bénéfiques. Ces caps doivent tenir
compte d’un peuple non pas que l’on entend, comme le dit le Président, mais que
l’on écoute. Enfin diriger un pays c’est donner une grande place à l’économie
et non pas à la finance, comme l’avait compris De Gaulle. Nous sommes dans une
politique à courte vue, pleine d’allers retours, oscillant entre un socialisme
pour les plus démunis et un libéralisme mal assumé.
La
politique qui consiste à démanteler tout ce qui avait été fait par son prédécesseur,
hormis ses engagements envers l’Union Européenne, n’est pas une politique en
soi. C’est ainsi que la promesse de revenir sur les accords signés précédemment
avec l’UE n’a pas été tenue. Dans les effacements du passé citons par exemple,
la défiscalisation des heures supplémentaires, mesure phare de Sarkozy, qui a été immédiatement annulée. Le nouveau
plan de Hollande, présenté comme une mesure éminemment socialiste, est la
défiscalisation pour les plus bas salaires… idée éminemment différente dans
l’esprit !
Malheureusement
cette complication de gestion, censée encourager les entreprises à embaucher,
va engager celles-ci dans un clivage malsain entre les très faibles salaires et
ceux juste en dehors de la mesure fiscale. La brusque différence de coût risque
soit de bloquer ces salariés proches du SMIC sans perspective d’avenir soit
décourager l’embauche pour éviter ce clivage. L’impact sur l’emploi est très
aléatoire. Nul doute que les heures supplémentaires défiscalisées, payées
double, et basées sur le volontariat était une solution plus souple, plus
simple et sans clivage de revenu salarial.
On
en revient à ce faux calcul mathématique des 35 heures payées 39 qui commet une
double erreur. Il n’y a pas de loi mathématique dans l’embauche et ce passage
ne donnait pas 12% de chômeurs en moins mais se soldait par une augmentation de
12% du coût du travail pour l’employeur. L’une des premières causes du chômage
est la réglementation du travail. Par exemple, les entreprises renoncent à
embaucher une personne qu’elles ne pourront pas licencier plus tard ou à coût
trop élevé. La gestion de la pénibilité est encore une réglementation de plus
donnant beaucoup de travail supplémentaire aux entreprises et une source de
conflits.
Il
en est de même du salaire minimum en France qui est l’un des plus élevés du
monde. Le point de vue qui consiste à penser que ce salaire minimum n’agit pas
sur le chômage se trompe. Voilà ce qu’en dit l’économiste Gary S. Becker, qui
vient de mourir et qui était considéré par ses pairs comme le plus grand
économiste du 20ème siècle. « Les
travailleurs dont la productivité est inférieure à ce minimum quittent le
marché du travail : ils ne peuvent pas trouver d’emploi. Ce sont généralement
des jeunes gens, des immigrés, des employés peu qualifiés, ou les femmes
revenant sur le marché du travail après une absence. Si vous supprimez le
salaire minimum, vous fournissez de nouveaux emplois. Ceci est particulièrement
vrai en France où la fraction de la population concernée est plus importante
qu’aux États-Unis. »
En
1996, il ajoutait aussi sur les aides sociales dont on connait les travers
: « On constate en Europe, en
Suède et en France en particulier, mais aussi aux États-Unis que, s’il n’est
pas profitable de travailler, certaines personnes, notamment celles qui font
des travaux peu gratifiants, travaillent au noir pour bénéficier des aides.
C’est un principe économique de base. »
La
course à l’inversion de la courbe du chômage, dont on pense qu’elle s’inverserait
pas diminution de la pression fiscale, est une confusion entre l’emploi et le
chômage. Dès 1996 Gary S. Becker disait : « Le niveau de vos impôts m’inquiète : il décourage l’offre
de travail. Mais ne confondez pas augmentation de l’emploi et baisse du
chômage. Une baisse d’impôt peut pousser les gens à rentrer sur le marché du
travail, augmentant de ce fait l’emploi, mais ne réduisant pas d’autant le
chômage : les effectifs employés augmentent mais le nombre de personnes
souhaitant travailler également. »
Enfin
au moment où nous allons voter pour les élections européennes et où nos Énarques traitent d’idiots, les tenants d’une monnaie commune et non unique,
donc la sortie du carcan de l’euro, ce grand économiste exposait déjà en 1996,
avant l’euro, son point de vue prémonitoire : « Tout dépend de l’évolution du mark. Mais comme ce dernier est fort, le
soutien du franc coûte cher à vos entreprises : les produits français sont
renchéris et les exportations freinées. […] De ce point de vue, les changes
flexibles sont une bonne politique. Je crois en l’Europe, mais si j’étais vous,
je ne poursuivrais pas la construction de l’union monétaire. J’instaurerais une
forme de concurrence entre les monnaies en dotant chacune du cours légal dans
chaque pays. On pourrait alors les utiliser pour toute transaction, faire sa
comptabilité et même payer ses impôts. Ainsi, la demande de monnaie serait plus
élastique, empêchant le recours à l’impôt d’inflation. »
Les ânes
c’est qui finalement ? A l’heure où nous devons réduire notre déficit, il
serait bon aussi de dire comme lui que la première chose à faire est de réduire
d’abord les dépenses de fonctionnement de l’Etat et non les investissements, la
dernière c’est d’augmenter les impôts. Ceci étant on ne sait toujours pas
comment le gouvernement trouvera les six milliards qui manquent selon la Cour
des Comptes… Sans doute la réponse est aussi celle de Michel Sapin qui lève le
doute à Bruxelles pour le déficit ramené à 3% du PIB en 2015 par celle belle
phrase : Nous tiendrons nos engagements parce que nous en avons la ferme intention !
Donc pas de souci pour les six milliards, ils sont dans la ferme intention !
Nous sommes gouvernés depuis trente ans
Par des ânes bâtés en
matière économique,
Par des moutons en politique étrangère,
Et le moutonnier ne voit pas l’abîme !
Autiste et aveugle c’est beaucoup !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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