L’année 2014 est riche en commémorations
d’évènements militaires tragiques ou heureux qui ont marqué l’histoire de la
France quand ce n’est pas de l’Europe et du monde. C’est d’abord le centième
anniversaire du 1er août 1914, jour de la mobilisation de la première guerre
mondiale qui a fait au total 18 millions de morts ou disparus et 21 millions de blessés. Ensuite c’est aussi le
60ème anniversaire de la chute de Dien Bien Phu le 7 mai 1954. Après 57 jours et 57 nuits de combats d’une
rare férocité entre les soldats du corps expéditionnaire français et les
troupes vietminh, le camp retranché tombe aux mains des forces du général Vo
Nguyen Giap. Elle durait depuis huit ans. La bataille de Dien Bien Phu aura
fait, côté français, 3 420 tués ou disparus et 5 300 blessés.
Plus proche de
nous, c’est le 70ème anniversaire du débarquement des troupes
alliées en Normandie le 6 juin 1944. La Seconde Guerre mondiale constitue le conflit armé le plus vaste que
l’humanité ait connu, mobilisant plus de 100 millions de combattants de 61
nations, déployant les hostilités sur quelque 22 millions de km, et tuant
environ 62 millions de personnes, dont une majorité de civils. Nous commémorons
aujourd’hui le 69ème anniversaire de la capitulation de l’Allemagne
le 8 mai 1945. Notre sentiment d’horreur de la guerre nous fait penser au 10
juin 1944, jour du massacre d’Oradour-sur-Glane. Notre sentiment patriotique
nous rappelle que la France de l’ombre, celle de la Résistance, a vu le maquis
du Vercors disloqué par les forces allemandes fin juillet 1944, prenant la vie
à 840 combattants et civils français. Cela nous fait oublier la collaboration
et la milice qui a torturé ou tué nombre de patriotes.
L’histoire met souvent en exergue ce qui nous
glorifie, nous ou nos alliés, mais à l’heure où certains voient un nouveau
début de guerre froide avec la Russie, il est bon de se souvenir que, sans
l’engagement de l’URSS dans le conflit contre l’Allemagne en 1941, nous serions
très probablement allemands… l’Europe aurait été plus facile à
construire ! En effet de juillet 1941 jusqu’à la fin de la guerre, c’est
l’URSS qui a supporté le plus grand poids militaire des forces allemandes,
jusqu’à 70% et le plus lourd tribut en pertes humaines.
Le 22 juin 1941,
la Wehrmacht envahit l'URSS dans le cadre de l'Opération Barbarossa. Elle
mobilise 3,2 millions de soldats allemands, et 600 000 soldats des états
alliés de Hongrie, de Roumanie, de Finlande, de Slovaquie et d'Italie. C'est à
ce jour la plus grande offensive militaire de l'histoire. En décembre 1941,
elle est stoppée à une trentaine de kilomètres de Moscou, grâce aux rigueurs de
l’hiver et au patriotisme russe. Elle doit aussi faire le siège de Leningrad
pendant 900 jours entraînant la famine et la mort de 700.000 habitants.
Soutenue par une forte aide
américano-britannique en matériel de qualité et en ravitaillement, l’Union
soviétique supporte presque seule l’effort de guerre contre l’Allemagne nazie.
À partir de juin 1942, les Allemands ont relancé leur offensive vers
l’est, en direction de la Volga et des pétroles du Caucase. Mais les troupes
allemandes restent bloquées devant Stalingrad et finalement capitulent en
janvier-février 1943. C’est le tournant de la guerre avec l’attaque de Pearl Harbor
qui provoque l’entrée en guerre des États-Unis.
Désormais l’armée
soviétique reprend l’initiative avec un ascendant en hommes, en matériel et en
tactique militaire malgré des contre-offensives allemandes dangereuses comme
celle de Kharkov (Ukraine orientale) pour empêcher la libération de ce pays ou
de Koursk (Russie). Mais les victoires russes vont s’enchaîner. Les soviétiques
entrent à Kiev, en Ukraine, en novembre 1943, dégagent Leningrad en janvier 1944.
Ils lancent, le 22 juin 1944, la plus grande offensive de leur histoire,
l’opération Bagration, qui permet de libérer la Biélorussie en quelques
semaines, d'entrer en Prusse-Orientale et en Pologne jusqu'aux faubourgs de
Varsovie.
Rien n’empêchera
plus l’armée soviétique d’atteindre Berlin. Désormais il faut se souvenir que
ce fut la première armée à découvrir la mort industrielle et planifiée dans le
camp de concentration de Maïdanek (dans les faubourgs de la ville polonaise de
Lublin), qu’en 1943 et 1944 lors de la bataille de l’Ukraine, ce sont 1,2 à 1,5
millions de juifs qui ont été exterminés sur place par l’armée allemande, et
enfin que des centaines de villages et de bourgs ont connu le sort
d’Oradour-sur-Glane. Il faut aussi prendre conscience que le débarquement en
Normandie n’aurait pas été possible si l’URSS n’avait pas contenu l’essentiel
des forces militaires allemandes. Sans ce pays nous apprendrions l’allemand
dans nos écoles… et l’Europe germanique serait sans doute depuis une réalité.
A l’heure de la
constitution d’une nouvelle hégémonie allemande sur l’Europe, il faut saluer la
visite de Poutine aux cérémonies du débarquement en Normandie (d’ailleurs
l’escadrille Normandie-Niemen est un symbole dans cette guerre horrible). Il
faut comprendre que la Russie a vocation à entrer dans l’Europe plutôt qu’à se
rapprocher de la Chine et que l’OTAN ne doit pas œuvrer à nous en séparer.
C’est pourtant ce qui se joue en Ukraine dans une partie géopolitique où l’UE
prend conscience qu’elle est un nain politique sans armée, donc un continent de
consommateurs, proie future d’un marché transatlantique et d’une occupation
militaire (non d’une couverture de défense ! Excusez-moi) américaine comme
en Pologne.
L’UE a vu le jour sous la tutelle américaine avec Jean Monnet.
Elle a fait vœu de non puissance dans ses
textes fondateurs.
Nain politique et militaire quel avenir
a-t-elle
Sinon la vassalité et l’exploitation
Par le dollar-roi et l‘OTAN ?
Claude Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon