Capter l’énergie solaire c’est capter
des photons émis par le soleil pour frapper des électrons tournant autour du noyau
d’un atome et leur faire changer d’orbite en libérant de l’énergie dite énergie
photovoltaïque. Les cellules solaires ont pour rôle de capter cette énergie du
soleil et de produire de l’électricité en courant continu, laquelle peut être
utilisée pour alimenter les équipements ou pour recharger une batterie. La
première application pratique du photovoltaïque a été de pouvoir alimenter
en électricité les satellites en orbite et autres engins spatiaux, mais
aujourd’hui la majorité des modules photovoltaïques sont utilisés pour être
reliés au réseau d’électricité. Dans ce cas, un onduleur est nécessaire pour
convertir le courant continu en courant alternatif. Les cellules solaires
permettent aussi d’alimenter, à distance hors réseau, certains logements, les
téléphones d’urgence sur les routes, la télédétection et la protection
cathodique des canalisations.
La
plupart des panneaux de cellules photovoltaïques, rassemblées en modules reliés
électriquement entre eux, sont faits avec du silicium, une matière chère,
lourde et fragile (la grêle, par exemple, détruit les panneaux
photovoltaïques). Il existe d’autres matériaux qui absorbent plus le rayonnement
du soleil (un secteur de recherche pour améliorer les panneaux photovoltaïques
dans l’avenir). Un autre défaut tient au fait qu’un panneau photovoltaïque perd
en moyenne 20% de l’énergie à cause des batteries au plomb.
Les rendements
des panneaux photovoltaïques sont compris entre 7% et 17% suivant que l’on
utilise comme matériau semi-conducteur le silicium amorphe, le polycristallin,
ou le monocristallin. Plus le rendement est important plus le prix sera élevé. Les
rendements théoriques peuvent être détériorés par des pertes dues à des
ombrages d’arbres ou de bâtiments proches, des dépôts de poussières ou autres
résidus, des mauvais angles d’orientation par rapport à la lumière solaire et
des pertes électriques dans les liaisons internes.
Le
prix de vente des modules est encore trop élevé pour rivaliser avec les
gestionnaires de réseau d’électricité, c’est pourquoi les pays subventionnent
les équipements et le rachat des productions électriques remises sur les
réseaux pour un KWh produit plus cher que par les autres énergies. C’est ou c’était
le cas du Japon, de l’Allemagne, de l’Espagne et de la France entre autres.
Malgré cela le secteur est en crise parce que cette énergie dite propre (900
tonnes de minerai à extraire pour 1 tonne de panneaux solaires tout-de-même)
présente un certain nombre d’inconvénients majeurs pour son développement :
- L'énergie solaire n'est pas compétitive lorsqu'il s'agit de production importante d'énergie. En effet, certaines énergies comme le nucléaire sont beaucoup plus rentables financièrement. Tous les besoins énergétiques mondiaux ne peuvent donc pas être fournis par l'énergie solaire.
- Un panneau solaire a une durée de vie de 25 ans environ, au-delà, les rendements diminuent rapidement. De plus, il faut entre 2 et 7 ans au panneau pour produire l'énergie qui a été utilisée pour sa construction et il faudra décider qui paiera le recyclage en fin de vie
- Une production d'énergie irrégulière, à cause du temps. Les panneaux produisent beaucoup l'été mais les besoins sont faibles. Au contraire, la production d'énergie en hiver est plus faible alors que les besoins sont élevés.
- L'énergie solaire ne produit qu'en journée et en fonction de la météo, et non en fonction des besoins énergétiques. Il faut donc investir dans des moyens de stockage de l'énergie qui coûtent très cher.
- Le coût élevé à la fois des panneaux solaires mais également des installations nécessaires comme les moyens de stockage de l'énergie.
- La taille des installations : il faut en effet de grandes superficies de panneaux solaires pour produire de l'énergie. On voit en Allemagne de nombreux champs soustraits à l’agriculture et couverts de panneaux.
- La Chine détient 95% de la production mondiale de « terres rares » indispensables pour la fabrication des cellules et en contingente la vente afin de conserver la quasi exclusivité de la production des panneaux photovoltaïques.
- Dans la mesure où ces panneaux sont pour la plus grande part fabriqués en Chine le bilan carbone devient très défavorable à cause du transport de ceux-ci sur cargos.
Tout ceci fait que le secteur est en crise dès que
les aides financières s’évanouissent. En mars 2013 le géant chinois des
panneaux solaires Suntech, numéro un mondial il y a peu, victime d’une crise du
secteur, a déposé son bilan. Cette crise a été précipitée par l’effondrement du
prix des panneaux solaires, de près de 45% en 2011 et de 25% en 2012.
En mars 2013 également, l’industriel allemand Bosch,
a annoncé son retrait du photovoltaïque, après avoir subi une perte d’un
milliard d’euros en 2012, dans un secteur en crise notamment depuis le tarissement
des subventions publiques et qui devra trouver une rentabilité plus pérenne
pour se renouveler. C’est plus de 3.000 emplois qui étaient menacés dont 200 en
France. L’engouement mondial pour cette nouvelle industrie subventionnée a
généré une surcapacité qui met en danger tout ce secteur quand l’aide
financière se réduit.
En juin 2013 Siemens jette aussi l’éponge. Soumis à
une féroce concurrence chinoise, Il a arrêté progressivement son activité dans
l’énergie solaire, faute de lui avoir trouvé un acheteur et de voir un avenir
dans ce secteur des énergies renouvelables.
L’énergie
photovoltaïque ne peut donc subsister qu’en acceptant son subventionnement pérenne
et une dépendance à la Chine. C’est pour l’instant un luxe que l’on fait payer
à l’ensemble des consommateurs par la taxe sur l’électricité consommée, la
CSPE. C’est de plus un double risque sur le plan de la soutenabilité de cet
effort financier dans le cadre de la politique d’austérité impulsée par
Bruxelles et sur celui de la dépendance stratégique vis-à-vis d’un pays qui n’hésitera
pas à jouer de cet avantage comme il en a déjà menacé le Japon.
En
conséquence des politiques d’austérité et du nombre croissant d’installations
subventionnées, les pays sont amenés à diminuer ces subventions. C’est le cas
de la France qui a supprimé le crédit d’impôt pour cet investissement en 2014.
C’est désormais le cas de l’Espagne qui réduit de 900 millions d’euros les subventions
devenant brusquement à charge des propriétaires. Ceci plonge aussi dans la
débâcle ses entreprises solaires qui doivent 22 milliards aux banques.
Tout
ceci devrait nous donner beaucoup à réfléchir sur l’intérêt de faire payer, par
subvention ou taxe à l’ensemble des contribuables ou consommateurs d’électricité,
la production d’électricité solaire de certains propriétaires. Encourager cette
énergie, pour l’instant non rentable sans aide financière, c’est se mettre en
dépendance envers la Chine pour les « terres rares » et l’achat de
panneaux, tout cela pour un bilan carbone défavorable. La fabrication de masse en
France de ces panneaux est aussi dangereuse, compte-tenu de la concurrence du
marché chinois lorsqu’en Allemagne et en Chine même des entreprises renoncent.
Faire miroiter la
réduction du chômage grâce à l’énergie solaire
Est une erreur
socialo-économique et stratégique.
Est-ce un luxe que l’on
peut encore s’offrir ?
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon