Les évènements d’Ukraine montrent que
lorsque des blocs s’affrontent tout peut arriver. Il suffit d’une étincelle, d’un
acte ou d’une parole malheureuse. Les faucons existent dans les deux camps et
ils sont prêts à l’affrontement. Nous venons d’envoyer quelques avions en
Pologne pour montrer que notre vassalité est toujours présente pendant que
notre Président parade en Azerbaïdjan conscient qu’il peut s’adosser sur l’OTAN
pour défier la Russie.
Nous
sommes bien loin de pouvoir montrer notre force ailleurs que sur des terrains où
sévissent des bandes plus ou moins organisées comme au Mali ou en Centrafrique.
Le budget de la Défense est le plus diminué. Certains députés parlaient même,
au moment du Livre Blanc, de vendre notre porte-avions nucléaire. Nous manquons
de tout de la base aux équipements sophistiqués malgré les quelques drones
achetés aux USA. Nous manquons pour nos soldats de gilets pare-balles, de
chaussures, de robots, de munitions, de fusils d’assaut, de treillis de qualité.
La maintenance fait des exploits pour fournir un matériel en état pour les
véhicules, les armes dans nos expéditions au Mali et en Centrafrique. Nous
manquons de véhicules blindés, d’hélicoptères sur roues, de matériel
chirurgical. Pour notre force de projection, il nous faudrait un deuxième
porte-avions et un deuxième groupe aéronaval.
Cela
coûte me direz-vous, mais le prix de notre indépendance est bien inférieur au
coût de notre déclin. Par contre nous avons une armée de généraux inutiles… 5500,
qui sont maintenus en activité pendant que l’on supprime s dizaines de milliers
d’emplois d’hommes du rang et de sous-officiers. Les officiers encombrent les
postes administratifs souvent sans aucune efficacité pour des métiers pour
lesquels ils n’ont pas de compétence. Tout cela s’inscrit dans une stratégie de
réduction budgétaire qui voit l’efficacité de notre armée diminuer d’une façon
inquiétante.
Alors
le socialisme, qui ne recrute pas beaucoup de votes dans les rangs de l’armée,
fait briller des opérations sur le territoire africain au nom de l’humanisme et
de la démocratie, comme on valorise un cache-misère. Le peuple français
applaudit notre armée au Mali et le Chef des Armées qui y vit le plus beau jour
de sa carrière politique. Se battre pour les autres au nom de la démocratie, de
la défense des libertés, à quelle plus belle entreprise pour nos armes et la
Patrie de la Liberté peut-on rêver ? Notre force était telle que l’ennemi
a disparu dans la nature sans combattre et nous n’avons eu qu’un mort. L’ennemi
était ces infâmes djihadistes… à ne pas confondre avec les islamistes, qui
partout ailleurs ne rêvent d’aucune conquête de l’islam sur les populations, n’est-ce
pas ? La presse et même l’UMP parlent donc d’un exploit français dans une
lutte du bien contre le mal.
La
vérité, que l’on a soigneusement masquée ou dénaturée, est bien sûr toute
différente, même si les troupes françaises ont permis à l’armée régulière
malienne de reprendre les villes de Gao et de Tombouctou. Le dirigeant du Mali
au secours duquel la France s’est engagée n’était issu que d’un coup d’Etat. De
plus l’ennemi était plus complexe et constitué de deux groupes : les
rebelles Touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad et les
djihadistes d’Ansar Dine. Les Touaregs n’étaient ni plus ni moins que les
pro-russes en Ukraine. Mais la spectaculaire percée de nos troupes n’a pu se
faire que par la tactique adoptée par « l’ennemi », tactique
ancestrale, qui consiste à fuir ou à se cacher le temps que la situation se
retourne en sa faveur. Cette tactique est d’ailleurs celle de l’Islam conquérant,
on ne fait la guerre que lorsque l’on est les plus forts.
Notre
présence au Mali est partie pour des années et notre concentration sur Gao ne
permet pas de contrôler un pays aussi vaste, où la fiabilité de l’armée
régulière malienne n’est pas garantie et incite les militaires français à s’en
méfier. Le triomphe de notre Président à Bamako a été suivi, dix jours après d’une
dégradation sous la forme de prises d’otages français et d’embuscades qui
coûtèrent la vie à un soldat, ce qui a donné lieu à des obsèques quasi nationales
en présence du Premier Ministre. Ceci montre d’ailleurs le décalage entre une
armée qui doit éviter au maximum les pertes humaines (guerre propre ?) et
des djihadistes qui font peu de cas de la vie humaine, voire souhaitent pour
eux-mêmes une mort glorieuse à leurs yeux.
La France autrefois affrontait de grands
pays, de grandes alliances.
Aujourd’hui les USA nous laissent le
champ d’action africain,
Celui où l’on triomphe sans gloire mais
grâce aux médias,
Et à la communication tronquée et
mensongère !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Commandant d’État-major de Réserve
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