La situation en Ukraine dérive lentement
mais sûrement vers une guerre civile qui couperait le pays en deux et cela dans
les pires conditions, celle d’une guerre au sein de l’Europe, guerre alimentée
par des pays extérieurs. Le soutien apporté aux nationalistes de l’Ouest de l’Ukraine,
mis en marche et soutenus par l’Occident dans les manifestations de Kiev, a
abouti à la destitution du Président dans des conditions ne respectant en
aucune façon la Constitution de ce pays. Le nouveau responsable mis en place ne
bénéficie pas de la légalité nécessaire, c’est un homme que l’UE veut tenir
dans son camp et attirer ce pays dans une grande alliance transatlantique.
C’est
l’opposition entre les vues occidentales, la proximité économique, culturelle
et linguistique de la partie est russophone du pays avec la Russie et la
hantise de celle-ci de voir l’OTAN arriver à sa porte, qui sont la raison qui
pousse à ce que la situation s’envenime. Sur ce dernier point, la Russie vient
de s’exprimer clairement. On touche là à une ligne rouge au plein sens du
terme. Sans l’aide américaine et israélienne, sans la poussée de l’UE pour
englober l’Ukraine, les manifestations de Kiev n’auraient pas abouti à la
situation actuelle.
L’aide
à la démocratie a bon dos. Comme elle a bon dos en Syrie où l’on soutient les
rebelles contre un Président, régulièrement élu et qui maintenait la paix dans
son pays. Le pays est à feu et à sang, Bachar el Assad est toujours là et
reconquiert son pays pendant que nous essayons de retenir les jeunes français
qui veulent partir là-bas faire le djihad ! La réponse militaire américaine
est désormais de maintenir là-bas une guérilla permanente pour asphyxier
lentement mais sûrement le pays, enlever ce soutien à la Russie et gérer son
pétrole.
L’affaire
ukrainienne n’a pas commencé par des manifestations pro-russes destinées à
déclarer l’indépendance de la partie est du pays. Cette demande ne prend corps
que depuis que Kiev, se dote d’un chef dont la légalité est contestée et lance
ses troupes contre les insurgés de l’est. Le Rubicon est désormais franchi, le
sang a coulé. La Russie reste pour l’instant sur la réserve mais réaffirme sa
position en attendant ce qui va sortir de ce chaos.
La
position occidentale est de faire élire un nouveau Président le 25 mai. Comment
peut-on espérer qu’un tel vote puisse être représentatif tant que l’est et l’ouest
de l’Ukraine ne se sont pas mis d’accord sur ce que doit être l’avenir de ce
pays et tant que toutes les garanties ne seront pas données et acceptées par l’est ?
C’est mettre la charrue avant les bœufs et se diriger tout droit vers une
guerre civile d’autant plus meurtrière que l’Occident et la Russie prendront alors
des positions diamétralement opposées et alimenteront le conflit.
La
Position occidentale défendue, entre autres par Hollande, est irresponsable. La
seule issue valable est de rapprocher l’est et l’ouest du pays en créant une
Assemblée Constituante, dotée aussi de pouvoirs législatifs, qui puisse écrire
dans les textes ce qui sera considéré comme une garantie suffisante sur le
respect d’une sorte de fédéralisme ou la partie russophone puisse se faire
entendre et empêcher qu’elle soit incluse dans l’UE sans son assentiment.
Ce n’est
qu’alors que l’élection prévue le 25 mai peut garantir que les tensions s’apaisent.
Ce n’est malheureusement pas le chemin qui est pris par les Occidentaux et qui
veulent imposer leurs vues et continuer l’œuvre entreprise alors de la mise en
place du Président par intérim dans des conditions bafouant la Constitution. La
visite de Poutine en France, sans qu’une rencontre Obama-Poutine ne soit prévue
est un mauvais signe. Nous sommes de plein pied dans une géopolitique
américaine qui consiste à détacher l’UE de la Russie.
Il
va être intéressant de voir si la position russe évolue significativement après
la rencontre du 20 avec la Chine. Dans la mesure où l’Occident pousse la Russie
dans ses derniers retranchements, la voix de la Chine prend une résonance
particulière. Très attachée à l’intégrité territoriale des pays, comme ce fut
le cas dans toute l’histoire de ce pays, la Chine doit néanmoins maintenir des
liens, souvent difficiles mais nécessaires, avec la Russie. Elle doit aussi
faire face à l’hégémonie américaine. Calmera-t-elle le jeu ?
La situation ukrainienne est encore un
brûlot en Europe.
Deux camps s’affrontent comme en Syrie.
Les armes seront-elles diplomates ?
L’Occident joue avec le feu !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon