Le retournement économique est là dit
notre Président, justifiant son
optimisme de 1% de croissance prévue en 2014. L’INSEE vient de sérieusement
doucher ses espoirs avec la croissance nulle du 1er trimestre 2014. La
question est désormais : le retournement c’est pour qui ? Le Japon voit
en effet un retour de croissance au 1er trimestre mais le Japon c’est
loin me direz-vous. Mais l’Allemagne c’est proche non ? Elle a une
croissance meilleure que prévu au 1T à 0,8%, au lieu de 0,4%, croissance qui
repose exclusivement sur la demande intérieure, avec une hausse des dépenses
publiques et de celles des ménages, ainsi qu’une progression notable des
investissements. Et nous ? C’est exactement l’inverse !
Les
dépenses des ménages diminuent de 0,5%, les investissements diminuent également
de 0,5% et la croissance nulle est moins bonne que prévu ! L’Allemagne accélère
car sa croissance était déjà de 0,4% en dernier trimestre 2013 pendant que nous
on décélère à 0% de croissance. Pendant que l’Allemagne est sur un rythme de
2,5% de croissance annuelle, nous avons prévu 1% pour 2014 et tout laisse à
penser que cet objectif ne sera pas atteint car cela suppose une croissance de
0,4% sur chacun des trois derniers trimestres. L’Allemagne a compensé une petite faiblesse
dans les exportations par une demande intérieure plus vigoureuse tandis que nous
n’avons ni la compétitivité pour augmenter nos exportations ni une progression
du pouvoir d’achat pour augmenter les dépenses des ménages.
La
situation en 2014 s’annonce particulièrement difficile et on voit que le
gouvernement se trouve dans l’obligation de lâcher du lest sur les bas salaires
qui sont les plus nombreux et font d’ailleurs l’essentiel de sa clientèle
électorale. On voit de plus en plus mal comment il va pouvoir réaliser ses 50
milliards d’économies et tenir l’objectif de 3% de déficit public par rapport
au PIB en 2015. Relancer la demande intérieure par une diminution de la
fiscalité sur une seule tranche de consommateurs au nom de la solidarité, n’aura
pas d’effet immédiat sur la demande intérieure car toutes les autres tranches
vont lourdement ressentir l’augmentation des impôts en 2014.
Par
ailleurs on n’a toujours pas d’indications sur le sérieux des mesures d’économies
sur les dépenses publiques à part une nouvelle coupe sombre dans le budget Défense.
Il y a fort à parier que la Commission Européenne va renâcler sur notre
proposition de budget en juin comme elle l’a fait pressentir d’autant plus que
nous allons présenter une croissance en berne par rapport à de nombreux pays
européens dont le Royaume-Uni. Le maintien du versement de liquidités par les
banques centrales dont la BCE permet une
légère relance économique mais la France passe encore à côté ! Ceci étant,
la politique d’austérité à l’allemande marche en Allemagne, mais pas dans les
pays en crise. L’Italie est en croissance négative. Le Portugal vient d’en faire
le constat avec une baisse de croissance de 0,7% au 1T malgré une hausse de sa
note pour bonne application de l’austérité !
Après
avoir cassé la tirelire pour sortir de la crise de 2008-2009 et avoir aggravé
notre dette de 600 Mds€, nous n’avons pas pris les bonnes mesures de relance de
notre économie qui demandait des sacrifices à tous, donc des mesure qui nécessitent la confiance des électeurs pour permettre de les appliquer
autoritairement. Pire le changement de Président et le reniement sans exclusive
des actions du gouvernement précédent, non seulement nous a fait perdre deux
ans précieux dans la compétition internationale mais a continué à augmenter la
dette publique et à désindustrialiser notre pays.
Tout
cela a été masqué dans un enfumage de lois sociétales qui a détourné le pays
des vrais enjeux et de la réalité de la dangerosité de notre situation
économique. Les bonnes recettes seront donc plus difficiles à appliquer et plus
dures alors que notre situation s’est aggravée. Mais le pire est notre perte de
crédibilité de notre Président auprès des citoyens et auprès des agences de notation, perte qui influe gravement l’opinion des
investisseurs. Cela peut entraîner une baisse de notre notation cet été et
rendre le financement de notre dette beaucoup plus coûteux voire suicidaire.
Des mesures d’austérité trop dures, prises à chaud sous la pression de
Bruxelles, peuvent générer une révolution sociale que les partis extrêmes
canaliseront, une nouvelle augmentation des primes de risques et des prêts à
notre pays.
C’est
donc une très mauvaise nouvelle que vient de publier l’INSEE, nouvelle que l’on
pouvait pressentir lorsque l’on voit se déliter notre tissu industriel et la
pénalisation par l’impôt que subissent les particuliers et les entreprises. Elle
s’inscrit dans une déception au niveau de la zone euro avec 0,2% de croissance
au lieu de 0,4% attendu. Même si le
gouvernement Valls prend une meilleure voie, la France, deuxième puissance économique européenne, est malade. Elle doit
être opérée d’urgence et sa convalescence sera longue. Espérons que son
pronostic vital n’est pas engagé ! Le Président croit en sa bonne étoile,
cette fée qui va faire retomber sur nous le fruit des efforts des autres, mais
au niveau de la zone euro le retournement est vers le bas. Le Président est
comme le Corse allongé sous un châtaigner et qui attend que le vent fasse
tomber les châtaignes pendant que nous continuons à donner nos offrandes au dieu Euro qui
protège !
Baser l’espoir d’une vie meilleure sur l’amélioration
de celle des autres
Ne laisse que peu d’espoirs de le voir
se réaliser
Et la certitude de beaucoup de regrets
De garder la monnaie unique !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon