La sanction des chiffres sur 2013 est
dure mais les prévisions faites n’ont pas échappé à la mauvaise habitude de vouloir
claironner plus fort que le souffle dont on est capable. Pour bien se présenter
devant la Commission européenne et devant le peuple, on maquille les recettes
après avoir regardé dans la boule de cristal. Le ministre du Budget a pris l’habitude
de recenser les dépenses venant des ministères, d’en faire la somme et d’ajuster
les recettes de façon à avoir le déficit prévu.
Les
deux variables d’ajustement des recettes sont la croissance et l’impôt. On peut
forcer la croissance mais guère au-delà des prévisions de Bruxelles. Il reste
donc l’impôt qui doit se plier aux désirs du Ministre du Budget avec une règle
simple, 1% d’impôts en plus c’est 1% de recettes en plus… Manque de chance, ce n’est
vrai que quand l’impôt est supportable. Pour ce faire il doit être sans effet
notable sur le pouvoir d’achat des consommateurs et donc sur la TVA. Il doit être
sans effet sur le prix des biens manufacturés, grâce à une augmentation
identique de la productivité, et donc sur les impôts de société. Il doit être
sans effet sur l’emploi et les salaires de façon à garantir le montant des
impôts sur les revenus.
Seulement
voilà, nous ne sommes plus dans le supportable. Le chômage sévit, les salaires
stagnent et le consommateur rechigne à prélever sur son épargne ou est déjà en
surendettement. La consommation intérieure baisse et avec elle les recettes de
TVA. De même les recettes de l’impôt sur le revenu sont alors entraînées à la
baisse. Moins de consommation c’est moins de bénéfices pour les entreprises qui
paient moins d’impôts quand elles ne se délocalisent pas ou ne meurent pas.
« Trop
d’impôt, tue l’impôt ». C’est l’extraordinaire révélation que Manuel Valls
fait à un peuple médusé de tant de génie, tardif il est vrai. Finalement 2013,
c’est 0,3% de croissance, 14,6 milliards de moins de recettes que prévu et un
chômage qui augmente toujours. C’est une sanction d’autant plus dure que l’on
prévoit 50 milliards de dépenses supplémentaires d’ici 2017 et que nous avons
obtenu un sursis jusqu’en 2015 pour ramener le déficit à 3% du PIB. Nous n’avons
même pas réussi en 2013 à réduire le déficit comme prévu et nous engageons des
dépenses supplémentaires en augmentant la pression fiscale pour 2014.
Les
mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, les prévisions de 2014 s’annoncent
déjà comme impossibles à réaliser. La croissance ne sera pas au rendez-vous car
le premier trimestre est largement inférieur à la prévision et celle de la
croissance de la zone euro aussi. La BCE réfléchit à une nouvelle relance par
un nouveau « Quantitative Easing » à l’européenne, c’est-à-dire au
rachat d’obligations pourries des banques. Ceci revient à introduire des
liquidités qui ne sont que de la monnaie de singe dont la plus grande part
revient aux marchés, donc à la spéculation, et le reste à l’économie productive.
Si
beaucoup d’électeurs n’ont rien compris pour quoi et pour qui on les faisait
voter dans ces élections européennes, ils ont compris qu’on voulait les
enfumer, que les promesses de jours meilleurs n’étaient que des promesses de
gascon et que l’Europe et son euro ne servaient pas le peuple mais une élite
technocratique et financière. La piètre prestation du mauvais prestidigitateur
en chef a suffi pour lui indiquer que le temps était venu de sanctionner celui
qui stationne en double file sous prétexte de livraison, ne livrait que du
vent. L’électorat lui a infligé une double contredanse et lui a fait comprendre
que s’il persistait à stationner, il était menacé d’enlèvement.
Par
cette sanction les Français ont aussi envoyé un message clair à l’Europe de l’austérité
et du déni de démocratie comme plusieurs autres peuples européens. L’euroscepticisme
a fait un bond spectaculaire dans des grands pays comme l’Italie et l’Espagne.
Les peuples ont montré que l’euroscepticisme ne voulait pas dire « europhobie »
dont les européistes s’empressent de les affubler. La réappropriation de l’Europe
est en marche. L’Europe des technocrates, des politiciens aveuglés ou
complices, des financiers et des lobbies s’inquiète.
La réunion aujourd’hui de
Bildeberg comme celle de la Commission Trilatérale
il y a un peu plus d’un mois, ces puissances de l’ombre dont les réflexions ne
sont jamais publiées mais interfèrent sur les décisions des États, bruissent de
cet affront des peuples qui ébranle le plan de servage en cours. Une chose paraît certaine : d'une part,
le processus de mondialisation et de casse sociale planétaire est en marche
depuis longtemps ; de l'autre, la force de la réaction des populations européennes
a vraisemblablement pris au dépourvu les milieux décideurs installés.
Le mensonge public, comme le déni
ou la dissimulation,
Est le symptôme d'une démocratie
En pleine déliquescence. ..
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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